Cet article fait partie du dossier Ecologie populaire

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La prochaine pandémie mondiale est commencée

Cette pandémie c'est la sécheresse. Jean-Luc Mélenchon avait déjà alerté dans son meeting en réalité augmentée sur l'eau en avril 2021. L'ONU l'a officiellement annoncé la semaine dernière; la sécheresse est la prochaine pandémie de ce siècle : 50°C au Canada en mai causant la mort de 500 personnes en une semaine, 1,14 million de personnes en situation d’insécurité alimentaire au Madagascar qui connait sa pire sécheresse depuis 40 ans, un dôme de chaleur extrême dans l'Ouest des Etats-Unis menace la région de nouveaux incendies ravageurs, première alerte de sécheresse depuis un siècle au Brésil, record de température terrestre mesuré l’an dernier en Iran et au Mexique… aux quatre coins du monde, la fournaise. Depuis le début des années 2000, au moins 1,5 milliard d’humains ont déjà été touchés par une sécheresse, pour un coût économique estimé par l’ONU à 124 milliards de dollars. Et comme toujours, les personnes les plus vulnérables sont les premières touchées, alors qu’elles ne contribuent en rien au réchauffement climatique : la moitié la plus pauvre de la population mondiale n’est responsable que de 10% des émissions mondiales de gaz à effet de serre. Les effets dévastateurs des changements climatiques sur ceux qui vivent déjà dans la pauvreté sont de plus en plus difficiles, voire impossibles, à éviter. Il est urgent (et c'est un bien faible mot) que les Etats mettent tout en œuvre pour adapter l’humanité à ce phénomène de changement global de l’écosphère. En tant qu’il s’agit d’un défi universel à relever, nous partageons sur Le Monde en Commun la dernière note de blog de Jean-Luc Mélenchon sur le sujet.

« La sécheresse sera la prochaine pandémie mondiale. » Quand je l’ai dit dans mon meeting en réalité augmentée, je n’ai pas eu l’attention que j’aurais souhaitée. Mais maintenant, c’est officiel. Qui se risquerait à taxer l’ONU de complotiste ? Les auteurs du rapport tirent la sonnette d’alarme dans un rapport publié le 17 juin dernier. D’ici 2025, la moitié de la population mondiale vivra dans des régions confrontées à des pénuries d’eau. En réalité, la pandémie est déjà commencée. 

En effet, la température moyenne mondiale a seulement augmenté de 1,2°C. Mais la fournaise est déjà mondiale. Un record de température terrestre a été mesuré l’année dernière en Iran et au Mexique. Le mercure a passé les 80°C, soit 10°C de plus que le précédent record de 2005. Mais cette fournaise concerne aussi les régions les plus froides de la planète. Ainsi, au mois de mai, il faisait déjà plus de 30°C dans le cercle Arctique. Les 50°C du dôme de chaleur ont fait au moins 500 morts en une semaine au Canada.

Le manque d’eau et les températures extrêmes sont déjà subis par des dizaines de milliers d’individus à travers le monde. Mais elles ne touchent pas tout le monde de la même façon. Ainsi, au Canada et aux États-Unis, les plus fortunés prennent d’assaut les hôtels climatisés. Le modèle économique dominant achève de créer les conditions du chaos. En effet, sa logique d’accumulation se matérialise par l’accaparement des ressources, le manque d’investissement chronique et l’affaiblissement des services de l’État. Ce cocktail risque de conduire à la même gestion catastrophique que celle qui a prévalu face au Covid-19. La superposition des conditions sociales et écologiques produit des engrenages dévastateurs. 

C’est le cas au Brésil. Le pays subit la pire sécheresse depuis un siècle. Celle-ci menace d’abord la production hydroélectrique. En effet, la sécheresse sévit notamment dans le bassin où le potentiel hydroélectrique est le plus élevé. Cela est très préoccupant car les barrages fournissent 60% de la production électrique du pays. Le gouvernement a sollicité davantage les centrales thermiques afin d’éviter la panne ou le rationnement. Or, leur coût opérationnel est plus élevé. En conséquence, le prix de l’électricité a déjà augmenté. Ce n’est pas tout. La sécheresse concerne aussi les régions les plus agricoles. Mécaniquement, les prix des produits risquent d’augmenter. Certains experts prévoient déjà une hausse de l’indice des prix à la consommation de 5,8 % cette année. Un Brésilien sur six vit déjà dans l’extrême-pauvreté. L’enfer social va encore se réchauffer. 

La situation n’est pas meilleure ailleurs. Alors que la spéculation sur l’eau y est désormais possible, les incendies deviennent la norme dans l’Ouest des États-Unis. Outre la sécheresse, les défaillances du réseau électrique non entretenu par l’opérateur privé sont aussi en cause. L’eau, si précieuse pour éteindre les méga-incendies, vient à manquer. En effet, l’essentiel de l’Ouest américain est déjà en état de sécheresse sévère. Concrètement, le niveau du lac Mead est seulement au tiers de sa capacité. Il dessert dans plusieurs États les villes et les cultures très gourmandes en eau. Or, il n’a jamais été aussi bas depuis sa création dans les années 1930. C’est pourtant le plus grand réservoir artificiel du pays. Les boursicoteurs se frottent déjà les mains. 

À Mexico, la sécheresse sévit depuis le mois de février. D’après les scientifiques, il pleut de moins en moins chaque année. Or, un habitant sur six ne dispose déjà pas d’eau tous les jours au robinet. Pire, 1,8 millions dépendent exclusivement de camions-citernes de ravitaillement. Pour finir, le réseau est vétuste : un tiers de l’eau se perd en fuites. Mais pas pour tout le monde. En effet, les quartiers riches puisent dans les nappes phréatiques sous la ville. Cela sans connaître l’état exact des réserves. Le pompage est tel que la cité s’affaisse de deux centimètres par an. Jusqu’à quand ? 

Cette « pandémie » ne s’arrêtera pas aux frontières nationales. Au contraire, nous nous dirigeons vers un quatrième été de sécheresse d’affilée. 80 départements sont d’ores et déjà menacés de sécheresse. Les Français ne s’y trompent pas : les deux tiers craignent de manquer d’eau dans leur région. Cela ne fait que commencer. En effet, les experts de l’Organisation météorologique mondiale ont averti récemment que le seuil de +1,5°C risquait d’être atteint d’ici 2025. Désormais, les canicules seront 5 fois plus fréquentes qu’il y a un siècle. Nous adapter à cette nouvelle donne climatique irréversible est une tâche immense. Il faut s’y atteler dès maintenant. Nous avons pour cela besoin d’un plan d’adaptation sur plusieurs décennies fait d’objectifs et de délais précis. Le Haut-Conseil pour le Climat préconise justement cela dans son dernier rapport. Les députés insoumis avaient déjà intégré cette idée dans le contre-budget présenté en mars 2020. 

En effet, la perturbation totale du cycle de l’eau provoque sécheresses intenses et pluies diluviennes. Nous devons donc adapter les infrastructures hydrauliques pour faire face aux deux éventualités. La priorité est d’économiser l’eau pour éviter les pénuries. Or, 1 litre sur 5 se perd en fuites. Il faut donc réparer. La tâche est d’ampleur : la longueur totale du réseau d’eau potable en France fait l’équivalent de 22 fois le tour de la Terre. Ensuite, il faut renforcer les ouvrages qui permettent de la stocker et de l’utiliser à bon escient. Je parle bien sûr des barrages. Les villes aussi doivent être pensées comme des infrastructures hydrauliques à part entière. En effet, le tout-béton empêche l’infiltration dans les nappes. Il transforme, selon le moment, les villes en fours ou en piscines à ciel ouvert. Au contraire, nous devons les végétaliser d’urgence. 

En bref, nous devons réorganiser l’État républicain d’après les objectifs écologiques. Celui de la maîtrise du cycle de l’eau conditionne tous les autres. La ministre allemande de l’environnement a présenté début juin une stratégie nationale de l’eau sur trente ans. Elle est assortie d’un budget d’un milliard d’euros sur dix ans. En France aussi, nous avons les compétences et les entreprises pour le faire. 143 formations liées à l’eau existent déjà. La moitié des diplômés sont des Bac-Pro ou des BTS. La filière eau regroupe au total 124 000 emplois. Mais 20% des salariés ont plus de 55 ans. Des milliers de bras supplémentaires sont nécessaires. Il faut donc aussi planifier l’avenir. Qu’attend le gouvernement français pour affronter cette nouvelle pandémie ? 

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Claire Lejeune est co-responsable du département de planification écologique de l’Institut La Boétie. Elle est revenue pour l’Émission populaire sur l’appel, fait par une vingtaine de pays, dont la France, à tripler les capacités nucléaires mondiales d’ici à…

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Marina Mesure

Syndicalisme international

Marina Mesure is a specialist of social issues. She has worked for several years with organizations defending workers’ rights such as the European Federation of Building and Wood Workers.

She has campaigned against child labor with the International Labor Organization, against social dumping and the criminalization of unionism. As a famous figure in the international trade union world, she considers that the principle of “equal work, equal pay « remain revolutionary: between women and men, between posted and domestic workers, between foreigners and nationals ».

Marina Mesure, especialista en asuntos sociales, ha trabajado durante varios años con organizaciones de derechos de los trabajadores como la Federación Europea de Trabajadores de la Construcción y la Madera.

Llevo varias campañas contra el trabajo infantil con la Organización Internacional del Trabajo, contra el dumping social, y la criminalización del sindicalismo. Es una figura reconocida en el mundo sindical internacional. Considera que el principio de « igual trabajo, igual salario » sigue siendo revolucionario: entre mujeres y hombres, entre trabajadores desplazados y domésticos, entre extranjeros y nacionales « .

Spécialiste des questions sociales, Marina Mesure travaille depuis plusieurs années auprès d’organisations de défense des droits des travailleurs comme la Fédération Européenne des travailleurs du Bâtiment et du Bois.

Elle a mené des campagnes contre le travail des enfants avec l’Organisation internationale du travail, contre le dumping social, la criminalisation du syndicalisme. Figure reconnue dans le monde syndical international, elle considère que le principe de « travail égal, salaire égal » est toujours aussi révolutionnaire : entre les femmes et les hommes, entre les travailleurs détachés et domestiques, entre étrangers et nationaux ».

Sophia Chikirou

Directrice de la publication

Sophia Chikirou is the publisher of Le Monde en commun. Columnist, director of a documentary on the lawfare, she also founded several media such as Le Média TV and the web radio Les Jours Heureux.

Communications advisor and political activist, she has worked and campaigned in several countries. From Ecuador to Spain, via the United States, Mexico, Colombia, but also Mauritania, she has intervened with progressive and humanist movements during presidential or legislative campaigns.

In 2007, she published Ma France laïque (La Martinière Editions).

Sophia Chikirou es directora de la publicación de Le Monde en commun. Columnista, directora de un documental sobre el lawfare, también fundó varios medios de comunicación tal como Le Média TV y la radio web Les Jours Heureux.

Asesora de comunicacion y activista política, ha trabajado y realizado campañas en varios países. Desde Ecuador hasta España, pasando por Estados Unidos, México, Colombia, pero también Mauritania, intervino con movimientos progresistas y humanistas durante campañas presidenciales o legislativas.

En 2007, publicó Ma France laïque por Edicion La Martinière.

Sophia Chikirou est directrice de la publication du Monde en commun. Editorialiste, réalisatrice d’un documentaire sur le lawfare, elle a aussi fondé plusieurs médias comme Le Média TV et la web radio Les Jours Heureux.

Conseillère en communication et militante politique, elle a exercé et milité dans plusieurs pays. De l’Equateur à l’Espagne, en passant par les Etats-Unis, le Mexique, la Colombie, mais aussi la Mauritanie, elle est intervenue auprès de mouvements progressistes et humanistes lors de campagnes présidentielles ou législatives.

En 2007, elle publiait Ma France laïque aux éditions La Martinière.

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