Cet article fait partie du dossier de la Révolution citoyenne

Le Monde en commun publie des articles et contenus audiovisuels accessibles dans 3 langues : français, anglais, et espagnol. L’objectif est de rendre accessible tous les contenus au plus large public. Pour cela, la langue ne doit pas être un obstacle.

Nous sommes en train de constituer un groupe de volontaires qui se chargeront de traduire l’ensemble des contenus afin de les présenter dans au moins trois langues (français, anglais, espagnol).

Si vous souhaitez rejoindre le groupe, merci de nous adresser un mail à contact@linternationale.fr

Mexique : conférence internationale « sur un monde post-néolibéral »

Plusieurs personnalités d’Amérique latine et d’Europe, dont José Luis Zapatero (ancien premier ministre espagnol), Jean-Luc Mélenchon (Président du groupe parlementaire français, la France insoumise) ainsi que Andres Arauz (candidat à l’élection présidentielle en Équateur), ont échangé leurs analyses sur les avancées face au néolibéralisme à l'occasion d'une conférence internationale organisée dans le cadre de célébrations des 2 ans de pouvoir du Président mexicain Andres Manuel Lopez Obrador.

La conférence s’est tenue de façon virtuelle le mercredi 2 décembre 2020. La traduction de l'article de El Pais est de Christian Rodriguez.

Lors de la rencontre internationale « Les défis d’un monde post-néolibéral », organisée par Morena (mouvement mexicain créé par AMLO), des leaders politiques et personnalités de toute l’Amérique latine ont exprimé leur volonté d’agir de façon solidaire et coordonnée pour sortir de l’ère néolibérale et empêcher les actions de déstabilisations et de coups d’État.

En plus de l’Espagne représentée par José Luis Zapatero et Pablo Iglesias, la France était présente via Jean-Luc Mélenchon, seule personnalité politique issue de la gauche française. Alors même que le continent sud-américain connaît une nouvelle vague politique anti-libérale, avec les victoires importantes de Lopez Obrador au Mexique, de Luis Arce en Bolivie, de Alberto Fernandez en Argentine, mais aussi avec les révoltes populaires, les leaders de la gauche européenne et français semblent totalement coupés de ce renouveau.

Ces derniers mois, voire même dernières années, sous l’impulsion de Jean-Luc Mélenchon, des représentants de la France insoumise sont les seuls à entretenir des liens avec les leaders du continent latino-américain. Mathilde Panot, vice-présidente du groupe la France insoumise à l’assemblée nationale, par exemple, était la seule française présente à l’investiture du nouveau président bolivien Luis Arce en novembre 2020.

Ce qu’a dit Jean-Luc Mélenchon

D’un point de vue historique, les événements qui se déroulent sur le nouveau continent sont une source de renouveau : face à la brutalité du libéralisme, face à la répression parfois meurtrière, les peuples parviennent à rétablir la démocratie. La voie des urnes est la seule retenue par des citoyens qui rejettent la violence dont ils sont les premières victimes. Jean-Luc Mélenchon a mis l’accent, lors de son intervention, sur l’impact de ces démonstrations pacifiques et l’accession au pouvoir de « (notre) camp politique » : pour lui, il s’agit de « révolutions citoyennes » qui prennent appui sur l’expérience et la détermination. Il considère que l’une des forces de la mouvance humaniste (que les hispanisants appellent « progressiste ») réside dans l’absolue nécessité de l’entraide pour surmonter les défis écologiques du 21ème siècle ainsi que les défis liés à la multitude humaine. Il a insisté auprès des autres leaders présents lors de la conférence sur l’importance de placer « l’entraide » (ayuda mutua) au centre d’une vision partagée. L’entraide se traduit alors par des politiques d’intérêt général qui doivent répondre à des objectifs simples : produire sans détruire la planète, consommer et partager, assurer la paix, soutenir les dispositifs de solidarité (services publics notamment).

L’ancien président du gouvernement espagnol, José Luis Rodríguez Zapatero, a déclaré pour sa part, que, il y a deux ans, le Mexique avait changé de cap. « Le Mexique a décidé de rectifier l’histoire dans un projet de changement profond qui se consolide au profit des plus humbles, des plus oubliés, de ceux qui ont dû partir pendant des décennies ». Pour lui, l’un des grands défis de la gauche en Amérique latine est de construire un grand espace de coordination qui rassemble les mouvements progressistes et travaille à un programme commun.

Nous vous proposons ci-dessous la traduction d’un article paru dans le journal El Pais et qui rend compte des échanges du point de vue espagnol.

Les dirigeants progressistes d’Amérique latine et d’Europe saluent la voie ouverte au Mexique par Andres Manuel López Obrador à l’occasion du deuxième anniversaire de son gouvernement et appellent à la fin du néolibéralisme.

La recherche de références accompagne les réflexions de la gauche des deux côtés de l’Atlantique depuis des décennies. Lorsque ces référents parviennent au gouvernement, leur portée symbolique se multiplie, car ils deviennent un miroir possible.

Aujourd’hui, le président mexicain Andrés Manuel López Obrador et le groupe qui l’a porté au pouvoir, Morena, sont un centre d’intérêt pour les mouvements progressistes d’Amérique latine et d’Europe : ceux qui gouvernent, ceux qui ont gouverné, ceux qui ne l’ont jamais fait et ceux qui cherchent à revenir. Au deuxième anniversaire du début de la « Quatrième transformation », une vingtaine de dirigeants ont entouré le parti mardi, appelant à l’unité des forces progressistes sur la scène internationale et demandant la fin du néolibéralisme.

De l’ancien président du gouvernement espagnol José Luis Rodríguez Zapatero à l’actuel deuxième vice-président, Pablo Iglesias, l’ancien dirigeant de l’Uruguay José Mujica ou l’Équatorien Rafael Correa ; en passant par le leader de l’opposition colombienne Gustavo Petro, le Français Jean-Luc Mélenchon, le co-fondateur de Podemos Juan Carlos Monedero, l’écrivain mexicain Paco Ignacio Taibo II, directeur du Fondo de Cultura Económica ; ainsi que Mario Delgado, président de Morena, ou le philosophe Enrique Dussel, secrétaire national de la formation politique de l’organisation. Tous ont indiqué, dans un hommage virtuel promu par le dessinateur Rafael Barajas, El Fisgón, un chemin qui vise à atteindre le « post-néolibéralisme ». Un lieu de frontières floues qu’ils ont tenté de démêler pendant près de quatre heures et qui, en fin de compte, cherche à consolider des projets progressistes et à rompre avec le passé.

Iglesias, responsable des droits sociaux dans un gouvernement présidé par le socialiste Pedro Sánchez, qui a eu des frictions avec López Obrador après avoir demandé des excuses pour les crimes de la conquête, est intervenu depuis Madrid avec un message enregistré dans lequel il comparait la victoire de Morena en 2018 à la présence de Podemos dans l’exécutif. Selon lui, « elle exprime une augmentation de la poussée populaire vers la justice sociale, elle ouvre d’énormes possibilités pour les peuples d’Amérique latine et aussi pour les peuples d’Espagne ». « Nous avons de nombreux défis à relever tous ensemble », a-t-il poursuivi.

M. Zapatero s’est penché sur ce qu’il considère comme une priorité, c’est-à-dire la recherche de plates-formes communes, en particulier en Amérique latine. L’ancien président socialiste a déclaré :

 « la gauche doit réaffirmer et récupérer sa vision internationaliste, ce sont les meilleurs moments de son histoire, sa vision de pouvoir donner une réponse globale et coordonnée »

Les crises, a-t-il dit en faisant référence aux conséquences du Covid-19, « sont des crises mondiales, maintenant pour toujours ». Et il a appelé à la confiance, malgré tout, dans l’avenir. « Le pessimisme n’a jamais créé d’emploi. Nous avons besoin de cette force de conviction pour que les citoyens nous fassent confiance. Cette année sera marquée par une grave crise mondiale. Mais il y a un siècle, en 1920, nous avions déjà eu la Première Guerre mondiale et nous avions aussi une pandémie qui était dévastatrice », a déclaré l’ancien président avant de poser la nécessité de réfléchir à une « grande reconstruction ».

Dans la première décennie du siècle, l’Amérique était dominée par un axe de gauche qui n’a cessé de croître. Après la révolution dite bolivarienne initiée par Hugo Chávez au Venezuela, Luiz Inácio Lula da Silva est arrivé au pouvoir au Brésil, Rafael Correa en Équateur, Evo Morales en Bolivie et Néstor Kirchner, plus tard Cristina Fernández, en Argentine. José Mujica a été élu président de l’Uruguay en 2010.

Dans le même dossier

Le 8 octobre 2024, Mohammed Yunus, récipiendaire du prix Nobel de la Paix (conjointement avec la Grameen Bank) et actuel Premier ministre par intérim, a promis la tenue prochaine d’élections, mais sans en annoncer le calendrier. Deux mois après l’exil forcé, et la démission de facto de la première ministre Sheikh Hasina, l’absence de date pour le scrutin n’est pas un signal rassurant quant à la restauration pleine et entière de la démocratie et de l’état de droit au Bangladesh.
Le président élu du Guatemala Bernardo Arévalo a enfin été investi le 14 janvier 2024, après une période d’extrême tension au cours de laquelle les élites du pays ont multiplié les manoeuvres politiques et judiciaires pour empêcher la passation de pouvoir. Le Guatemala a retenu son souffle jusqu’au dernier moment : le 14 janvier, les députés sortants ont retardé de plus de sept heures la prise de fonction des nouveaux parlementaires censés investir le premier président progressiste du pays depuis 70 ans. Ne voulant pas renoncer à sa mainmise sur le pouvoir, cette élite politique et économique corrompue n’aura rien épargné à Bernardo Arévalo, élu car il a promis de combattre la corruption et soutenu par le peuple guatémaltèque fortement mobilisé dans la rue et conscient de la stratégie de lawfare utilisée pour obstruer sa prise de pouvoir. Le 14 janvier, la députée de la France insoumise Ersilia Soudais a pris la parole à Paris, place de la République, afin d’alerter sur la situation et d’apporter le soutien des Français aux Guatémaltèques « qui méritent une réelle lutte contre les inégalités sociales, contre la corruption et la menace de l’extrême-droite. Nous partageons ici son discours.
Il y a de cela 13 ans, les yeux du monde s’ouvraient sur une scène qui allait devenir historique. Le monde arabe s’apprêtait à voir naître sa première démocratie, grâce à la mobilisation populaire historique des Tunisiennes et Tunisiens. Sous le slogan « Dégage », des centaines de milliers de Tunisiens ont pris la rue du sud au nord pour appeler au départ du régime dictatorial et tortionnaire de Ben Ali, qui régna sans partage sur le pays pendant 23 ans.

Partagez !

Marina Mesure

Syndicalisme international

Marina Mesure is a specialist of social issues. She has worked for several years with organizations defending workers’ rights such as the European Federation of Building and Wood Workers.

She has campaigned against child labor with the International Labor Organization, against social dumping and the criminalization of unionism. As a famous figure in the international trade union world, she considers that the principle of “equal work, equal pay « remain revolutionary: between women and men, between posted and domestic workers, between foreigners and nationals ».

Marina Mesure, especialista en asuntos sociales, ha trabajado durante varios años con organizaciones de derechos de los trabajadores como la Federación Europea de Trabajadores de la Construcción y la Madera.

Llevo varias campañas contra el trabajo infantil con la Organización Internacional del Trabajo, contra el dumping social, y la criminalización del sindicalismo. Es una figura reconocida en el mundo sindical internacional. Considera que el principio de « igual trabajo, igual salario » sigue siendo revolucionario: entre mujeres y hombres, entre trabajadores desplazados y domésticos, entre extranjeros y nacionales « .

Spécialiste des questions sociales, Marina Mesure travaille depuis plusieurs années auprès d’organisations de défense des droits des travailleurs comme la Fédération Européenne des travailleurs du Bâtiment et du Bois.

Elle a mené des campagnes contre le travail des enfants avec l’Organisation internationale du travail, contre le dumping social, la criminalisation du syndicalisme. Figure reconnue dans le monde syndical international, elle considère que le principe de « travail égal, salaire égal » est toujours aussi révolutionnaire : entre les femmes et les hommes, entre les travailleurs détachés et domestiques, entre étrangers et nationaux ».

Sophia Chikirou

Directrice de la publication

Sophia Chikirou is the publisher of Le Monde en commun. Columnist, director of a documentary on the lawfare, she also founded several media such as Le Média TV and the web radio Les Jours Heureux.

Communications advisor and political activist, she has worked and campaigned in several countries. From Ecuador to Spain, via the United States, Mexico, Colombia, but also Mauritania, she has intervened with progressive and humanist movements during presidential or legislative campaigns.

In 2007, she published Ma France laïque (La Martinière Editions).

Sophia Chikirou es directora de la publicación de Le Monde en commun. Columnista, directora de un documental sobre el lawfare, también fundó varios medios de comunicación tal como Le Média TV y la radio web Les Jours Heureux.

Asesora de comunicacion y activista política, ha trabajado y realizado campañas en varios países. Desde Ecuador hasta España, pasando por Estados Unidos, México, Colombia, pero también Mauritania, intervino con movimientos progresistas y humanistas durante campañas presidenciales o legislativas.

En 2007, publicó Ma France laïque por Edicion La Martinière.

Sophia Chikirou est directrice de la publication du Monde en commun. Editorialiste, réalisatrice d’un documentaire sur le lawfare, elle a aussi fondé plusieurs médias comme Le Média TV et la web radio Les Jours Heureux.

Conseillère en communication et militante politique, elle a exercé et milité dans plusieurs pays. De l’Equateur à l’Espagne, en passant par les Etats-Unis, le Mexique, la Colombie, mais aussi la Mauritanie, elle est intervenue auprès de mouvements progressistes et humanistes lors de campagnes présidentielles ou législatives.

En 2007, elle publiait Ma France laïque aux éditions La Martinière.

Nous utilisons des cookies pour vous garantir la meilleure expérience sur notre site. Si vous continuez à utiliser ce dernier, nous considérerons que vous acceptez l'utilisation des cookies.