Cet article fait partie du dossier de la Révolution citoyenne

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Le Chili va changer le monde

4 juillet 2021 : et le Chili enterra définitivement la Constitution de Pinochet. Ce jour-là restera dans l’histoire : le pays a lancé le processus de rédaction de sa nouvelle Constitution, et a élu pour présider l’Assemblée qui va travailler pendant neuf mois pour écrire la nouvelle Loi fondamentale, une femme aborigène Mapuche, Elisa Loncon.

Les 15 et 16 mai derniers, lors des élections constituantes, les Chiliens ont voté pour les élus chargés de rédiger la nouvelle constitution, entérinant la volonté du peuple d’opérer une rupture avec les politiques libérales héritées de Pinochet et appliquées par les différents gouvernements qui se sont succédés. 155 élus dont la moitié (77 exactement) sont des femmes. L’avènement d’une assemblée constituante paritaire s’inscrit dans la révolte féministe montée en puissance depuis 2018 au Chili, symptôme d’une volonté profonde de changement et qui a eu un rôle déterminant dans le souffle donné à la contestation : après des manifestations d’ampleur, comme celle du 8 mars 2019 qui avait regroupé plus d’un million de personnes rien qu’à Santiago, ou encore une grève générale féministe le 9 mars 2019 prenant en compte tout le travail productif, le mouvement féministe avait déjà réussi à repousser les limites du débat politique en liant combat contre le patriarcat et combat contre la précarisation de la vie, griefs partagés par une grande majorité de la population. 

Un mois et demi donc après les élections constituantes, la première session de la Convention constitutionnelle a enfin eu lieu : ce dimanche 4 juillet 2021, les 155 citoyens élus en mai ont commencé à travailler sur la nouvelle Loi fondamentale du Chili, qui enterrera définitivement celle de 1980 établie par la dictature de Pinochet, de nature autoritaire et bénéficiant aux grands groupes économiques. Et pour présider cette Assemblée, les citoyens ont choisi une femme, indigène mapuche, Elisa Loncon Antileo. Une élection qui n’aurait pu être plus symbolique : elle incarne à elle seule les principales aspirations du soulèvement social : l’horizontalité dans la distribution du pouvoir, la reconnaissance des peuples autochtones, le respect de l’environnement. 

Dans un discours improvisé prononcé en habit traditionnel, cette linguiste, universitaire et activiste reconnue a déclaré : « Que soit fondé un nouveau Chili, pluriel, multilingue, avec les femmes, avec les territoires.  Il est possible d’établir une nouvelle relation entre tous ceux qui composent ce pays ; c’est le premier signe que cette convention sera participative », avant d’évoquer les questions qui seront travaillées au cours d’une première étape de neuf mois : « Pour les droits de la terre mère, pour les droits de l’eau, pour les droits des femmes, pour les droits des enfants. »

À l’issue de cette première journée d’installation du Congrès constituant, la présidente et le vice-président Jaime Bassa, ont tous les deux annoncé la première mesure que l’Assemblée prendra : une déclaration pour l’amnistie des centaines de jeunes « prisonniers de la révolte ». 

Pour changer l’histoire définitive du Chili, pour laisser place à une nouvelle Constitution, pour changer le monde, « il suffit d’oser », avaient dit les jeunes qui ont sauté dans le métro de Santiago un jour d’octobre 2019, en commençant le processus de récupération de la Dignité. Ce noble geste accompagné d’un acte de rébellion a suffi à réaliser l’impossible. Nous avons tous en mémoire les images des jeunes lycéens sautant par-dessus les barrières du métro de Santiago, exigeant qu’il soit gratuit pour tous.

Rien de ce qui est vécu au Chili n’aurait été possible sans la rébellion de la jeunesse, des femmes et des peuples indigènes.

Le Chili incarne une lueur d’espoir pour tous les peuples du monde qui luttent contre un système néolibéral toujours plus autoritaire, contre les inégalités et contre le saccage de la planète. La révolution citoyenne issue de la révolte sociale commencée en octobre 2019 offre au monde la démonstration que c’est possible : les peuples peuvent reprendre leur destin en main et repenser des sociétés plus justes, plus égalitaires et respectueuses de l’harmonie entre les êtres humains et avec la nature.

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Marina Mesure

Syndicalisme international

Marina Mesure is a specialist of social issues. She has worked for several years with organizations defending workers’ rights such as the European Federation of Building and Wood Workers.

She has campaigned against child labor with the International Labor Organization, against social dumping and the criminalization of unionism. As a famous figure in the international trade union world, she considers that the principle of “equal work, equal pay « remain revolutionary: between women and men, between posted and domestic workers, between foreigners and nationals ».

Marina Mesure, especialista en asuntos sociales, ha trabajado durante varios años con organizaciones de derechos de los trabajadores como la Federación Europea de Trabajadores de la Construcción y la Madera.

Llevo varias campañas contra el trabajo infantil con la Organización Internacional del Trabajo, contra el dumping social, y la criminalización del sindicalismo. Es una figura reconocida en el mundo sindical internacional. Considera que el principio de « igual trabajo, igual salario » sigue siendo revolucionario: entre mujeres y hombres, entre trabajadores desplazados y domésticos, entre extranjeros y nacionales « .

Spécialiste des questions sociales, Marina Mesure travaille depuis plusieurs années auprès d’organisations de défense des droits des travailleurs comme la Fédération Européenne des travailleurs du Bâtiment et du Bois.

Elle a mené des campagnes contre le travail des enfants avec l’Organisation internationale du travail, contre le dumping social, la criminalisation du syndicalisme. Figure reconnue dans le monde syndical international, elle considère que le principe de « travail égal, salaire égal » est toujours aussi révolutionnaire : entre les femmes et les hommes, entre les travailleurs détachés et domestiques, entre étrangers et nationaux ».

Sophia Chikirou

Directrice de la publication

Sophia Chikirou is the publisher of Le Monde en commun. Columnist, director of a documentary on the lawfare, she also founded several media such as Le Média TV and the web radio Les Jours Heureux.

Communications advisor and political activist, she has worked and campaigned in several countries. From Ecuador to Spain, via the United States, Mexico, Colombia, but also Mauritania, she has intervened with progressive and humanist movements during presidential or legislative campaigns.

In 2007, she published Ma France laïque (La Martinière Editions).

Sophia Chikirou es directora de la publicación de Le Monde en commun. Columnista, directora de un documental sobre el lawfare, también fundó varios medios de comunicación tal como Le Média TV y la radio web Les Jours Heureux.

Asesora de comunicacion y activista política, ha trabajado y realizado campañas en varios países. Desde Ecuador hasta España, pasando por Estados Unidos, México, Colombia, pero también Mauritania, intervino con movimientos progresistas y humanistas durante campañas presidenciales o legislativas.

En 2007, publicó Ma France laïque por Edicion La Martinière.

Sophia Chikirou est directrice de la publication du Monde en commun. Editorialiste, réalisatrice d’un documentaire sur le lawfare, elle a aussi fondé plusieurs médias comme Le Média TV et la web radio Les Jours Heureux.

Conseillère en communication et militante politique, elle a exercé et milité dans plusieurs pays. De l’Equateur à l’Espagne, en passant par les Etats-Unis, le Mexique, la Colombie, mais aussi la Mauritanie, elle est intervenue auprès de mouvements progressistes et humanistes lors de campagnes présidentielles ou législatives.

En 2007, elle publiait Ma France laïque aux éditions La Martinière.

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