A travers ce rassemblement l’urgence de réaffirmer que la pauvreté était une violation des droits humains et qu’une action commune devait être menée pour que ces droits soient respectés.
30 ans plus tard, le constat est accablant. Dans un monde caractérisé par un niveau de développement économique et de richesse sans précédent, 736 millions de personnes vivent en dessous du seuil international d’extrême pauvreté fixé à 1,90 dollar par jour et près de 8% des travailleurs et leurs familles vivent avec moins de 1,90 dollar par personne et par jour. Pire encore, la pandémie de COVID 19 a récemment plongé entre 88 et 115 millions personnes supplémentaires dans la misère au cours des derniers mois.
La pauvreté, malgré la place qu’elle occupe dans nos sociétés, est voulue discrète. Tout est fait pour qu’elle ne dérange pas le cours de la vie de celles et ceux qui ne la subissent pas. Pourtant elle tue et en silence elle emporte des millions de personnes chaque année à travers le monde. Concrètement, elle se caractérise par des conditions de travail dangereuses, des logements insalubres, des carences en aliments nutritifs, un manque d’accès au soin de santé, un recours inégal à la justice et l’absence de participation politique.
Nous passons devant eux tous les jours, ces femmes, ces hommes et ces enfants, qui sont le symbole d’une misère qui ne cesse de grossir et qui déborde sur les trottoirs de nos villes. Mais la misère n’est pas du fait des miséreux. Elle est le produit d’un système injuste qui prend ses racines dans la recherche perpétuelle du profit et de la domination, un paradigme incompatible avec la solidarité, le partage, et la vie en commun.
La mondialisation et le capitaliste financiarisé, l’hégémonie de la surconsommation et de l’individualisme, sont les moteurs d’une aggravation généralisée de la misère. Là où la masse des individus ne se partagent que les miettes de leur propre labeur, une poignée d’oligarques protecteurs de leurs privilèges amassent et gardent jalousement d’innombrable richesses. Il n’y a qu’à voir le dernier chiffre d’Oxfam sur les inégalités dans le monde: 26 milliardaires détiennent autant d’argent que la moitié de l’humanité! Comme disait Victor Hugo “c’est de l’enfer des pauvres qu’est fait le paradis des riches”…
Comment peut-on accepter de tels écarts de richesse ? Le capitalisme a été vanté comme une liberté, il n’est pourtant que le créateur d’une misère humaine insupportable et d’une planète en perdition. L’écart entre la masse qui subit et la poignée qui profite est réduit à peau de chagrin. Le système vacille parfois, il subit des coups, mais il ne cède pas. Ses protecteurs sont aux aguets, car ils savent qu’un sursaut citoyen, comme la vague jaune partie de la France en 2018, pourrait rebattre les cartes du jeu.
En ce 17 octobre, jour symbolique et particulier, il est temps de rappeler que la pauvreté n’est pas une fin en soi : elle est le fruit de choix politiques. Si redistribuer les richesses n’est pas une mince affaire, il est une bonne nouvelle de laquelle nous pouvons tirer notre force : les choix des égoïstes et des voleurs peuvent être défaits. Éradiquer la pauvreté, c’est possible, c’est souhaitable, et c’est le chemin à prendre, le seul qui mène inexorablement vers le progrès humain.