De longs plaidoyers en faveur de la paix. Tel a commencé le meeting de Jean-Luc Mélenchon à Lyon, dimanche 6 mars. Les textes pacifistes ce succèdent avant l’arrivée du candidat, lus par Aurélie Trouvé, Albert Lévy, Sophie de La Rochefoucauld ainsi que d’autres membres du Parlement de l’Union Populaire. Les mots sont pesés, lourds de sens et remplis d’espérance. Ils se suivent et font vivre la pensée de leurs autrices et auteurs. Ainsi, les textes des prix Nobel de littérature Albert Camus et Svetlana Alexievitch ont précédé ceux d’Erasme, Simone Weil ou Amadou Hampâté Bâ. « Le courage, aujourd’hui, ce n’est pas de maintenir sur le monde la nuée de la Guerre, nuée terrible, mais dormante dont on peut toujours se flatter qu’elle éclatera sur d’autres. » Des mots de Jaurès issus d’un discours à la jeunesse de 1903, qui résonnent avec l’actualité. Valsero, chanteur camerounais, appellera de son côté à « un monde sans murs ni barbelés ».
Alexey Sakhnin, journaliste engagé russe et l’un des fondateurs du Front de Gauche dans le pays, s’adressera également à la foule présente en ce début de meeting. Il affirme dans une vidéo son opposition nette à la guerre menée par Vladimir Poutine en Ukraine ; puis relaye le message de paix transmis par des milliers de manifestants russes qui se mobilisent dans le pays pour dire « Non à la guerre ». Dressant un parallèle avec les Parisiens qui se sont soulevés en 1789, il témoigne de son espoir que cette mobilisation inédite en Russie soit la première marche vers une véritable révolution démocratique dans le pays. Il dénonce en effet les dérives dictatoriales de Poutine et de l’oligarchie qui le soutien. Ceux-ci exploitent et alimentent les inégalités qui touchent les plus modestes depuis trente ans.
L’arrivée de Jean-Luc Mélenchon s’inscrit dans la continuité de cette introduction. « Le monde nous regarde. Face aux va-t-en-guerre nous pouvons renverser le cours des choses. » Sous les applaudissements des 15 000 personnes présentes place du Gros Caillou, le candidat de l’Union Populaire rappelle son attachement à la paix et dénonce l’attaque russe de l’Ukraine. Vladimir Poutine doit en assumer l’entière responsabilité « parce que c’est lui qui a décidé de passer à l’acte ». Ainsi, selon lui, « ceux qui ont déclenché cette guerre, ne peuvent recevoir de notre part que mépris et mobilisation acharnée pour les faire échouer ! » D’où un soutien inconditionnel aux Ukrainiens et aux Russes qui se mobilisent contre cette guerre.
Le meeting va également permettre de rappeler la position de non-alignement portée par Jean-Luc Mélenchon dans son programme de l’Avenir en commun. Il va ainsi défendre une « France non-alignée qui n’accepte pas la violence des armes », qui ne suit pas automatiquement la position d’une alliance ou d’une autre. La sortie de l’OTAN a ainsi été répétée, comme un plus grand recours aux instances multilatérales comme l’ONU ou l’OSCE. Protéger le corps des diplomates français est ainsi élevé aux rangs des priorités puisqu’ils sont perçus comme le maillon essentiel de cette politique de non-alignement.
La question du nucléaire a également été évoquée. Un sujet qui a fait la une de l’actualité internationale dernièrement. Ainsi, ces dernières semaines, Vladimir Poutine a soulevé le risque d’une riposte nucléaire de la part de son armée en cas d’escalade par les parties impliquées dans le conflit. La centrale nucléaire de Zaporojia, dans le sud-est de l’Ukraine, occupée par l’armée russe, a eu à subir lors de sa prise de contrôle un incendie provoqué par des tirs d’artillerie, un incident qui a fait craindre une fragilisation de l’infrastructure nucléaire. Aujourd’hui, mercredi 9 mars, l’Agence internationale de l’énergie atomique (AEIA), organisme chargé de la surveillance nucléaire sous l’égide des Nations, a indiqué qu’elle ne recevait plus de données de contrôle transmises à distance par la centrale nucléaire de Tchernobyl. Les équipes techniques sur place sont à bout et travaillent sans discontinuer depuis deux semaines.
Lors du meeting, Jean-Luc Mélenchon a dénoncé ce « double risque du nucléaire » civil et militaire. Il a rappelé l’importance de sortir du nucléaire civil dont l’utilisation est dangereuse en cas de perte de contrôle ou de défaut qui mettrait en danger, en France et à l’étranger, des millions de personnes à court terme et entraînerait des conséquences inimaginables à long terme. Le risque nucléaire n’est selon lui pas maîtrisé, et surtout, la défaillance d’une centrale est une défaillance de trop au vu de ses conséquences immédiates. Il a également ouvert la voie à des discussions afin d’engager un processus de dénucléarisation militaire du monde. Une dénucléarisation qui ne peut se déclencher que par la diplomatie et le multilatéralisme.
Des paroles de paix, bien rares en France, lors du plus grand meeting de cette campagne présidentielle française. La question est désormais de savoir si ces propos porteurs d’espoir auront la résonnance suffisante pour convaincre les électeurs et abstentionnistes de l’importance d’une mobilisation le 10 avril prochain derrière la candidature de Jean-Luc Mélenchon lors du premier tour de l’élection. Entre-temps, un nouveau rendez-vous a été donné le 20 mars prochain à Paris pour une Marche pour la 6ème République.