« Non à l’oubli ! Non à l’amnésie ! Non à l’impunité ! » Dans tout le pays les gens ont brandi des banderoles et scandé des slogans pour exprimer leur attachement à l’amazighité, revendiquer la démocratisation de l’Algérie et rappeler la mémoire des victimes du printemps noir de 2001, survenu 21 ans après le printemps berbère de 1980.
La commémoration de ces évènements historiques est une tradition en Kabylie. Le printemps berbère renvoie à l’ensemble des manifestations du mois d’avril 1980 réclamant la reconnaissance de l’identité de la langue berbère en Algérie. C’est le premier soulèvement populaire d’opposition depuis l’indépendance en 1962, survenu suite à l’annulation d’une conférence de l’écrivain Mouloud Mammeri sur les poèmes kabyles anciens. Des étudiants, outrés, avaient alors lancé des protestations et un appel à la grève générale, largement suivi. Cet évènement a ouvert la voie à une remise en cause du régime algérien et à l’émergence d’une génération d’intellectuels engagés dans le combat démocratique.
Vingt et un an plus tard, à la veille de la commémoration du printemps berbère, un jeune lycéen est assassiné par un gendarme dans la commune de Beni Douala, à Tizi Ouzou en Kabylie. Ce drame a déclenché la révolte kabyle, et plus particulièrement des jeunes, qui se sont rebellés contre les débordements d’autoritarisme et des abus de la police. La répression a été sanglante : des tirs à balles réelles sur les manifestants ont fait 128 morts et plus de 3000 blessés.