Cet article fait partie du dossier La Paix

Le Monde en commun publie des articles et contenus audiovisuels accessibles dans 3 langues : français, anglais, et espagnol. L’objectif est de rendre accessible tous les contenus au plus large public. Pour cela, la langue ne doit pas être un obstacle.

Nous sommes en train de constituer un groupe de volontaires qui se chargeront de traduire l’ensemble des contenus afin de les présenter dans au moins trois langues (français, anglais, espagnol).

Si vous souhaitez rejoindre le groupe, merci de nous adresser un mail à contact@linternationale.fr

Texte de référence à venir…

« Cessons de suivre les Etats-Unis dans leurs aventures dans la zone indopacifique »

"Il est temps de cesser de s’illusionner. Il est temps de retrouver l’indépendance. Le tournant “indopacifique” auquel les gouvernements français ont emboîté le pas est absurde." Nous publions ici la tribune de Jean-Luc Mélenchon publiée dans l'Opinion, suite à l'annulation par l’Australie de l’accord d’achat de douze sous-marins français.

L’annulation par l’Australie de l’accord d’achat de douze sous-marins français est un camouflet venu des USA. La portée économique sera lourde. Mais la signification géopolitique est décisive. La décision a été officialisée par Biden et les Premiers ministres britannique et australien. Ils ont annoncé une nouvelle alliance militaire tripartite (AUKUS) pour contrer la Chine dans la zone dite « indopacifique ». Au cœur de cette alliance : le futur déploiement par l’Australie des sous-marins à propulsion nucléaire, désormais fournis par les Etats-Unis. La priorité des USA est de renforcer leur présence militaire et celle de leurs affidés face à la Chine, pointée comme une « menace stratégique » par l’Otan.

Humilié, notre pays est prié de s’aligner : Biden a déjà testé son « allié » français. Il peut être rassuré ! La France a aussitôt obtempéré : elle honorera son engagement dans la zone indopacifique, tout en misant sur une « stratégie européenne » dans la région. Une mauvaise blague ! L’UE est liée à l’Otan ! Pour moi, il est temps de cesser de s’illusionner. Temps de retrouver l’indépendance. Le tournant « indopacifique » auquel les gouvernements français ont emboîté le pas est absurde.

« La France et l’Europe, régulièrement victimes indirectes des sanctions extraterritoriales étasuniennes, partagent donc les intérêts de la Chine et de la Russie »

La Chine est-elle une menace pour nous ? Non. En 2019, les dépenses militaires cumulées des pays de l’Otan représentaient plus de la moitié des dépenses militaires du monde : 1 035 milliards de dollars, dont 731 pour les seuls USA. Menacée, la Chine a augmenté ses capacités. A une vitesse « inquiétante » selon le Pentagone. C’est faux. Le budget militaire chinois est 3,5 fois moins élevé que celui des Etats-Unis. Elle a une base militaire à l’étranger, contre cinq cents pour les USA. Elle a deux porte-avions, bientôt trois, contre onze. Elle déploie 350 ogives nucléaires, contre 1 600 (280 côté français). Bref, la Chine a les moyens de sa défense, mais n’est pas une menace militaire pour la France et le monde. Elle ne veut pas faire l’erreur de l’URSS, autodétruite dans la course aux armements. Au demeurant, il lui faudrait des décennies pour ne serait-ce qu’égaler les moyens des USA.

Mais, dit l’Otan, la Chine coopère avec la Russie. Face aux méchants, les gentils doivent faire bloc. Ce rapprochement s’est en effet accéléré du fait du traitement dont ils font l’objet par les USA et leurs suppôts. Russie et Chine ont ainsi convenu de « s’éloigner du dollar américain dans le commerce » pour réduire les risques de sanctions extraterritoriales. Les Etats-Unis craignent cette menace plus que tout. Si le dollar cesse d’être la première monnaie d’échange et de réserve, sa valeur sera ramenée à l’étalon de la gigantesque dette des Etats-Unis. La France et l’Europe, régulièrement victimes indirectes des sanctions extraterritoriales étasuniennes, partagent donc les intérêts de la Chine et de la Russie.

« La relation avec la Chine est présentée comme un conflit de “valeurs” ou de “civilisations”. Là où il n’y a que compétition géopolitique »

La France ne doit pas attendre. L’humiliation ici infligée à notre pays rappelle que la compétition militaire avec la Chine ne sert que les intérêts des USA. Ils veulent conserver leur suprématie. Et c’est là une grave menace, car cette confrontation renforcera, en Chine et en Russie, les tendances nationalistes et autoritaires. La recherche d’un ennemi extérieur accompagne souvent celle d’un ennemi intérieur. Ces constats s’appliquent à la France et l’Europe, où la relation avec la Chine est présentée comme un conflit de « valeurs » ou de « civilisations ». Là où il n’y a que compétition géopolitique.

L’esprit de guerre froide nuit aux intérêts des peuples. L’heure est à des coopérations exigeantes face aux défis communs de l’humanité : changement climatique, pandémies, surarmement, épuisement des ressources. La France doit renouer avec une diplomatie non-alignée. Il ne s’agit pas de s’isoler mais de choisir souverainement les termes de notre interdépendance avec le monde. Sans renoncer aux moyens de notre indépendance militaire, qui doit servir une doctrine de défense tous azimuts, à commencer par l’espace.

Quoi qu’en disaient les bellicistes de l’époque, Charles de Gaulle n’est pas devenu maoïste quand il a fait de la France le premier pays « de l’ouest » à reconnaître la République populaire de Chine en 1964. Ni bolchevique quand la France a quitté le commandement intégré de l’Otan. Mon engagement pour un retour à l’indépendance et à une diplomatie altermondialiste est dicté par l’idée que l’urgence pour la civilisation humaine est écologique et sociale. Et non militaire.

Jean-Luc Mélenchon est député des Bouches-du-Rhône, président du groupe France insoumise à l’Assemblée nationale et candidat à l’élection présidentielle de 2022.

Lire la tribune sur le site de L’Opinion.

Dans le même dossier

Sans réelle opposition et ultra favori pour l’investiture du Parti conservateur américain, Donald Trump a largement remporté le Caucus en Iowa. L’élection américaine aura lieu le 5 novembre prochain et déjà, les observateurs demandent à Biden de muscler le…

La fin du libéralisme

Le dimanche 19 novembre, le candidat néofasciste Javier Milei a été élu avec 56% des voix, face au ministre de l’économie sortant Sergio Massa. Une élection qui intervient alors que l’Argentine est plongée dans une grave crise avec une…

Partagez !

Marina Mesure

Syndicalisme international

Marina Mesure is a specialist of social issues. She has worked for several years with organizations defending workers’ rights such as the European Federation of Building and Wood Workers.

She has campaigned against child labor with the International Labor Organization, against social dumping and the criminalization of unionism. As a famous figure in the international trade union world, she considers that the principle of “equal work, equal pay « remain revolutionary: between women and men, between posted and domestic workers, between foreigners and nationals ».

Marina Mesure, especialista en asuntos sociales, ha trabajado durante varios años con organizaciones de derechos de los trabajadores como la Federación Europea de Trabajadores de la Construcción y la Madera.

Llevo varias campañas contra el trabajo infantil con la Organización Internacional del Trabajo, contra el dumping social, y la criminalización del sindicalismo. Es una figura reconocida en el mundo sindical internacional. Considera que el principio de « igual trabajo, igual salario » sigue siendo revolucionario: entre mujeres y hombres, entre trabajadores desplazados y domésticos, entre extranjeros y nacionales « .

Spécialiste des questions sociales, Marina Mesure travaille depuis plusieurs années auprès d’organisations de défense des droits des travailleurs comme la Fédération Européenne des travailleurs du Bâtiment et du Bois.

Elle a mené des campagnes contre le travail des enfants avec l’Organisation internationale du travail, contre le dumping social, la criminalisation du syndicalisme. Figure reconnue dans le monde syndical international, elle considère que le principe de « travail égal, salaire égal » est toujours aussi révolutionnaire : entre les femmes et les hommes, entre les travailleurs détachés et domestiques, entre étrangers et nationaux ».

Sophia Chikirou

Directrice de la publication

Sophia Chikirou is the publisher of Le Monde en commun. Columnist, director of a documentary on the lawfare, she also founded several media such as Le Média TV and the web radio Les Jours Heureux.

Communications advisor and political activist, she has worked and campaigned in several countries. From Ecuador to Spain, via the United States, Mexico, Colombia, but also Mauritania, she has intervened with progressive and humanist movements during presidential or legislative campaigns.

In 2007, she published Ma France laïque (La Martinière Editions).

Sophia Chikirou es directora de la publicación de Le Monde en commun. Columnista, directora de un documental sobre el lawfare, también fundó varios medios de comunicación tal como Le Média TV y la radio web Les Jours Heureux.

Asesora de comunicacion y activista política, ha trabajado y realizado campañas en varios países. Desde Ecuador hasta España, pasando por Estados Unidos, México, Colombia, pero también Mauritania, intervino con movimientos progresistas y humanistas durante campañas presidenciales o legislativas.

En 2007, publicó Ma France laïque por Edicion La Martinière.

Sophia Chikirou est directrice de la publication du Monde en commun. Editorialiste, réalisatrice d’un documentaire sur le lawfare, elle a aussi fondé plusieurs médias comme Le Média TV et la web radio Les Jours Heureux.

Conseillère en communication et militante politique, elle a exercé et milité dans plusieurs pays. De l’Equateur à l’Espagne, en passant par les Etats-Unis, le Mexique, la Colombie, mais aussi la Mauritanie, elle est intervenue auprès de mouvements progressistes et humanistes lors de campagnes présidentielles ou législatives.

En 2007, elle publiait Ma France laïque aux éditions La Martinière.

Nous utilisons des cookies pour vous garantir la meilleure expérience sur notre site. Si vous continuez à utiliser ce dernier, nous considérerons que vous acceptez l'utilisation des cookies.