Cet article fait partie du dossier Ecologie populaire

Le Monde en commun publie des articles et contenus audiovisuels accessibles dans 3 langues : français, anglais, et espagnol. L’objectif est de rendre accessible tous les contenus au plus large public. Pour cela, la langue ne doit pas être un obstacle.

Nous sommes en train de constituer un groupe de volontaires qui se chargeront de traduire l’ensemble des contenus afin de les présenter dans au moins trois langues (français, anglais, espagnol).

Si vous souhaitez rejoindre le groupe, merci de nous adresser un mail à contact@linternationale.fr 

Assez de bavardage écologique : contraintes et sanctions sont nécessaires

Trente ans de conférences internationales et de rapports scientifiques ont sonné l’alarme climatique. Pour quel résultat ? 60% d’émissions de CO2 supplémentaires en 26 ans. Le changement climatique est commencé. Il est irréversible. On ne se bat plus en réalité que pour empêcher davantage de dégâts. Car de nouveaux points de non-retour climatiques seront franchis très bientôt. En effet les émissions de gaz à effet de serre continuent de croître et un réchauffement de 4 degrés à la fin du siècle semble assuré. Nous publions ici la tribune de Jean-Luc Mélenchon publiée dans le journal Libération le 4 novembre 2021.

Il faudrait diviser par deux les émissions mondiales de gaz à effet de serre en moins de dix ans. Cela ne sera pas fait. Pourquoi ? Parce que le caractère purement déclaratoire de ces engagements fait de la diplomatie climatique actuelle une pure incantation. En effet, le célèbre Accord de Paris n’a prévu aucun mécanisme de sanctions. La litanie des promesses peut donc se transformer en compétition d’affichage diplomatique et de gesticulations. Le président Macron peut ainsi en toute impunité exiger des efforts du monde entier sans le moindre risque alors qu’il a été condamné deux fois par les tribunaux de son pays pour son inaction climatique. Il ridiculise la France. 

La COP26 fera-t-elle avancer les choses ? On peut en douter. On peut même craindre qu’elle les aggrave. En effet, l’article 6 de l’Accord de Paris pourrait autoriser les pays comme les entreprises qui ne tiennent pas leurs engagements à acheter…. des droits à polluer à ceux qui ne les utilisent pas. Encore une fois le mythe du marché régulateur suprême et la marchandisation de la nature ! Et la COP 26 maintient la possibilité absurde du « droit à compensation » pour les pollueurs. Risible ! Pour qu’une entreprise comme Shell « compense » ses émissions de CO2 tout en continuant à produire du pétrole, il faudrait planter des arbres sur l’équivalent de toute la surface de l’Inde.

« Sans obstacles, les multinationales poursuivent leur saccage« 

Sans obstacles, les multinationales poursuivent leur saccage. Le soutien actif aux traités de libre-échange et les 3000 tribunaux d’arbitrage privés empêchent aussi toute bifurcation écologique d’ampleur. Ainsi, pour mettre un terme au projet de méga-mine d’or en Guyane, l’entreprise concernée réclame 4,5 milliards de dédommagement à la France. La défense des biens communs mondiaux passe par la fin de ce privilège juridique des multinationales. Dans ces conditions les marchés carbone et les systèmes de compensation sont des leurres qui donnent bonne conscience a ceux qui veulent que rien ne change dans leurs affaires.  

Aucun nouvel ordre écologique mondial ne naitra jamais sans faire cesser l’impunité de ceux qui contreviennent à l’intérêt général humain. Il faut alors rappeler combien les gouvernements ont les moyens d’agir. En effet, via les entreprises d’État, ils contrôlent plus de la moitié de la production mondiale de combustibles fossiles. Et leur utilisation est copieusement arrosées par 11 millions de dollars de subventions publiques par minute à l’échelle mondiale. D’ailleurs, d’ici 2030, les prévisions mondiales de production de charbon, de pétrole et de gaz sont deux fois supérieures à celles compatibles avec le respect de l’Accord de Paris.

Dès lors il est vain de s’en remettre à la bonne volonté des intérêts qui sont impliqués par ces pratiques dévastatrices. Il est légitime de créer du droit contraignant sous l’égide de l’Organisation des Nations unies. Les propositions et les moyens juridiques sont là. Ainsi, 2000 scientifiques et 700 ONG réclament un traité de non-prolifération des énergies carbonées. La Bolivie propose aussi l’instauration d’un tribunal international de Justice climatique et environnementale depuis 2009. Les négociations pour un traité afin de contraindre les multinationales à respecter les droits humains et l’environnement ont commencé depuis 2014. Je propose un traité international de gestion universelle des grands fonds marins et l’interdiction des forages pétroliers offshore notamment en Méditerranée, mer quasi fermée qui ne survivrait pas à un accident comparable à celui qui a souillé le golfe du Mexique. L’urgence impose de mettre tout cela en œuvre. C’est possible. C’est nécessaire.

Autre évidence que révèle l’expérience concrète des catastrophes liées au changement climatiques. Combien de nations peuvent-elles réparer seules, en urgence et rapidement, les dégâts qu’occasionnent les catastrophes écologiques industrielles ? Voilà pourquoi il paraît nécessaire de mettre sur pied une force d’intervention et de sécurité écologique sous l’égide de l’ONU. Elle pourrait réunir les moyens d’intervention rapide que ce type de situation exige.

« La France a une responsabilité particulière« 

La France a mieux à faire que de s’abaisser à des gesticulations et coups de menton. Elle a des responsabilités devant l’humanité universelle. Elle est présente à tous les points-clés de l’écosystème global. Et d’abord face au cycle de l’eau aujourd’hui si lourdement perturbé. C’est le cas en Méditerranée ou existe une situation d’extrême urgence. Mais aussi dans les cinq océans et en Amazonie. Les bases scientifiques polaires françaises sont aussi des postes avancés de l’observation du changement climatique. Oui, la France a donc une responsabilité particulière.  

La France doit chercher à gagner le respect et l’adhésion à une nouvelle diplomatie climatique. Une diplomatie altermondialiste. C’est-à-dire une diplomatie qui milite pour un autre ordre du monde et d’autres normes juridiques au seul service de l’intérêt général humain. De nombreux alliés seraient disponibles car le plus grand nombre des peuples et des nations sait que la diplomatie mondiale de la canonnière qui continue à animer l’orientation du G7 est une impasse dérisoire devant la gravité de la menace qui pèse sur toute la civilisation humaine. 

Dans le même dossier

Claire Lejeune est co-responsable du département de planification écologique de l’Institut La Boétie. Elle est revenue pour l’Émission populaire sur l’appel, fait par une vingtaine de pays, dont la France, à tripler les capacités nucléaires mondiales d’ici à…

Partagez !

Marina Mesure

Syndicalisme international

Marina Mesure is a specialist of social issues. She has worked for several years with organizations defending workers’ rights such as the European Federation of Building and Wood Workers.

She has campaigned against child labor with the International Labor Organization, against social dumping and the criminalization of unionism. As a famous figure in the international trade union world, she considers that the principle of “equal work, equal pay « remain revolutionary: between women and men, between posted and domestic workers, between foreigners and nationals ».

Marina Mesure, especialista en asuntos sociales, ha trabajado durante varios años con organizaciones de derechos de los trabajadores como la Federación Europea de Trabajadores de la Construcción y la Madera.

Llevo varias campañas contra el trabajo infantil con la Organización Internacional del Trabajo, contra el dumping social, y la criminalización del sindicalismo. Es una figura reconocida en el mundo sindical internacional. Considera que el principio de « igual trabajo, igual salario » sigue siendo revolucionario: entre mujeres y hombres, entre trabajadores desplazados y domésticos, entre extranjeros y nacionales « .

Spécialiste des questions sociales, Marina Mesure travaille depuis plusieurs années auprès d’organisations de défense des droits des travailleurs comme la Fédération Européenne des travailleurs du Bâtiment et du Bois.

Elle a mené des campagnes contre le travail des enfants avec l’Organisation internationale du travail, contre le dumping social, la criminalisation du syndicalisme. Figure reconnue dans le monde syndical international, elle considère que le principe de « travail égal, salaire égal » est toujours aussi révolutionnaire : entre les femmes et les hommes, entre les travailleurs détachés et domestiques, entre étrangers et nationaux ».

Sophia Chikirou

Directrice de la publication

Sophia Chikirou is the publisher of Le Monde en commun. Columnist, director of a documentary on the lawfare, she also founded several media such as Le Média TV and the web radio Les Jours Heureux.

Communications advisor and political activist, she has worked and campaigned in several countries. From Ecuador to Spain, via the United States, Mexico, Colombia, but also Mauritania, she has intervened with progressive and humanist movements during presidential or legislative campaigns.

In 2007, she published Ma France laïque (La Martinière Editions).

Sophia Chikirou es directora de la publicación de Le Monde en commun. Columnista, directora de un documental sobre el lawfare, también fundó varios medios de comunicación tal como Le Média TV y la radio web Les Jours Heureux.

Asesora de comunicacion y activista política, ha trabajado y realizado campañas en varios países. Desde Ecuador hasta España, pasando por Estados Unidos, México, Colombia, pero también Mauritania, intervino con movimientos progresistas y humanistas durante campañas presidenciales o legislativas.

En 2007, publicó Ma France laïque por Edicion La Martinière.

Sophia Chikirou est directrice de la publication du Monde en commun. Editorialiste, réalisatrice d’un documentaire sur le lawfare, elle a aussi fondé plusieurs médias comme Le Média TV et la web radio Les Jours Heureux.

Conseillère en communication et militante politique, elle a exercé et milité dans plusieurs pays. De l’Equateur à l’Espagne, en passant par les Etats-Unis, le Mexique, la Colombie, mais aussi la Mauritanie, elle est intervenue auprès de mouvements progressistes et humanistes lors de campagnes présidentielles ou législatives.

En 2007, elle publiait Ma France laïque aux éditions La Martinière.

Nous utilisons des cookies pour vous garantir la meilleure expérience sur notre site. Si vous continuez à utiliser ce dernier, nous considérerons que vous acceptez l'utilisation des cookies.