Nous souhaitons donc, en ce jour, apporter notre soutien aux camarades de l’Union Générale Tunisienne du Travail, force essentielle de la révolution tunisienne et Prix Nobel de la paix 2015. Ils sont la cible du régime autoritaire du président Kaïs Saïed.
Depuis son coup de force du 25 juillet 2021, Kaïs Saïed s’emploie à démanteler les contrepouvoirs. Après avoir dissous le Parlement et les instances indépendantes (Instance de contrôle de constitutionnalité des lois, Conseil supérieur de la magistrature), mis au pas la Commission électorale (ISIE), il s’est octroyé le droit de révoquer des juges sur simple rapport de police. Puis il a imposé une Constitution qui n’a recueilli l’adhésion que de 28% du corps électoral. Avant d’édicter une loi menaçant quiconque critique le régime d’une peine allant jusqu’à 10 ans de réclusion. Plusieurs militants et journalistes ont été poursuivis en vertu de ce texte liberticide.
C’est dans ce contexte qu’ont été organisées les élections législatives des 17 décembre et 29 janvier. Conçues pour affaiblir le Parlement, elles ont été boycottées par les partis politiques – qui n’avaient pas le droit de financer leurs candidats ni d’apposer leurs logos sur les bulletins de votes -, et par l’immense majorité des Tunisiens puisque la participation a été d’à peine 11%.
Face à ce désaveu populaire, Saïed s’enferme dans la fuite en avant autoritaire, et s’attaque au dernier rempart que constitue l’UGTT. Lors d’un discours tenu dans une caserne de gendarmerie, le chef de l’Etat s’en est pris à la centrale syndicale. Dans la foulée de ce discours, le camarade Anis Kaabi, secrétaire général du syndicat de Tunisie-autoroute, affilié à l’UGTT, a été placé en détention provisoire en raison de la grève des travailleurs de cette entreprise étatique.
En s’attaquant à l’UGTT, Kaïs Saïed s’en prend à une institution nationale qui représente bien plus qu’un syndicat. Dès 1946, l’UGTT a joué un rôle décisif pour l’indépendance, tout comme elle a, dès 2011, contribué de manière décisive à la révolution contre le régime de Ben Ali. Elle est la principale force d’opposition à la régression néolibérale, donc autoritaire, que le président Saïed continue de négocier avec le Fonds Monétaire International (FMI) en démantelant les maigres filets de sécurité sociale encore disponibles. Solidaires des opposants des deux rives de la Méditerranée aux dérives autoritaires consubstantielle au néolibéralisme, nous affirmons notre soutien au camarade Anis Kaabi et à l’UGTT.
Le 8 octobre 2024, Mohammed Yunus, récipiendaire du prix Nobel de la Paix (conjointement avec la Grameen Bank) et actuel Premier ministre par intérim, a promis la tenue prochaine d’élections, mais sans en annoncer le calendrier. Deux mois après l’exil forcé, et la démission de facto de la première ministre Sheikh Hasina, l’absence de date pour le scrutin n’est pas un signal rassurant quant à la restauration pleine et entière de la démocratie et de l’état de droit au Bangladesh.