En Tunisie, la filiale de l’équipementier aéronautique a fait payer la crise sanitaire aux travailleuses en décidant de supprimer plus de 400 postes sur 863. Les ex-employées se mobilisent et ont lancé le mois dernier une procédure aux prud’hommes, accusant Latécoère d’avoir ciblé les licenciements, la plupart des concernées étant des ouvrières expérimentées et connues pour défendre leurs droits.
En temps de crise, les entreprises cherchent à maximiser les profits en diminuant les coûts de production. Et comme toujours, ce sont les employés qui paient l’addition. Le sous-traitant aéronautique de Latécoère, initialement implanté à Toulouse et qui a délocalisé une partie de sa production à partir des années 2000, ne fait pas exception : alors que la crise sanitaire et économique a fait chuter son chiffre d’affaires de 42% en 2020, l’entreprise a annoncé des plans de licenciements en France, au Brésil, en République Tchèque et en Tunisie, pays le plus touché avec 407 suppressions de postes (en majorité des femmes, car embauchées par le patronat dans les travails dits « fins » comme le câblage), sur les 1000 annoncés dans le monde.
Le 19 février 2021, les femmes licenciées par Latécoère ont expliqué dans plusieurs vidéos faites en français (pour faire connaître leur combat dans la région de la maison-mère) comment la direction du sous-traitant et les syndicats les ont « arnaquées » : près de 400 personnes ont été licenciées, mais elles ont constaté que l’entreprise postait des annonces d’embauche, que des travaux d’extension de bâtiment se poursuivent sur le site de Mghira, que les délégués du syndicat UGTT (dont elles ont dénoncé la corruption en février) ont négocié des primes plus importantes pour eux, et que le plan de licenciement a surtout touché des employées expérimentées, ou en congé maternité. Pour elles, Latécoère a profité de la situation pour se débarrasser de salariées ciblées.
Les travailleuses ont donc saisi les prud’hommes pour être réembauchées ou obtenir des primes de départ plus élevées. Pour le moment la direction de l’entreprise à Toulouse reste muette, et les appels récurrents à la police locale pour déloger les manifestantes à Tunis en disent long : la direction tunisienne refuse tout dialogue.