Le 29 mars 2021, le jeune latino-américain Adam Toledo a été assassiné par la police. Un tir à la poitrine. La vidéo du meurtre a été diffusée environ deux semaines après, le jeudi 15 avril. On y voit les policiers poursuivre l’adolescent, lui intimer l’ordre de s’arrêter et de lever les mains en l’air. Ce qu’il a fait. C’est à ce moment qu’un policier lui a tiré dessus et qu’Adam s’est effondré à terre, mort.
Le journaliste indépendant Mateo Zapata a indiqué à Democracy Now! que la police de Chicago a tout fait pour dissimuler l’affaire. Le Civilian Office of Police Accountability (le bureau chargé des enquêtes sur les fautes policières à Chicago), a essayé de retarder la diffusion de la vidéo. Quinze jours sont donc passés entre le meurtre et la diffusion de cette vidéo. Quinze jours pendant lesquels la police et la ville ont pu inventer un récit selon lequel Adam Toledo « n’était pas un enfant de chœur »… La classique technique de la criminalisation de la victime.
Le 11 avril dernier dans la banlieue de Minneapolis, c’est Daunte Wright, afro-américain de 20 ans, qui a été tué par la policière Kim Potter. Dans un communiqué sorti le jour même, le département de police de Brooklyn Center a cherché à protéger la policière en prétextant qu’elle aurait confondu son arme à feu avec un taser. Après plus de 26 ans de service.
Et trois jours après Adam Toledo, la police a abattu à Chicago encore, Anthony Alvarez, 22 ans.
Une série de crimes qui a déclenché des manifestations au cours desquelles les participants ont rappelé les centaines de victimes de la police et ont dénoncé le harcèlement constant contre les communautés noires et latinos, à Chicago et partout dans le pays.
Ces journées de protestations interviennent au moment du procès de Derek Chauvin qui a tué George Floyd en 2020. L’ex-policier a été reconnu coupable mardi 20 avril 2021, de toutes les charges le visant : meurtre au 2e degré, meurtre au 3e degré et homicide involontaire. Il risque entre 10 et 15 ans de réclusion. Le verdict a été accueilli par la famille de Gorge Floyd comme un « soulagement dans la peine ». Les leaders du mouvement Black Lives Matter tempèrent : « Même si la condamnation de Derek Chauvin est un premier pas, elle ne résout pas le problème des violences policières. »
En effet, une condamnation ne va pas transformer le système et l’institution policière. Mais la vague qu’a déclenché la mort de George Floyd a été la plus importante de l’histoire des mouvements sociaux américains, en termes de nombre de manifestants et de la durée du mouvement. La médiatisation de cette affaire met en lumière pour tous les citoyens, le problème des violences policières. Plus personne ne peut l’ignorer. Et la condamnation d’un des leurs met un terme au sentiment d’impunité totale dont jouissaient les policiers.