L’écologie a été un thème opportun de la campagne de Joe Biden qui après « les années noires de Trump » avait promis de réintégrer rapidement l’Accord de Paris une fois élu, et d’entrer dans une nouvelle ère où la lutte pour le climat sera au premier plan. C’est dans ce contexte que Biden a été à l’initiative d’un sommet virtuel ce jeudi 22 avril, journée internationale de la Terre. Son but est de reprendre la tête des nations dans les discussions internationales contre le réchauffement climatique et ainsi redevenir le chef d’orchestre de ce concert virtuel.
Ne nous trompons pas, Joe Biden n’est pas un écologiste. Loin de là. Sous la présidence de Obama, dont il a été le vice-président, l’action en matière écologique a été catastrophique. Exemples :
– Lors de la COP21, les Etats-Unis se sont opposés à la mise en place de plafonds d’émissions sous peine de sanction.
– Greenpeace a révélé que le Bureau de gestion du territoire avait loué des terres représentant plus de 2,2 milliards de tonnes de charbon à des entreprises privées durant les deux mandats d’Obama. Le président s’était vanté d’avoir réduit ses émissions de charbon, tout en exportant une quantité record à l’étranger en 2012.
– On se souvient également du projet de construction des oléoducs et gazoducs Dakota Access et Keystone XL sur des terres appartenant aux Amérindiens. Des chantiers soutenus par Obama lui-même, main dans la main avec Biden. La défaite de ces projets a été obtenue par la lutte acharnée des autochtones sur place, malgré une répression violente par la police et la garde nationale.
– Enfin un dernier chiffre : pendant ses mandats, la production de pétrole dans le pays a bondi de plus de 80%.
Joe Biden propose aujourd’hui un plan de 2000 milliards de dollars pour lutter contre le changement climatique. Un plan qui ne s’attaque pas au libre marché ni aux subventions à la fiscalité des entreprise les plus polluantes de la planète. Il n’évoque aucun cadre international contraignant, aucun travail démocratique pour l’élaboration de normes. Il ne promet que des discussions secrètes entre dirigeants soumis aux intérêt privés.
Dans ce contexte, le président français Emmanuel Macron, n’a offert que verbiages sans conséquences. Il s’est affiché aux côtés des pires dirigeants de la planète. Loin de l’image du champion de la Terre, il a été humilié et réduit à louer le nouveau président américain après avoir en 2017, fait allégeance à Trump. L’image de la France ainsi rabaissée par un jeune président incapable d’affirmer une volonté politique écologique.
Voici un petit tour d’horizon de ces chefs d’Etat qui se moquent de la Journée de la Terre, en totale déconnexion avec les peuples :
Salman Al Saoud, le roi d’Arabie Saoudite : l’un des pires pays du monde en termes de droits de l’homme ; il est interdit en Arabie Saoudite de critiquer le gouvernement, la monarchie et la religion. En 2014 un blogueur a été condamné à 1000 coups de fouet pour l’avoir fait. Également, d’après Amnesty International, à la fin de l’année 2020, pratiquement tous les défenseurs des droits humains saoudiens étaient soit détenus sans inculpation, soit poursuivis en justice, soit en train de purger une peine d’emprisonnement. L’Arabie Saoudite est aussi le premier producteur de pétrole au monde.
Le président turc Erdogan, qui depuis 2015 applique une politique de purge dans l’Etat turc. 200 000 fonctionnaires ont été démis de leurs fonctions pour ne pas être assez proches du parti islamiste au pouvoir, et qui en 2019 a lancé une offensive militaire meurtrière en Syrie contre les combattants kurdes qui ont résisté et fait reculé Daesh.
Le Sheikh Khalifabin Zayed Al Nahyan, aux Emirats Arabes Unis, pays qui interdit toute forme d’opposition politique et où les femmes n’ont pas le droit de travailler sans l’autorisation préalable d’un juge.
Le président d’extrême droite Jair Bolsonaro, celui qui s’est fait élire au Brésil grâce à un complot judiciaire qui a mis Lula en prison, celui dont l’ONG Human Rights Watch a dénoncé la politique qui « attaque frontalement les droits de l’homme les plus basiques » et celui qui a acceléré la déforestation en Amazonie : depuis qu’il est au pouvoir, elle a augmenté de plus de 30%.
Ivan Duque, en Colombie, où il y a eu plus de 120 assassinats de défenseurs des droits humains en 2020 : dans le rapport annuel de l’ONU sur les droits humains, la Colombie a été pointée du doigt pour des homicides et privations du droit à la vie par les forces armées et la police gouvernementale.
Ali Bongo Ondimba au Gabon, accusé en 2018 dans un rapport d’Amnesty International de détentions arbitraires et exécutions extra-judiciaires à l’encontre de la société civile gabonaise.
Narendra Modi, dirigeant ultra-nationaliste en Inde : En 2019, il a fait passer une loi pour exclure les musulmans de la citoyenneté indienne. 1,9 millions de musulmans indiens sont devenus apatrides. Amnesty international a dû suspendre son activité en Inde à cause du « harcèlement » du gouvernement de Modi contre les défenseurs des droits humains.
Et en juillet 2020, Narendra Modi a présenté un plan pour libéraliser et relancer le secteur du charbon en Inde.
Dans la vidéo diffusée pendant ce sommet virtuel international, Emmanuel Macron a salué les engagements pris par les États-Unis sur la réduction de leurs émissions de gaz à effet de serre d’ici 2030 et a appelé les 40 dirigeants présents, dont ceux cités plus haut, à « accélérer sur la mise en oeuvre des engagements à l’horizon 2030 », en demandant « un plan d’action qui soit précis, mesurable, vérifiable ». Un sommet qui a été l’occasion pour les dirigeant de faire des beaux discours sans adopter aucune mesure contraignante pour les pays et les entreprises et ainsi amorcer une véritable bifurcation écologique.