Dimanche 25 octobre le peuple chilien a voté massivement pour la fin de la constitution de 1980 héritée du régime de Pinochet instauré par le coup d’Etat de 1973, et pour l’instauration d’un nouveau texte via une « convention constitutionnelle ».
Le peuple chilien ne s’est donc pas contenté d’une réforme constitutionnelle venant d’en haut qui aurait été accaparée par un régime restant largement sourd à la contestation populaire qui marque le pays depuis un an. Il entend affirmer sa souveraineté suprême en réécrivant lui-même les règles encadrant la vie politique du pays. Il s’agit d’une première grande victoire pour la révolution citoyenne au Chili, qui fera date également au plan international.
Une nouvelle étape s’ouvre. L’élection de l’Assemblée constituante aura lieu le 11 avril 2021. Entre temps aura eu lieu une élection présidentielle, dont le premier tour se déroulera le 21 novembre et le second le 19 décembre. L’abstention à ce referendum de la droite conservatrice et d’une partie du centre droit, pour tenter de délégitimer le processus constituant, rappelle que les nostalgiques de Pinochet, et plus globalement l’oligarchie profitant du système actuel ne lâcheront pas. Les éléments les plus radicaux ayant contesté le principe même du referendum vont se mobiliser pleinement, notamment dans le cadre de la séquence présidentielle, pour tenter désormais de s’approprier le processus constituant.
Dans ce contexte, qui verra la France insoumise soutenir pleinement les forces sociales et citoyennes qui ont porté la victoire jusqu’à cette convention constitutionnelle, le Journal de l’Insoumission remet en ligne l’entretien publié en février dernier sur la révolution citoyenne au Chili.
Plus d’un million de personnes sont descendues manifester en octobre 2019 dans les rues de Santiago. Comment expliquer ce soulèvement, au départ contre la hausse du ticket de métro ?
Le Chili, sous la dictature de Pinochet, a été le laboratoire de la forme la plus brutale du capitalisme contemporain, le « néoliberalisme ». En 1990, à la fin officielle de la dictature, beaucoup de ceux qui avaient contribué à sa mise en place ont participé aux négociations. Pour gérer le système, les gouvernements de tout bord se sont alliés avec les groupes économiques nés sous la dictature, recyclant une oligarchie coupée des citoyens. Cette démocratie formelle a préservé l’essentiel du modèle politique, économique et même répressif de la période Pinochet.
Au-delà du bol d’air de liberté, un sentiment de frustration a persisté parmi ceux qui avaient lutté contre la tyrannie et pour un changement réel. Dès le début de la « transition démocratique » se sont manifestées les revendications des peuples originaires – les mapuches -, des lycéens et étudiants, des retraités contre les fonds de pensions, des enseignants, des femmes etc. Dans un contexte de corruption généralisée mêlant dirigeants politiques, forces armés et de police, églises, entreprises publiques et privées etc., la seule réponse de l’État a été la répression.
Le 13 octobre 2019, les lycéens, déjà mobilisés contre une loi menaçant leur droit de manifester, ont allumé la mèche en sautant par-dessus les tourniquets du métro de Santiago du Chili, pour protester contre l’augmentation du prix du ticket.
Retrouvez la suite de l’entretien sur le site du Journal de l’Insoumission