C’est l’un des pires massacres de ces dernières années qui a eu lieu autour de Bandiagara, dans le centre du pays, avec un bilan encore provisoire qui dépasse les 130 civils tués. Si le gouvernement malien a rapidement attribué la responsabilité de ces actes à des groupes djihadistes de la région, cet événement est surtout le signe d’un échec de la stratégie employée par les autorités pour assurer la sécurité du territoire. Des critiques largement formulées par la population locale.
C’est que la crise sécuritaire gagne en ampleur. L’ONU communiquait ainsi sur plusieurs dizaines de civils tués dans la région de Gao, plus à l’est, et s’inquiétait d’une recrudescence de la violence dans une large partie du Nord-Est malien. À Kidal, c’est un casque bleu guinéen qui a perdu la vie cette fin de semaine. L’organisation va d’ailleurs lancer une enquête pour tenter d’identifier les responsabilités derrière ces excès de violence contre la population civile. La France, dont les forces armées ont été invitées à quitter le pays, a de son côté exprimé son inquiétude face à une « dégradation de la situation sécuritaire et humanitaire ».
Alors que l’armée française a été prestement poussée dehors, au profit du Groupe Wagner, société privée russe, les choix sécuritaires de l’homme fort du pays, Assimi Goïta, sont mis en doute. Les mercenaires russes qui sont en grève depuis la semaine dernière refusent de partir en intervention et dénoncent des salaires qui ne sont plus payés depuis deux mois. L’armée malienne semble incapable d’enrayer à elle-seule la violence des expéditions menées par les groupes djihadistes de la région. Des groupes d’auto-défense, mal formés sont également placés en première ligne mais sont eux-mêmes responsables d’exactions contre les civils.
Les autorités maliennes semblent donc enferrées dans une équation insoluble qui risque de multiplier le nombre de victimes tout en augmentant la dépendance du pays vis-à-vis d’un acteur étranger comme la Russie. Si la France a pris acte de son obligation de quitter le sol malien, elle s’interroge surtout sur les conséquences pour l’ensemble de la région du Sahel d’une telle déstabilisation.