Cet article fait partie du dossier Ecologie populaire

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Licence libre sur les vaccins : discours de Jean-Luc Mélenchon à La Paz (Bolivie)

En Bolivie, à La Paz, Jean-Luc Mélenchon s’est exprimé devant les représentants du Parlement andin et devant l’assemblée des « Ponchos Rojos » (Ponchos rouges, mouvement révolutionnaires historique). Les Ponchos Rojos ont souhaité le reconnaître comme l’un de leurs représentants et l’ont ainsi intronisé lors de leur assemblée. Le Président du Parlement andin, Adolfo Mendoza a réaffirmé la volonté des pays membres de se mobiliser pour la levée des brevets sur les vaccins contre la Covid-19. Une lutte mondiale. Jean-Luc Mélenchon s’est exprimé en ce sens. Nous publions ici son discours écrit (en français et en espagnol) ainsi que la vidéo sous-titrée.
Discours de Jean-Luc Mélenchon devant les représentants du Parlement andin à La Paz en Bolivie, le 23 avril 2021.

Ci-dessous, voici la version écrite du discours de Jean-Luc Mélenchon, en français et en espagnol.


Monsieur le Président Adolfo Mendoza,
Mesdames, messieurs les parlementaires,

Notre appel commun 

Le 20 février dernier, avec monsieur le Président Adolfo Mendoza, nous avons été signataires d’un appel international pour lever les brevets sur les vaccins contre la covid. Nous étions mobilisés avec une soixantaine de responsables internationaux comme les ex-présidents  Lula da Silva, et Rafael Correa entre autres, aux côtés de syndicalistes indiens, népalais ou européen .

Une revendication pour l’intérêt général humain

En lançant cet appel, en le renouvelant ici depuis votre parlement, nous participons à une mobilisation mondiale en faveur de l’intérêt général humain. Cette notion n’a rien d’abstrait. L’actualité le prouve. Il n’y a pas un peuple, un pays particulier qui puisse espérer sortir seul de la pandémie, sans prendre en compte la situation du reste du monde. 

Nous sommes en train de le constater une fois de plus en ce moment avec les mutations du virus! Tous les virus mutent. Nous savons cela depuis longtemps. Ainsi, plus le Covid 19 pourra circuler, plus il produira de mutations. Et plus il sera capable de résister aux premiers vaccins. Dès lors les premiers vaccinés seront pris à revers par ces nouvelles formes du virus.

La vaccination générale reste donc la seule issue collective possible.

La proposition de l’Inde et de l’Afrique du Sud

Voilà pourquoi il faut vacciner le plus vite possible et tout le monde. Les riches comme les pauvres. Les peuples du nord comme les peuples du sud. 

Mais pour cela, le capitalisme, la propriété privée, la priorité aux profits financiers sont des obstacles. Les brevets en sont la forme juridique de cet obstacle. 

Nous sommes donc de plus en plus nombreux à demander une décision mondiale sur les brevets et le droit pour tous à des licences libres. Ce n’est pas utopique. Dans mon pays jusqu’en 1959, il était interdit de déposer des brevets sur des vaccins. En octobre dernier l’Inde et l’Afrique du Sud ont déposé la demande de liberté d’accès auprès de l’organisation mondiale du commerce. Ils sont soutenus par une cinquantaine d’Etats à travers le monde et par plusieurs gouvernements ici, en Amérique latine. Le président de la Bolivie l’a fait hier avec des mots particulièrement convainquants.

Brevets et prix trop chers 

Mais les Etats-Unis s’y opposent. L’Union européenne suit cette position égoïste. Leur attitude est uniquement destinée à protéger les profits des grands laboratoires privés américains. La firme Pfizer gagne une marge de 30% avec son vaccin. Ses dirigeants prévoient 15 milliards de dollars de profits rien qu’avec ce vaccin en 2021. La conséquence est terrible. 

La majorité des pays ne peuvent pas payer ces prix comme le font les Etats-Unis, ou l’Europe. De ce fait de nombreux pays, en Afrique et en Asie centrale, n’ont toujours pas commencé la moindre campagne de vaccination. Et les 50 pays les plus pauvres de la planète n’ont reçu que 0,1% des doses. Enfin le président bolivien Luis Arce a montré que les pays déjà écrasés par leur dette n’ont pas les moyens de financer ces achats de vaccins. Et nul ne propose de les y aider. On voit alors que le niveau de la dette publique de ces pays est un obstacle à la sortie de la crise sanitaire pour tout le reste du monde.    

Brevets et sous-production

L’une des conséquences des brevets est la rareté des vaccins disponibles. Et la rareté des vaccins disponibles résulte aussi du manque de production. Les brevets empêchent de produire toutes les usines qui pourraient pourtant le faire. Des millions de doses ne sont donc pas produites. Ainsi la cupidité du Big Pharma va aggraver le bilan de cette épidémie.

Big Pharma s’approprie le travail de l’Humanité

Les multinationales revendiquent la propriété privée d’une connaissance scientifique. Elle n’ont aucune justification pour le faire. Le vaccin est avant tout le produit de la recherche médicale mondiale. En janvier 2020, des scientifiques chinois ont réalisé le séquençage ADN du virus. Immédiatement, ils ont mis leurs résultats en accès libre et gratuit. Depuis, des centaines d’équipes des universités et des laboratoires du monde entier ont fait la même chose. L’exploit d’avoir développé aussi rapidement des vaccins est le fait de la coopération scientifique à l’échelle mondiale, pas de la concurrence, du marché ou du capitalisme. Certains Etats ont par ailleurs financé directement les essais cliniques des laboratoires privés. Ainsi dans les faits, Big Pharma s’approprie le travail de tous les peuples. Ces entreprises imposent un tribut odieux aux peuples et aux gouvernements du monde : soit vous payez pour nos actionnaires, soit vous laissez mourir les gens chez vous.

Nous sommes le peuple humain

Nous devons sans pause accentuer la pression pour obtenir la levée des brevets.

Mais nous ne devons pas oublier de traiter les causes de cette pandémie. Elle est la conséquence du modèle agricole productiviste. Au point de départ on trouve des destructions de la nature qui poussent les animaux sauvages vers les zones urbanisées et les élevages industriels de l’agro-business. Ainsi les virus passent des uns aux autres et ensuite aux êtres humains. Après cela ces zoonoses transitent par la globalisation du commerce mondial. On voit une fois de plus combien l’écosystème forme un tout dans lequel les paramètres environnementaux, sociaux et sanitaires se superposent en permanence. 

La bataille pour l’abolition des licences sur les vaccins est une des premières mobilisations politiques mondiales regroupant des gouvernements et des organisations citoyennes. Elle oppose clairement l’intérêt général humain aux intérêts particuliers qui prétendent décider du sort de l’humanité en totale irresponsabilité. Elle permet la formation d’une conscience commune, sans frontière ethnique ou religieuse. Dans ce sens notre mobilisation contribue à construire ce que l’on peut appeler le « peuple humain ». Ce peuple est alors le résultat de la prise de conscience d’être uni par une communauté de destin sanitaire et environnemental. Dans ce cas notre patrie est la Terre. Et c’est notre devoir d’organiser par des lois internationales la primauté des droits de ce peuple, de son intérêt général sur toute autre intérêt particulier. La capacité de déclarer un état d’urgence sanitaire mondial doit être confié a un organisme des Nations unies. L’OMS par exemple. Mais il s’agit bien de permettre une prise de décision politique. Pas simplement d’un pouvoir d’alerte. Au demeurant il existe déjà. Il s’agit bien de rendre possible des mesures telle que la levée des licences et d’autres choses encore qui procèdent de cette même logique de loi mondiale d’intérêt général humain. 

Une fois de plus de la situation en cours peut venir encore le pire. Mais le meilleur aussi est possible, si la volonté politique existe. Face au désastre, face à la pandémie, chacun pour soi, ou tous ensemble ? Ce sont deux orientations politiques qui peuvent se comprendre dans le monde entier et par tous les peuples. Et cela commence par des décisions comme celle que vous avez prises au nom des peuples andins en faveur des licences libres.

Pour cela aussi, merci à vous, merci au peuple andin, merci à votre mobilisation.


Vous trouverez ci-dessous la traduction en espagnol de ce discours.


Señor Presidente Adolfo Mendoza,

Señoras y señores del Parlamento,

Nuestro llamamiento común 

El 20 de febrero, junto al presidente Adolfo Mendoza, hicimos un llamamiento internacional en favor de una licencia libre de las vacunas contra el Covid. Nos movilizamos con unos sesenta líderes internacionales entre ellos los expresidentes Lula da Silva, y Rafael Correa entre otros, además de sindicalistas indios, nepaleses o europeos.

Una exigencia de interés humano general

Al lanzar este llamamiento, al reiterarlo aquí en su parlamento, queremos afirmar que somos actores de una movilización mundial al servicio del interés general de la humanidad. 

No hay nada abstracto en esta idea.

Los acontecimientos actuales lo demuestran. 

No hay ningún pueblo, ningún país en particular que pueda esperar superar la pandemia en solitario, sin tener en cuenta la situación del resto del mundo.

¡Lo estamos viendo una vez más en este momento con las mutaciones del virus! Todos los virus mutan. Esto lo sabemos ya desde hace bastante tiempo. Así que cuanto más pueda circular el Covid 19, más mutaciones producirá. Y más resistirá a las primeras vacunas. Siento decirlo, pero esta es la realidad: las primeras personas vacunadas serán nuevamente afectadas por las versiones mutantes del virus.

La única solución colectiva posible sigue siendo la vacunación general.

La propuesta de India y Sudáfrica

Es por lo que debemos vacunar lo antes posible y a todo el mundo. A los ricos y a los pobres. Tanto los pueblos del Norte como los del Sur. 

Ahora bien, el capitalismo, la propiedad privada y la prioridad de los beneficios financieros constituyen un obstáculo para conseguirlo. Las licencias son la forma legal en la que se sitúa este obstáculo.

Así que cada vez somos más los que pedimos una decisión global sobre las patentes y el derecho de todos a las licencias libres. Esto no es una utopía. En mi país, hasta 1959, estaba prohibido patentar las vacunas.

En octubre del año pasado, India y Sudáfrica presentaron una iniciativa ante la Organización Mundial del Comercio para exigir su libre acceso. Tienen el apoyo de más de 50 estados de todo el planeta y varios gobiernos de América Latina. El Presidente de Bolivia lo expresó ayer con palabras especialmente persuasivas.

Pero los Estados Unidos se niegan a hacerlo. La Unión Europea sigue esta visión tan egoísta. Su posición tiene como único objetivo proteger los negocios de los grandes laboratorios privados estadounidenses. La firma Pfizer alcanza un margen del 30% gracias a su vacuna. Este año, sus dirigentes prevén unos beneficios de 15.000 millones de dólares, sólo con esta vacuna.

La repercusión de esta avaricia es terrible. 

La mayoría de los países no pueden pagar tales precios, a diferencia de los Estados Unidos o de Europa. 

Debido a esto es que muchos países de África y Asia Central aún no han iniciado ninguna campaña de vacunación. Y los 50 países más pobres del mundo han recibido sólo el cero « coma » uno por ciento (0,1%) de las dosis.

Además, el presidente boliviano, Luis Arce, demostró que los países que tienen una deuda muy grande no están en condiciones de financiar la compra de vacunas. Y nadie se ofrece a ayudarles. Así que podemos ver que el nivel de las deudas públicas de los países es un impedimento para que el resto del mundo salga de la crisis sanitaria.    

Licencias y falta de producción

Una de las consecuencias de las licencias es la escasez de vacunas disponibles. Y la escasez de vacunas disponibles conduce además a la carencia de producción. Las licencias impiden que todas las fábricas que podrían producir vacunas lo hagan. Por lo tanto, millones de dosis no se producen. De este modo, la voracidad de las «Big Pharma» agravará aún más el daño debido a esta epidemia.

Las grandes farmacéuticas se apropian del trabajo de la humanidad

Las multinacionales reclaman la propiedad privada del conocimiento científico. No tienen ninguna justificación para hacerlo. La vacuna es, ante todo, el producto de la investigación médica mundial. En enero de 2020, científicos chinos secuenciaron el ADN del virus. Enseguida publicaron sus resultados.

Desde entonces, cientos de equipos de universitarios y laboratorios de todo el mundo han hecho lo mismo. El rápido desarrollo de las vacunas es el resultado de la cooperación científica mundial, no de la competencia, el mercado o el capitalismo.

Algunos gobiernos también han financiado directamente ensayos clínicos de laboratorios privados. De hecho, las Big Pharma se están apoderando del trabajo de todas las personas. Sus empresas imponen un odioso tributo a los pueblos y gobiernos del mundo: o pagas a nuestros accionistas o dejas que la gente muera en casa.

Somos el pueblo humano

No debemos dejar de presionar para la supresión de las licencias.

Pero, no podemos olvidar que debemos enfrentarnos a las causas de esta pandemia.

Se trata de una consecuencia del modelo agrícola productivista. El inicio es la destrucción de la naturaleza, que expulsa a los animales salvajes hacia las zonas urbanas y las explotaciones industriales agroalimentarias. 

Así, los virus se transmiten de unos animales a otros, y de ahí a los seres humanos. Entonces, estas zoonosis transitan debido a la globalización del comercio mundial. Una y otra vez, vemos que el ecosistema forma un todo en el que los parámetros ambientales, sociales y sanitarios se imbrican sin cesar.

La batalla por la supresión de las licencias de vacunas es una de las primeras movilizaciones políticas mundiales en las que participan gobiernos y organizaciones ciudadanas.

Opone claramente el interés general humano a los intereses particulares que pretenden dirimir el destino de la humanidad con toda irresponsabilidad. Permite la formación de una conciencia común, sin barreras étnicas o religiosas. En este sentido, nuestra movilización contribuye a consolidar lo que podemos llamar el « pueblo humano ».

Este pueblo es pues el fruto de la conciencia de ser una comunidad unida por el destino de la salud y el medio ambiente. 

En este caso, nuestra patria es la Tierra. 

Y es para nosotros un deber organizar, mediante leyes internacionales, la primacía de los derechos de este pueblo, de su interés general sobre cualquier otro interés particular. La facultad de decretar una emergencia sanitaria mundial debería corresponder a un organismo de las Naciones Unidas. La OMS, por ejemplo.

Se trata, sin embargo, de posibilitar la toma de una decisión política. No es sólo un poder de alerta. De hecho, eso ya existe. Se trata de medidas de habilitación, como la exención de licencias y otras cosas que responden a la misma lógica que un acto de interés general.

Otra vez, lo peor puede surgir de la situación actual. Aunque también lo mejor está al alcance de la mano si existe la voluntad política. 

Y todo comienza con decisiones como la que ustedes han tomado en nombre de los pueblos andinos a favor de las licencias libres.

Por esto también gracias a ustedes.

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Marina Mesure

Syndicalisme international

Marina Mesure is a specialist of social issues. She has worked for several years with organizations defending workers’ rights such as the European Federation of Building and Wood Workers.

She has campaigned against child labor with the International Labor Organization, against social dumping and the criminalization of unionism. As a famous figure in the international trade union world, she considers that the principle of “equal work, equal pay « remain revolutionary: between women and men, between posted and domestic workers, between foreigners and nationals ».

Marina Mesure, especialista en asuntos sociales, ha trabajado durante varios años con organizaciones de derechos de los trabajadores como la Federación Europea de Trabajadores de la Construcción y la Madera.

Llevo varias campañas contra el trabajo infantil con la Organización Internacional del Trabajo, contra el dumping social, y la criminalización del sindicalismo. Es una figura reconocida en el mundo sindical internacional. Considera que el principio de « igual trabajo, igual salario » sigue siendo revolucionario: entre mujeres y hombres, entre trabajadores desplazados y domésticos, entre extranjeros y nacionales « .

Spécialiste des questions sociales, Marina Mesure travaille depuis plusieurs années auprès d’organisations de défense des droits des travailleurs comme la Fédération Européenne des travailleurs du Bâtiment et du Bois.

Elle a mené des campagnes contre le travail des enfants avec l’Organisation internationale du travail, contre le dumping social, la criminalisation du syndicalisme. Figure reconnue dans le monde syndical international, elle considère que le principe de « travail égal, salaire égal » est toujours aussi révolutionnaire : entre les femmes et les hommes, entre les travailleurs détachés et domestiques, entre étrangers et nationaux ».

Sophia Chikirou

Directrice de la publication

Sophia Chikirou is the publisher of Le Monde en commun. Columnist, director of a documentary on the lawfare, she also founded several media such as Le Média TV and the web radio Les Jours Heureux.

Communications advisor and political activist, she has worked and campaigned in several countries. From Ecuador to Spain, via the United States, Mexico, Colombia, but also Mauritania, she has intervened with progressive and humanist movements during presidential or legislative campaigns.

In 2007, she published Ma France laïque (La Martinière Editions).

Sophia Chikirou es directora de la publicación de Le Monde en commun. Columnista, directora de un documental sobre el lawfare, también fundó varios medios de comunicación tal como Le Média TV y la radio web Les Jours Heureux.

Asesora de comunicacion y activista política, ha trabajado y realizado campañas en varios países. Desde Ecuador hasta España, pasando por Estados Unidos, México, Colombia, pero también Mauritania, intervino con movimientos progresistas y humanistas durante campañas presidenciales o legislativas.

En 2007, publicó Ma France laïque por Edicion La Martinière.

Sophia Chikirou est directrice de la publication du Monde en commun. Editorialiste, réalisatrice d’un documentaire sur le lawfare, elle a aussi fondé plusieurs médias comme Le Média TV et la web radio Les Jours Heureux.

Conseillère en communication et militante politique, elle a exercé et milité dans plusieurs pays. De l’Equateur à l’Espagne, en passant par les Etats-Unis, le Mexique, la Colombie, mais aussi la Mauritanie, elle est intervenue auprès de mouvements progressistes et humanistes lors de campagnes présidentielles ou législatives.

En 2007, elle publiait Ma France laïque aux éditions La Martinière.

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