Blaise Mudodosi est juriste environnementaliste. Il est revenu lors du forum forêt du 3 décembre 2021 tenu à Paris, sur les problèmes autour des zones protégées en République Démocratique du Congo où de nombreux droits humains sont violés.
Le pays compte 26 millions d’hectares d’aires protégées, qui comprennent 9 parcs nationaux et 63 réserves et domaines de chasse, autour desquels ont lieu toute sorte de graves problèmes : des conflits liés aux limites, aux droits fonciers revendiqués par-ci par-là, ainsi que des conflits liés à l’accès aux ressources forestières par des communautés qui dépendent de ces ressources pour vivre.
Blaise Mudodosi nous apprend que la principale source de ces conflits est le non respect des pratiques et lois internationales qui concernent la création et la gestion de ces zones protégées. Le juriste environnementaliste se bat pour les droits sociaux des peuples autochtones qui ont été expulsés de leurs terres et qui subissent des violences de la part d’éco-gardes violents et mal formés, « pendant que les gouvernements et les gestionnaires ne voient que les intérêts financiers de ces zones, comme avec l’éco-tourisme ». Droits sociaux et environnement vont toujours de pair : le tourisme de masse et l’appât du gain font que des populations sont expulsées et violentées, et impliquent une baisse de la biodiversité observée dans ces zones pourtant dites « protégées ».
Blaise Mudodosi, avec ses partenaires dans le pays ont beaucoup travaillé et ont mené des campagnes de plaidoyer qui ont abouti à des actions en justice et à des arrestations d’éco-gardes, condamnés pour viols et tortures.
Une cellule pour les droits humains a alors été mise en place au sein de l’Institut congolais pour la conservation de la nature (l’ICCN) et un mécanisme de gestion de plaintes est actuellement testé au sein du parc national de la Salonga. Cela permet aux peuples autochtone de se plaindre et de trouver des solutions aux problèmes qu’ils rencontrent.
Blaise Mudodosi salue ces avancées qui sont un premier pas. Il faut aller plus loin : « La cellule des droits humains doit travailler en toute indépendance pour former des écogardes et sensibiliser les communautés autour des aires protégées afin que chacun connaisse ses droits et ses obligations. Il faut aussi revoir toute la stratégie de conservation et revenir à une conservation purement communautaire afin de protéger la biodiversité et les peuples autochtones. »