L’alerte de la Commission fédérale pour la prévention des risques sanitaires (COFEPRIS) a à peine eu le temps d’arriver qu’Andrés Manuel López Obrador (AMLO) signait déjà le décret d’interdiction. La vente et la circulation de cigarettes électroniques devient désormais interdite au Mexique. Un enjeu de santé publique pris à bras le corps par l’exécutif mexicain mardi 31 mai. Une date loin d’être anodine puisqu’il s’agit de la journée mondiale sans tabac.
Les autorités mexicaines se sont donc appuyées sur le rapport de la COFEPRIS pour adopter cette décision radicale. L’agence fédérale alertait sur toutes les conséquences négatives liées à la cigarette électronique. Ces cigarettes seraient ainsi une porte d’entrée vers un tabagisme plus poussé, accélérant l’addiction à la nicotine et touchant des individus toujours plus jeunes à cause d’un marketing agressif.
Une image à l’opposé du discours tenu depuis des années par les lobbyistes des producteurs de tabac qui misent à coups de milliards de dollars dans l’essor de ce nouveau marché. Les vapoteuses sont ainsi présentées comme des dispositifs qui permettent aux personnes de réduire leur dépendance aux cigarettes classiques. Le coup d’arrêt infligé par le Mexique a ainsi été salué par l’Organisation mondiale de la santé (OMS).
L’OMS a d’ailleurs profité de la journée pour rappeler les conséquences sanitaires du tabagisme : 8 millions de victimes chaque année et plusieurs dizaines de milliards de dollars dépensés pour prendre en charge les malades. Le Mexique estime de son côté à 72 000 le nombre de victimes dans le pays avec des dépenses qui avoisinent les 5 milliards de dollars par an.
Mais l’impact est également important sur les ressources de la planète selon un rapport publié par l’organisation. Le secteur est à l’origine de la production de 84 millions de tonnes de CO2, la destruction de 200 000 hectares de terres, sans compter l’utilisation massive d’eau dans la production du tabac. La lutte contre le tabagisme serait environnementale en plus d’être sanitaire.
Au Mexique, les autorités ont mis à l’étude de nouvelles mesures, interdisant par exemple la cigarette dans toute une série de lieux publics, allant des plages aux marchés ouverts. Des villes comme Mexico ont déjà adopté des initiatives à l’échelon local. La consommation de tabac est désormais impossible dans 11 espaces publiques grandement fréquenté de la capitale. Ce défi du tabagisme vient par ailleurs s’ajouter à d’autres fléaux de la société mexicaine qu’AMLO cherche à contrer frontalement, notamment la malbouffe et l’obésité. Une politique qui place l’humain avant l’argent.