Dictature de la dette, austérité, privatisations, sacrifice des travailleurs au nom de la « compétitivité »…, les offensives du capitalisme global sont relayées aux quatre coins du monde par les oligarchies nationales. Ces convergences s’observent au niveau politique : répression des luttes sociales, réduction de la vie politique à des élections – quand elles existent – surdéterminées par des médias alignés, restrictions des libertés publiques sous couvert de « sécurité », interventions militaires contre « le terrorisme », exacerbation des clivages identitaires par des oligarchies jouant des divisions…, sont des modes généralisés de gouvernement. Les orientations internationales de la France, confisquées sous la 5e République par le pouvoir exécutif, doivent être l’affaire du peuple souverain. A fortiori quand l’impérieuse nécessité est, comme le rappelait l’Avenir en Commun, la préservation de la paix.
Les tensions actuelles sont telles que certains parlent de « guerre mondiale par morceaux », susceptible de se généraliser sous l’effet de trois dynamiques.
La première renvoie à la paralysie du système de sécurité collective bâti après la seconde guerre mondiale. Crise inséparable de la transformation de l’ordre des puissances marquée par la perte d’hégémonie des États-Unis, dont la domination, contestée, repose sur le dollar, monnaie mondiale de fait, et une écrasante suprématie militaire. Deux sources de puissances déstabilisatrices qui suscitent en retour des réactions de pays s’estimant, souvent à juste titre, menacés. A ce premier facteur belligène s’ajoute la crise structurelle du capitalisme, qui « porte en lui la guerre comme la nuée porte l’orage » (Jean Jaurès). La compétition néolibérale généralisée exacerbe les tensions entre les nations, et l’explosion des inégalités entraîne une intensification des clivages et conflits sociaux que les oligarchies tentent de détourner vers les haines identitaires. Enfin, la crise écologique, marquée par le dérèglement climatique, l’effondrement de la biodiversité et la destruction des sols, aggrave nombre de conflits existants, quand elle n’est pas à leur origine. Le monde « multipolaire » qui s’esquisse n’est donc pas garant de la paix.
Face à ces défis collectifs, la France doit opérer une transformation de son action internationale. En revoyant ses alliances, via la sortie de l’OTAN et l’engagement à plein dans le cadre universel de l’ONU et du droit international, et le redéploiement de sa vision et de son action au-delà de la sphère dite occidentale. Le tout en usant d’une indépendance nationale qui, loin de l’isoler, vise à choisir les termes de son interdépendance avec le reste du monde. En promouvant le protectionnisme solidaire, social et écologique, pour rompre avec le néolibéralisme productiviste, qui repose sur la compétition de tous contre tous, l’extension sans limite de la sphère marchande déconnectée des besoins réels, et une accumulation délirante de richesses par une minorité au détriment des masses et de l’environnement. Ces objectifs impliquent d’être solidaires des soulèvements qui partout montent contre cet ordre mortifère.
Autant d’enjeux qui feront l’objet chaque trimestre d’analyses sortant des cercles spécialisés, d’entretiens hétérodoxes avec des anciens diplomates, membres d’ONG, acteurs de soulèvements populaires, élus etc.
Democratising the international arena
For the author, Arnaud Le Gall, international issues are inseparable from domestic policies. He pleads here for the people to seize back their sovereign power of decision in international matters.
Current tensions are such that some speak of a « piecemeal World War », which is likely to become more widespread as a result of three dynamics.