La question du carburant alerte les ONG et ONU
Philippe Lazzarini, Commissaire général de l’Office de secours et de travaux des Nations unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient, déclare à ce sujet que le carburant, dont l’approvisionnement à Gaza est subordonné au bon vouloir d’Israël, ne représente que « la moitié du minimum quotidien nécessaire pour répondre aux besoins des opérations humanitaires sur place ».
« Sans carburant pour faire tourner les usines de désalinisation et de traitement des eaux, 70% des Gazaouis présents dans le Sud n’ont pas accès à de l’eau potable », d’après l’UNRWA.
Bertrand Heilbronn, Président de l’Association France Palestine Solidarité a également alerté sur cette question lors de l’émission populaire du 24 octobre 2023 : « Les Palestiniens meurent de soif. Ils boivent de l’eau de puits complètement polluée, d’autres, de l’eau de mer, c’est leur santé qui est en jeu. »
À la pénurie d’eau s’ajoute la pénurie de nourriture : le Programme alimentaire mondial des Nations unies fait état d’un « risque immédiat de famine ». Ces pénuries sont de véritables armes létales et rendent inopérantes les actions humanitaires.
Les hôpitaux ne sont pas épargnés par les pénuries. Jean-François Corty, directeur des opérations internationales à Médecins du Monde, partage un constat terrible : « nos équipes nous disent : « On soigne sans antalgique, sans antibiotiques, on ne peut pas désinfecter avec le matériel classique et on opère avec la lampe du téléphone. »
L’Organisation mondiale de la santé a annoncé avoir mené, samedi 18 novembre, une mission à l’hôpital Al-Shifa, le plus grand de la bande de Gaza, qu’elle a qualifié de « zone de mort ».
Selon l’OMS, il restait samedi dans l’hôpital plus de 250 patients et 25 soignants. Privés d’eau, de nourriture et d’électricité, ils sont désormais livrés à eux-mêmes.
Une guerre impossible à fuir
Le 10 octobre dernier, le gouvernement israélien enjoignait les Gazaouis à rejoindre le Sud dans des tracts distribués aux civils prévenant de prochains bombardements dans le Nord de Gaza. Problème, le Sud n’a pas été épargné par les bombardements. En témoignent les frappes ayant fait 60 à 70 personnes mortes à Khan Younès, ville du sud de l’enclave palestinienne.
« Les bombardements n’ont jamais cessé dans le Sud. On enjoint aux gens de s’y rendre alors qu’il n’y a aucun endroit sécurisé », dénonce Michel-Olivier Lacharité, responsable des opérations d’urgence à Médecins sans frontières (MSF) et ajoutant que « 137 personnes, salariés de MSF et leurs familles, sont restées coincées plusieurs jours autour de l’hôpital Al-Chifa, à Gaza, sans nourriture et sans eau autre que la pluie ».
« 30% des morts liés aux bombardements étaient dans le sud de la bande de Gaza » affirme Jean-François Corty, vice-président de Médecins du monde.
Face à cette situation humanitaire dramatique, seul un cessez-le-feu immédiat permettrait de mettre fin aux combats afin de garantir la fourniture en toute sécurité de l’aide à Gaza.