Arrêté en 2019 pour avoir brisé la vitre d’un local de Russie Unie (le parti politique au pouvoir) puis torturé, Azat Miftakhov, doctorant en mathématiques et militant anarchiste de 30 ans, a été condamné en 2021 à une peine de 6 ans de prison suite à un procès truqué basé sur la délation d’un témoin secret.
Reconnu prisonnier politique par Mémorial France, Azat est devenu le visage de la répression de Poutine, engagé dans une campagne de persécution visant à intimider la gauche russe et réduire au silence toute opposition à son régime et à la guerre.
« La Russie est un état policier et un régime politique qui fraude toutes les libertés et toutes les vérités »
Ce sont les mots du député LFI-NUPES Aurélien Saintoul lors d’un rassemblement devant l’ambassade de Russie à Paris le 2 septembre. Depuis le début de la détention d’Azat, la communauté internationale se mobilise. Ce rassemblement à Paris s’est inscrit dans le cadre d’une journée internationale pour exiger sa libération et a été organisé deux jours avant sa sortie de prison pour mettre la pression au gouvernement de la Fédération de Russie : en effet depuis plusieurs mois, le FSB est occupé à monter un dossier pour l’accuser de faux terrorisme afin de prolonger sa détention.
Ainsi à sa sortie de prison lundi 4 septembre, le jeune homme n’a disposé que de cinq minutes pour parler à ses proches avant d’être emmené dans le fourgon de police qui l’attendait à l’extérieur et d’être conduit à Kirov où il a passé la nuit en détention provisoire. Réapparu le lendemain derrière des barreaux du tribunal de Kirov, son audience pour « apologie du terrorisme » a eu lieu au tribunal de Pervomaisky mardi matin : Azat a écopé de deux mois de détention provisoire supplémentaires avant son prochain jugement dans le cadre d’une affaire montée de toute pièce : les enquêteurs lui reprochent des propos « justifiant le terrorisme ». Lors d’une conversation avec deux témoins parmi les prisonniers, il aurait exprimé son approbation de l’explosion commise par Mikhail Zhlobitsky au FSB d’Arkhangelsk en 2018.
Escalade de la répression et pratiques illégales généralisées
Si la Russie est depuis longtemps un lieu dangereux pour tout individu ayant des idées de gauche, antifascistes, anarchistes ou militantes et militants des droits humains, ces pratiques, qui consistent à accuser de terrorisme des opposants à Poutine et visant à tuer dans l’oeuf toute libre pensée, se généralisent depuis la guerre d’Ukraine. Un renforcement de la répression que Poutine a assumé lors d’une conférence de presse le 29 juillet dernier : « Nous sommes en 2023 et la Fédération de Russie est engagée dans un conflit armé avec un voisin. Et je pense qu’il faut adopter une certaine attitude à l’égard des personnes qui nous causent des dommages à l’intérieur du pays. »
L’affaire Miftakhov fait partie des nombreux montages juridiques actuels qui s’insèrent dans une large campagne de répression et d’intimidation de la partie anti-guerre de la société russe.
De nombreuses personnalités et organisations à travers le monde se mobilisent pour la libération d’Azat : la communauté scientifique internationale, des ONG (Amnesty International, Human Rights Watch etc.), des intellectuels, académiciens, syndicalistes, élus, journalistes, citoyens… La France insoumise fait partie des partisans de la paix qui considèrent que la liberté d’expression et d’opinion des pays engagés dans cette guerre est une question déterminante pour trouver une issue pour les peuples d’Ukraine et de Russie.
La prise de parole d’Aurélien Saintoul à Paris le 2 septembre est allée dans ce sens.