Depuis le coup d’État du 25 octobre, la population soudanaise s’organise et tente tout pour sauver son soulèvement populaire de 2019. Les manifestations sont régulières et poussent le retour à un régime civil à la tête du pays. Alors qu’une nouvelle « marche du million » a eu lieu en début de semaine, les Comités de résistance de l’État de Khartoum ont présenté une « Charte pour l’instauration de l’autorité du peuple », un document directeur qui dresse les grandes lignes d’une transition de deux ans vers plus de démocratie.
Ce document se veut le liant de toutes les forces révolutionnaires engagées dans le pays contre le pouvoir du général al-Burhan. Le texte dénonce les autorités militaires et souhaite les exclure de toute future transition. Par ailleurs la charte propose de présenter les putschistes de l’année dernière aux autorités judiciaire. C’est que le régime actuel est accusé de répression contre sa population.
Depuis octobre, 83 civils ont perdu la vie dans des manifestations durement réprimées par l’armée. Celle-ci a tiré à plusieurs reprises des balles réelles dans certaines villes du pays. Par ailleurs, Mohamed Adam, qui se fait surnommer « Tupac », est devenu une figure de la contestation. Le jeune homme de 17 ans est accusé par les autorités d’être impliqué dans le décès d’un haut gradé de la police. Il clame son innocence et rappelle qu’il était hospitalisé pour une fracture au pied lors de la mort du policier. Il affirme également avoir subi des actes de torture en détention. Aujourd’hui, il risque la peine de mort.
Le régime tente en parallèle de cette répression de faire bonne figure. Il y a quelques jours, 115 militants ont été libérés des prisons soudanaises alors qu’un émissaire de l’ONU visitait le pays. Cette centaine de détenus étaient retenus sans charges. Leurs avocats dénoncent un effet d’annonce qui cache la réalité de dizaines d’autres militants encore derrière les barreaux. Cette mesure n’a en tout cas pas fait faiblir la mobilisation de la rue où la population soudanaise maintien la pression pour sauver sa révolution.