Cet article fait partie du dossier La Paix

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Texte de référence à venir…

Les non-dits de la victoire des talibans

Les discours dominants sur la victoire des Talibans auront interdit une analyse à grande échelle de ses tenants et aboutissants. Le schème est connu : il ne sera pas dit que les droits humains sont bafoués sans que nous nous indignions ! Les images bouleversantes de femmes, d’hommes, d’enfants tentant de fuir un nouveau régime dont ils savent trop de quoi il est capable font le reste.

Mais la « souffrance à distance » ne dit pas comment on en est arrivé là après 20 ans de présence militaire occidentale et des dizaines de milliers de victimes. Que dire aux proches des 90 soldats français morts en Afghanistan entre 2001 et 2014 ? Le chercheur Gilles Dorronsoro aura lui résumé l’essentiel dès le 17 août : « A chaque fois qu’on perd une guerre, on parle des droits de l’homme, et là en particulier des droits des femmes, et je crois que c’est aussi une façon de pas parler de ce que nous on a fait. (…) Si personne ne s’est battu pour le régime (…) c’est que pendant vingt ans les pays occidentaux ont fait absolument n’importe quoi en Afghanistan, ils ont même raté leur évacuation ».

Aucun but de guerre n’aura été atteint. Ni les officiels : éradiquer Al Qaïda dans la région et implanter « la démocratie ». Ni les officieux, prendre le contrôle du centre de l’Eurasie, aux confins de la Russie et de la Chine, selon les préceptes énoncés dans Le grand échiquier, et construire au passage un oléoduc reliant les champs d’Asie centrale au Pakistan et à l’Inde. 

Mais les milliers de milliards de dollars déversés n’auront pas été perdus pour tous. Complexe militaro-industriel étasunien ; entrepreneurs de la « reconstruction » ; seigneurs de la guerre islamistes et corrompus mis à la tête du pays par les États-Unis et gérant leur portion de territoire ou leur part de trafic de drogue ; ONG porteuses de « projets » fabriquant tout sauf un État et des services publics etc. : la guerre d’Afghanistan aura fait vivre beaucoup de monde et enrichi certains. 

Le peuple afghan n’a lui pas adhéré à une « démocratie » dans laquelle la « justice » était mise aux enchères, la traque des ennemis réels ou supposés sous-traitée à des milices arbitraires dont les exactions auront eu pour effet de gonfler les rangs talibans, et dont il ne voyait de la puissance tutélaire que les bombardements. Il n’a pas été séduit par un capitalisme mafieux ayant fait passer le PIB de 5 à 20 milliards de dollars en 15 ans… et le taux de pauvreté de 37% en 2007 à 54,5% en 2020.

Voilà pourquoi les Talibans, impopulaires en 2001, auront repris Kaboul en 2021 sans un coup de fusil. Comme en 1996, quand ils avaient mis fin à la guerre civile entre les autres groupes islamistes soutenus par les occidentaux ayant renversé le régime communiste à Kaboul en 1992, les Talibans peuvent se présenter comme l’incarnation de l’ordre et de la loi, aussi détestable en soit leur conception. Sauf à se payer de mots, il est trop tard pour s’apitoyer sur le sort d’un peuple dont les partisans de la « guerre au terrorisme » n’ont eu que faire 20 ans durant. A fortiori quand on ne se donne pas les moyens d’assumer les engagements de la France en matière d’asile.

Il est en revanche urgent de comprendre, comme le disait déjà Robespierre, que « personne n’aime les missionnaires armés ». Emmanuel Macron serait avisé d’en tirer certaines conclusions sur la stratégie de la France au Sahel, où rien n’est réglé s’agissant, entre autres, du manque d’État, et où la France mène également une guerre asymétrique ingagnable.

Tout comme il faudrait enfin prendre acte du fait que les États-Unis n’ont pas d’alliés, mais des affidés placés devant le fait accompli, comme lorsqu’ils ont signé en février 2020 un accord bilatéral avec les Talibans (cf photo) dans lequel la suite était écrite. Emmanuel Macron serait avisé d’en tirer les conclusions au lieu de suivre aveuglément les nouvelles marottes étasuniennes et otaniennes face à la Chine dans la zone dite « indo-pacifique ».

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Marina Mesure

Syndicalisme international

Marina Mesure is a specialist of social issues. She has worked for several years with organizations defending workers’ rights such as the European Federation of Building and Wood Workers.

She has campaigned against child labor with the International Labor Organization, against social dumping and the criminalization of unionism. As a famous figure in the international trade union world, she considers that the principle of “equal work, equal pay « remain revolutionary: between women and men, between posted and domestic workers, between foreigners and nationals ».

Marina Mesure, especialista en asuntos sociales, ha trabajado durante varios años con organizaciones de derechos de los trabajadores como la Federación Europea de Trabajadores de la Construcción y la Madera.

Llevo varias campañas contra el trabajo infantil con la Organización Internacional del Trabajo, contra el dumping social, y la criminalización del sindicalismo. Es una figura reconocida en el mundo sindical internacional. Considera que el principio de « igual trabajo, igual salario » sigue siendo revolucionario: entre mujeres y hombres, entre trabajadores desplazados y domésticos, entre extranjeros y nacionales « .

Spécialiste des questions sociales, Marina Mesure travaille depuis plusieurs années auprès d’organisations de défense des droits des travailleurs comme la Fédération Européenne des travailleurs du Bâtiment et du Bois.

Elle a mené des campagnes contre le travail des enfants avec l’Organisation internationale du travail, contre le dumping social, la criminalisation du syndicalisme. Figure reconnue dans le monde syndical international, elle considère que le principe de « travail égal, salaire égal » est toujours aussi révolutionnaire : entre les femmes et les hommes, entre les travailleurs détachés et domestiques, entre étrangers et nationaux ».

Sophia Chikirou

Directrice de la publication

Sophia Chikirou is the publisher of Le Monde en commun. Columnist, director of a documentary on the lawfare, she also founded several media such as Le Média TV and the web radio Les Jours Heureux.

Communications advisor and political activist, she has worked and campaigned in several countries. From Ecuador to Spain, via the United States, Mexico, Colombia, but also Mauritania, she has intervened with progressive and humanist movements during presidential or legislative campaigns.

In 2007, she published Ma France laïque (La Martinière Editions).

Sophia Chikirou es directora de la publicación de Le Monde en commun. Columnista, directora de un documental sobre el lawfare, también fundó varios medios de comunicación tal como Le Média TV y la radio web Les Jours Heureux.

Asesora de comunicacion y activista política, ha trabajado y realizado campañas en varios países. Desde Ecuador hasta España, pasando por Estados Unidos, México, Colombia, pero también Mauritania, intervino con movimientos progresistas y humanistas durante campañas presidenciales o legislativas.

En 2007, publicó Ma France laïque por Edicion La Martinière.

Sophia Chikirou est directrice de la publication du Monde en commun. Editorialiste, réalisatrice d’un documentaire sur le lawfare, elle a aussi fondé plusieurs médias comme Le Média TV et la web radio Les Jours Heureux.

Conseillère en communication et militante politique, elle a exercé et milité dans plusieurs pays. De l’Equateur à l’Espagne, en passant par les Etats-Unis, le Mexique, la Colombie, mais aussi la Mauritanie, elle est intervenue auprès de mouvements progressistes et humanistes lors de campagnes présidentielles ou législatives.

En 2007, elle publiait Ma France laïque aux éditions La Martinière.

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