Le vote du texte de loi la semaine dernière avait provoqué un tollé. Les personnes LGBT+ définies comme « anormales », l’avortement condamné par 10 ans de prison et la sanctuarisation de la famille comme l’union d’un homme avec une femme. Une vision radicalement conservatrice de la société guatémaltèque, cantonnée à une supposée « morale chrétienne ». Pourtant, la loi a été adoptée sans grandes difficultés par un parlement ancré à droite : 101 votes pour, 8 contre dans une assemblée à 160 sièges.
Le lendemain, le Guatemala devenait la « capitale latino-américaine du mouvement pro-vie » d’après les propos de son président Alejandro Giammattei, fier de pouvoir signer un texte favorable à « la famille et à la vie ». Mais la position adoptée par le législatif était tellement radicale que certaines associations opposées à l’avortement se sont distanciées de son contenu. L’association La Familia Importa (La Famille compte) a ainsi regretté le caractère inconstitutionnel de certaines des mesures proposées. Dans la rue, une forte mobilisation a pris pied et s’est mêlée aux critiques émises par les associations de défense des droits humains.
Celles-ci dénonçaient la stigmatisation qu’entraînerait une telle loi qui discrimine et remet en cause les droits des femmes et des minorités sexuelles et de genre. Les mariages homosexuels sont ainsi explicitement interdits. L’avortement est condamné, y compris dans le cas d’une fausse couche. Les atteintes aux droits des personnes LGBT+ sont tolérés. Une répression inédite sur un continent qui a pourtant montré ces dernières années son ouverture à ces thématiques sociales. La Colombie, l’Argentine ou le Brésil permettent les liaisons homosexuelles. Plus récemment, c’est l’accès à l’avortement qui a connu de grandes victoires via le mouvement des foulards vert, avec une reconnaissance en Argentine suivie par la Colombie et une partie du Mexique. L’OMS avait rappelé la semaine dernière l’importance de cet accès pour les droits des femmes.
Toujours est-il qu’un spectaculaire revirement a eu lieu le 10 mars. Le président guatémaltèque Alejandro Giammattei a annoncé son intention d’apposer son veto à la loi, à moins d’une réévaluation de la constitutionnalité de cette proposition. Le changement de pied surprise d’un président qui n’avait jamais adopté de prises de position favorable aux droits des minorités sexuelles ou de genre. Cette évaluation a eu lieu mardi 16 mars à la demande de l’opposition. Et s’est soldée par l’abandon du texte. Un succès pour les associations de défense des droits humains, soulagées par ce dénouement mais vigilantes vis-à-vis d’un « recyclage » du texte sous un autre nom. Une éventualité à laquelle ses militants sont parés, prêts à se remobiliser pour la défense des droits de l’ensemble de la population du Guatemala.