Cet article fait partie du dossier La fin du libéralisme

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Texte de référence à venir…

Javier Milei élu président : place au désastre

Le dimanche 19 novembre, le candidat néofasciste Javier Milei a été élu avec 56% des voix, face au ministre de l'économie sortant Sergio Massa. Une élection qui intervient alors que l'Argentine est plongée dans une grave crise avec une inflation à +140%, et dans un contexte mondial de multiplication des droites radicales.

Arrivé en tête dans 21 provinces sur 24, Javier Milei est le président le mieux élu d’Argentine depuis le retour de la démocratie en 1983. Polémiste de plateaux de télévisions, autoproclamé « anarcho-capitaliste » et investi en politique depuis seulement trois ans, le nouveau président a fait campagne avec une tronçonneuse, symbole de sa volonté de réduire drastiquement les dépenses publiques, de supprimer les aides sociales, de mettre fin aux subventions sur le gaz et l’électricité et de défaire les droits des femmes dans ce pays pourtant fer de lance du féminisme sud-américain.

S’il a dit tout et son contraire concernant son programme (il a annoncé la dollarisation avant de rétropédaler, il a annoncé la fermeture de la banque centrale avant de dire que ce n’était pas exactement ce qu’il avait dit…), c’est moins ses mesures d’extrême droite ultra libérales qui ont attiré que son style : il s’est présenté comme un « sauveur », très efficace sur le plan communicationnel et auprès des jeunes précaires qui ont vu en lui une promesse « anti-caste ». 30 % des votes obtenus au premier tour par Javier Milei sont venus des 16-29 ans.

Vote sanction ?

La situation en Argentine est très délicate. La présidence d’Alberto Fernandez a beaucoup déçu, par son incapacité à remédier à la crise économique générée par la présidence précédente de l’homme d’affaires Mauricio Macri (2015-2019), qui a consisté à passer du régime protectionniste hérité des gouvernements Kirchner (2003-2015) à un système néolibéral classique : grand plan d’austérité adopté en 2018 à la suite de l’accord de prêt de 56 milliards de dollars conclu avec le FMI, coupes dans les subventions aux services publics (transports, électricité, gaz) qui ont fait bondir leur prix, mesures antisociales (on se souvient de la réforme des retraites passée en force en 2017), politiques favorables aux entreprises et aux investisseurs étrangers. Bilan : En 2019, trois ans après son élection, un tiers des Argentins vivaient sous le seul de pauvreté et l’inflation atteignait les 55%.

En décembre 2019, Mauricio Macri a été largement battu par Alberto Fernandez. Inscrit dans la culture péroniste d’un Etat fort, le taux de participation avait atteint les 82%. Les travailleurs et les pauvres avaient massivement voté pour mettre fin aux politiques anti-ouvrières de Macri. Hélas le nouveau gouvernement n’est pas parvenu à résoudre les problèmes économiques fondamentaux du pays : Sergio Massa, alors ministre des Finances, a négocié le renouvellement du prêt du FMI conclu sous Macri. Pour cela, il a imposé de drastiques mesures d’austérité et la situation a empiré : sous l’effet de la dévaluation de la monnaie nationale, l’inflation a augmenté jusqu’à atteindre son chiffre actuel de 140 %, et le pourcentage de la population vivant sous le seuil de pauvreté a dépassé les 40 %.

La déception a laissé place à l’amertume, et dans ce clair-obscur a émergé le pire de la politique argentine, à savoir une candidature néo-fasciste, en la personne de Javier Milei, candidat d’une extrême droite violente, ultra-néolibérale et nostalgique de la dictature.

Ainsi Sergio Massa, décrit comme un ambitieux à l’idéologie à géométrie variable (d’abord libéral, puis péroniste) a présenté sa candidature comme étant celle de la raison face au chaos. En plus des manœuvres judiciaires utilisées pour écarter la vice-présidente Cristina Kirchner, dont la ligne plus rupturiste n’a pu s’imposer, tout cela a conduit à un rejet massif des institutions et des partis traditionnels sur fond de profonde crise économique. La voie à la démagogie d’extrême droite « libertarienne » de Milei était toute pavée.

Pour nombre d’analystes, Javier Milei a donc accédé au pouvoir à la suite d’une volonté de dégagisme populaire, induit par l’échec des négociations de gouvernements libéraux avec le FMI et qui s’inscrit dans un contexte régional, mais aussi global, de consolidation des droites radicales dans le monde qui ont en commun de ne pas masquer les points les plus extrêmes de leurs programmes (Milei veut libéraliser les ventes d’armes et d’organes) ainsi que des phobies communes : l’avortement, les communautés LGBTQIA+, le « marxisme culturel » (théorie conspirationniste qui désigne la prétendue volonté des élites intellectuelles de nuire à la culture occidentale et de s’attaquer à la société traditionnelle en se servant du féminisme, de l’homosexualité et du multiculturalisme) et bien sûr l’immigration. Les droites dans le monde opèrent de la même manière : elles désignent à la vindicte populaire des nouveaux « ennemis intérieurs » (avant la fin de la guerre froide, c’était les communistes), et se pare des atours de la nouveauté en se disant « anti-système » alors que leurs programmes sont libéraux voire ultra libéraux.

Une présidence Javier Milei ne fera qu’empirer le désastre : ses politiques libérales agressives et de coupes des dépenses publiques appauvrira la population, déjà étranglée. Et comme il s’agit de l’extrême droite, sa politique économique risquera de nécessiter un appareil répressif rappelant la dictature…

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Marina Mesure

Syndicalisme international

Marina Mesure is a specialist of social issues. She has worked for several years with organizations defending workers’ rights such as the European Federation of Building and Wood Workers.

She has campaigned against child labor with the International Labor Organization, against social dumping and the criminalization of unionism. As a famous figure in the international trade union world, she considers that the principle of “equal work, equal pay « remain revolutionary: between women and men, between posted and domestic workers, between foreigners and nationals ».

Marina Mesure, especialista en asuntos sociales, ha trabajado durante varios años con organizaciones de derechos de los trabajadores como la Federación Europea de Trabajadores de la Construcción y la Madera.

Llevo varias campañas contra el trabajo infantil con la Organización Internacional del Trabajo, contra el dumping social, y la criminalización del sindicalismo. Es una figura reconocida en el mundo sindical internacional. Considera que el principio de « igual trabajo, igual salario » sigue siendo revolucionario: entre mujeres y hombres, entre trabajadores desplazados y domésticos, entre extranjeros y nacionales « .

Spécialiste des questions sociales, Marina Mesure travaille depuis plusieurs années auprès d’organisations de défense des droits des travailleurs comme la Fédération Européenne des travailleurs du Bâtiment et du Bois.

Elle a mené des campagnes contre le travail des enfants avec l’Organisation internationale du travail, contre le dumping social, la criminalisation du syndicalisme. Figure reconnue dans le monde syndical international, elle considère que le principe de « travail égal, salaire égal » est toujours aussi révolutionnaire : entre les femmes et les hommes, entre les travailleurs détachés et domestiques, entre étrangers et nationaux ».

Sophia Chikirou

Directrice de la publication

Sophia Chikirou is the publisher of Le Monde en commun. Columnist, director of a documentary on the lawfare, she also founded several media such as Le Média TV and the web radio Les Jours Heureux.

Communications advisor and political activist, she has worked and campaigned in several countries. From Ecuador to Spain, via the United States, Mexico, Colombia, but also Mauritania, she has intervened with progressive and humanist movements during presidential or legislative campaigns.

In 2007, she published Ma France laïque (La Martinière Editions).

Sophia Chikirou es directora de la publicación de Le Monde en commun. Columnista, directora de un documental sobre el lawfare, también fundó varios medios de comunicación tal como Le Média TV y la radio web Les Jours Heureux.

Asesora de comunicacion y activista política, ha trabajado y realizado campañas en varios países. Desde Ecuador hasta España, pasando por Estados Unidos, México, Colombia, pero también Mauritania, intervino con movimientos progresistas y humanistas durante campañas presidenciales o legislativas.

En 2007, publicó Ma France laïque por Edicion La Martinière.

Sophia Chikirou est directrice de la publication du Monde en commun. Editorialiste, réalisatrice d’un documentaire sur le lawfare, elle a aussi fondé plusieurs médias comme Le Média TV et la web radio Les Jours Heureux.

Conseillère en communication et militante politique, elle a exercé et milité dans plusieurs pays. De l’Equateur à l’Espagne, en passant par les Etats-Unis, le Mexique, la Colombie, mais aussi la Mauritanie, elle est intervenue auprès de mouvements progressistes et humanistes lors de campagnes présidentielles ou législatives.

En 2007, elle publiait Ma France laïque aux éditions La Martinière.

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