Cet article fait partie du dossier de la Révolution citoyenne

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En Iran commence un évènement féministe majeur

Le 16 septembre 2022 à Téhéran, Masha Amini, une jeune femme de 22 ans, est morte après avoir été arrêtée par la police pour avoir "mal porté" le voile. Depuis, une vague de protestations secoue le pays. Des dizaines de personnes sont mortes, tuées par la police, et des milliers d'autres ont été arrêtées. Malgré la répression, le mouvement ne cesse de prendre de l'ampleur. Jean-Luc Mélenchon a publié une note de blog sur le sujet, que nous vous partageons ici.

Dans ce pays on assistait déjà à un long processus de révolution citoyenne. Il s’est construit sur plusieurs années comme c’est le propre d’un processus de révolution citoyenne. D’abord ce furent les manifestations contre la vie chère durant l’hiver 2017-2018 et en novembre 2019. Puis vint une vague de contestation au début de 2020, après un crash aérien. Cette fois ci c’est un mouvement plus ancré. Il part de la protestation contre l’assassinat d’une jeune femme de 22 ans. Morte pendant sa garde à vue pour avoir « mal porté » le voile obligatoire exigé par le clergé chiite au pouvoir. La particularité de cette nouvelle « flambée » ici me semble être le redémarrage du processus à partir d’une étincelle féministe observé nulle part ailleurs avant cela sous cette forme. La forme de l’initiative de la lutte et de la mobilisation de première ligne. Ah non. Il y en a eu une autre. Les femmes qui ont fait tomber le tsar Nicolas II dans la Russie de 1917.

Dans le déroulement des évènements désormais, on voit partout une présence très déterminée des femmes. Sur les photos et les vidéos publiées sur les réseaux sociaux cette très forte présence de femmes s’exprime en première ligne des manifestations et actions qui se sont propagées depuis 5 jours à tout le pays. Le mouvement s’est étendu aussi à des quartiers populaires habituellement à l’écart de l’agitation des grandes villes. Fait notable, l’acte d’insoumission principal de ces femmes est d’apparaître sans foulard. Certaines l’ont même brûlé en public, sous les applaudissements d’une foule, composée essentiellement de la jeunesse du pays – femmes – et hommes qui les soutiennent et les protègent de la répression policière. Le foulard retiré ou brûlé n’est sans doute pas un objet de « lutte » en soi. Le geste est de portée plus large. Il concentre la dénonciation de toutes les formes d’atteintes aux droits des femmes par le pouvoir des religieux. Ici c’est la restriction de la contraception, et du droit à l’avortement. C’est la politique nataliste qui cantonne les femmes aux rôles du foyer. Et ainsi de suite. Bref la politique de toutes les théocraties du monde. La politique quand c’est la religion qui impose ses règles de force à toute la société.

Les slogans des manifestants montrent bien la centralité de la cause féministe. On y décèle aussi le moteur de fond que nous avons identifié dans les révolutions citoyennes du monde entier : l’aspiration à la liberté individuelle et à la libre disposition de soi. Et on retrouve le phénomène désormais classique, celui de « transcroissance » des revendications de l’immédiat vers la revendication du pouvoir politique. Cette phase est le moment instituant du peuple. Elle mute très vite en action pour revendiquer le pouvoir politique. Les mots d’ordre explosent hors du cadre initial. On passe alors à une phase destituante qui vise désormais le régime tout entier dans ses fondements : « Femme, vie, liberté ! » / « A bas le dictateur ! » / « Mort à Khamenei ! ». La lutte populaire prouve le courage de ce peuple et sa capacité à surmonter la peur des violences abjectes de la dictature théocratique iranienne. C’est un signal très fort dans le moment politique qui anime pays par pays tous les continents. On a des raisons de penser qu’il aura sa portée très au-delà des frontières de l’Iran. On en a des prémices en Turquie. Une vague semble bel et bien se lever. Elle se nourrira sans doute vite de toutes les frustrations que la décomposition du monde libéral va entrainer.

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Marina Mesure

Syndicalisme international

Marina Mesure is a specialist of social issues. She has worked for several years with organizations defending workers’ rights such as the European Federation of Building and Wood Workers.

She has campaigned against child labor with the International Labor Organization, against social dumping and the criminalization of unionism. As a famous figure in the international trade union world, she considers that the principle of “equal work, equal pay « remain revolutionary: between women and men, between posted and domestic workers, between foreigners and nationals ».

Marina Mesure, especialista en asuntos sociales, ha trabajado durante varios años con organizaciones de derechos de los trabajadores como la Federación Europea de Trabajadores de la Construcción y la Madera.

Llevo varias campañas contra el trabajo infantil con la Organización Internacional del Trabajo, contra el dumping social, y la criminalización del sindicalismo. Es una figura reconocida en el mundo sindical internacional. Considera que el principio de « igual trabajo, igual salario » sigue siendo revolucionario: entre mujeres y hombres, entre trabajadores desplazados y domésticos, entre extranjeros y nacionales « .

Spécialiste des questions sociales, Marina Mesure travaille depuis plusieurs années auprès d’organisations de défense des droits des travailleurs comme la Fédération Européenne des travailleurs du Bâtiment et du Bois.

Elle a mené des campagnes contre le travail des enfants avec l’Organisation internationale du travail, contre le dumping social, la criminalisation du syndicalisme. Figure reconnue dans le monde syndical international, elle considère que le principe de « travail égal, salaire égal » est toujours aussi révolutionnaire : entre les femmes et les hommes, entre les travailleurs détachés et domestiques, entre étrangers et nationaux ».

Sophia Chikirou

Directrice de la publication

Sophia Chikirou is the publisher of Le Monde en commun. Columnist, director of a documentary on the lawfare, she also founded several media such as Le Média TV and the web radio Les Jours Heureux.

Communications advisor and political activist, she has worked and campaigned in several countries. From Ecuador to Spain, via the United States, Mexico, Colombia, but also Mauritania, she has intervened with progressive and humanist movements during presidential or legislative campaigns.

In 2007, she published Ma France laïque (La Martinière Editions).

Sophia Chikirou es directora de la publicación de Le Monde en commun. Columnista, directora de un documental sobre el lawfare, también fundó varios medios de comunicación tal como Le Média TV y la radio web Les Jours Heureux.

Asesora de comunicacion y activista política, ha trabajado y realizado campañas en varios países. Desde Ecuador hasta España, pasando por Estados Unidos, México, Colombia, pero también Mauritania, intervino con movimientos progresistas y humanistas durante campañas presidenciales o legislativas.

En 2007, publicó Ma France laïque por Edicion La Martinière.

Sophia Chikirou est directrice de la publication du Monde en commun. Editorialiste, réalisatrice d’un documentaire sur le lawfare, elle a aussi fondé plusieurs médias comme Le Média TV et la web radio Les Jours Heureux.

Conseillère en communication et militante politique, elle a exercé et milité dans plusieurs pays. De l’Equateur à l’Espagne, en passant par les Etats-Unis, le Mexique, la Colombie, mais aussi la Mauritanie, elle est intervenue auprès de mouvements progressistes et humanistes lors de campagnes présidentielles ou législatives.

En 2007, elle publiait Ma France laïque aux éditions La Martinière.

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