Des queues interminables, des nerfs à vif et 4 décès. Cette scène décrit en quelques mots la situation des stations-essence dans le pays. Une grave pénurie frappe l’île depuis l’explosion du cours du pétrole. Celui-ci a doublé en quelques mois, provoquant des difficultés partout dans le monde. Cet impact est particulièrement visible au Sri Lanka où la chute de la valeur de la roupie met le gouvernement srilankais dans l’incapacité d’importer la précieuse ressource. Celle-ci est pourtant importante pour les déplacements du quotidien, y compris des transports en commun obligés de répercuter leurs prix, mais surtout essentielle pour l’accès à l’électricité. Les coupures de courant sont désormais habituelles. De longues files sont visibles dans le pays aux abords des stations-essence qui disposent encore d’or noir. Mais ces queues sont le théâtre de violences et malaises avec 4 personnes qui y ont perdu la vie depuis le début du mois.
Le prix des biens alimentaires a également explosé et les difficultés au quotidien se démultiplient. La population tente de réagir et plusieurs manifestations massives ont eu lieu dans plusieurs villes du pays dont Colombo, la capitale économique. Les manifestants réclament de l’aide à des autorités dépassées par la situation. Le Sri Lanka subit de plein fouet une succession de crises depuis trois ans. Le secteur touristique qui apporte habituellement quantité de devises étrangères est loin d’avoir retrouvé son niveau de 2018. Depuis, des attentats terroristes, la pandémie du Covid-19 et la guerre ukrainienne ont contribué à affaiblir successivement l’économie du pays.
L’endettement du territoire dépasse les 100 % de son PIB ce qui contribue à son isolement vis-à-vis d’institutions internationales potentiellement capables de le soutenir. Le Fonds monétaire international a réclamé au début du mois des réformes économiques au Sri Lanka pour réduire la part de sa dette. L’organisation a ainsi demandé une hausse de la TVA dans le pays. Jusqu’ici, les autorités, qui s’étaient refusées à faire appel à une telle aide à l’étranger, ont finalement ouvert la voie à des discussions avec le FMI. La Chine et l’Inde ont déjà accepté de leur côté d’accorder une aide financière pour permettre au Sri Lanka de sortir de cette situation désespérée. Une bouffée d’oxygène qui pourrait ne pas suffire alors que les perspectives de sortie de crise semblent ténues.