À l’Assemblée nationale, le groupe insoumis fait honneur à sa raison d’être. Les charges sont franches, claires et nettes. Ni arrangement, ni tambouille. Rien n’est plus nécessaire que cette attitude. Le gouvernement qui agit sous la seule protection de l’abstention de l’extrême droite et de la droite, est davantage un concours de circonstances politique qu’une entité démocratique au sens où cela s’entend dans les démocraties parlementaires. Toute la situation le désigne sous un seul qualificatif : en sursis. La seule question est : « jusqu’à quand ? ».
Dans cette phase, la Nouvelle Union Populaire doit enraciner et développer son audience dans les milieux populaires qu’elle incarne et représente comme aucune autre force. Cela en prévision du jour prochain ou le peuple de nouveau devra décider dans quelle direction il faut faire aller le pays. Ce gouvernement finira dans le mépris de tous pour son incapacité à gérer la sauvegarde minimum des gens et de la nature. Quand les incendies galopent aussi vite dans les bois que la misère dans le peuple, le moment vient où les bons à rien qui laissent les désastres s’accumuler seront dirigés vers la porte de sortie.
D’ici là, pas de confusion, pas de collusion. La confusion serait mortelle. La confusion serait le retour à la case départ d’une gauche déracinée du peuple et de ses demandes urgentes. Il nous faut la clarté dans le brouillard gluant que le bloc réactionnaire tente de répandre sur les esprits.
Le vote contre l’augmentation du Smic fait ensemble par les macronistes et le RN, sans oublier LR, est un moment de clarification décisif. Peu importe alors les épidermes délicats qui voudraient une opposition qui ne s’oppose pas tant. Peu importe les « raisonnables » anti nupes quand ils voudraient que le peuple accepte de se contenter de peu, de « mieux que rien », et tous les refrains de la soumission ordinaire. Peu importe les comparaisons flatteuses faites par certains commentateurs qui ironisent sur le style « dépenaillé » des insoumis comparé à « l’élégance des amis de Le Pen ». Ces derniers draguent la droite élégante des beaux quartiers, en compétition avec LR et les macronistes.
Notre regard est ailleurs, à l’inverse social. Dès lors, les Insoumis ont absolument raison de parler clair : la loi en débat est une loi CONTRE le pouvoir d’achat. Quand tout ce qui est proposé est en dessous du niveau de l’inflation, Macron demande aux députés d’accepter officiellement la perte de pouvoir d’achat des salariés et des pensionnés, des locataires, des automobilistes, des consommateurs de gaz, d’électricité, de pain et d’eau. Pendant que « et en même temps » continue l’engraissement permanent des grandes fortunes.
La réaction française est la plus à droite d’Europe quand on voit l’Allemagne et la Grande Bretagne augmenter le SMIC de 30% ou imposer les profiteurs de crise. Dans ce contexte, la préparation de la marche d’octobre de la NUPES contre la vie chère commence par cette bataille dans l’hémicycle. Elle ne peut fonctionner sans une totale clarté, délimitation et détermination. Elles y sont. La NUPES va gagner la possibilité de rassembler un front social uni dans l’action. Ce dimanche là, des milliers de gens déferleront dans les rues. Ils enclencheront un cycle d’action dont je souhaite qu’il dure et soit assez fort pour peser plus lourd encore que les gilets jaunes en leur temps.
Evidemment cela ne s’oppose pas à ce que les syndicats organiseront en semaine par la grève. La date en octobre a été choisie pour ne pas gêner les mobilisations syndicales annoncées pour septembre. Tout ce que je vois ici me confirme l’urgence du coup d’arrêt qu’il faut infliger à la macronie et à ses bagages accompagnés : LR et le RN. Tout ce que je vois ici en Amérique prouve une règle simple : il n’y a aucune limite à la privatisation et à la marchandisation de tout par les néolibéraux. Ou plutôt il n’en existe qu’une : la résistance frontale et opiniâtre à tout ce qu’ils entreprennent. Si on ne les arrête pas, ils n’arrêteront jamais d’eux même.
Entre Tegucigalpa au Honduras et Bogota en Colombie, on vole d’abord vers Panama où se font toutes les connexions de l’Amérique centrale. Deux heures de vol au calme (enfin !) pour faire le point. J’ai été reçu au Honduras avec une grande ferveur amicale. Petit à petit je réalise combien notre campagne présidentielle et législative a été suivie ici dans les milieux de gauche et quel espoir elle a soulevé. Une victoire en France de « la gauche radicale », comme disent les médias, aurait été une extraordinaire respiration pour eux tous. C’était pour eux le signal de ce sursaut du vieux continent qu’ils attendent tant.
Du fait de notre progression constante d’une élection à l’autre depuis 2012, ils me voient ici comme la pointe avancée d’un processus en cours. Pas du tout comme la fin de la vague commencée en 2010 avec l’émergence de Podemos. Beaucoup de ce que nous avons écrit et produit de toutes les façons possibles a été amplement suivi et reformulé autant de fois que possible. Juste retour des choses. Nombre des inspirations qui m’ont animées viennent de cette Amérique du sud en lutte contre le néolibéralisme. Je pourrai presque situer pays par pays les apports programmatiques ou les « intuitions » qui m’ont ensuite habité.
Je crois pourtant devoir dire que très rapidement une certaine différence d’approche a distingué notre démarche intellectuelle de la leur. Eux sont en général dans une approche de gauche restée plus classique. Nous, nous avons quasi immédiatement intégré notre vision de l’Histoire contemporaine et nos stratégies dans le cadre de la théorie de « l’Ere du peuple et de la révolution citoyenne ». Il s’agit d’un cadre théorique très profondément renouvelé par rapport à la formulation de l’ancienne doctrine révolutionnaire du socialisme. De leurs côté ils expriment un anticapitalisme fortement mâtiné de volonté de compromis très fluctuant. Mais depuis peu, ils s’inscrivent dans une approche écologiste mieux intégrée et déclinée en pratiques militantes.
Le cas de Gustavo Petro en Colombie est cependant assez différent. En effet il intègre au cœur de sa démarche le concept d’intérêt général humain et son contenu écologique fondamental. Quoi qu’il en soit, ils pratiquent tous un anti-impérialisme clair et net. Il n’a pas tout à fait la même définition anticapitaliste qu’il a eu en Europe. Nous devons savoir qu’il est assez largement confondu avec le nationalisme qui a permis des indépendances du continent au début du dix-neuvième siècle. Ne l’oublions pas : les Nations de l’Amérique du sud ont à peine deux cents ans. Elles se sont constituées dans la lutte anticolonialiste contre l’empire espagnol. Leur nationalisme se prolonge facilement par nécessité compte tenu de l’agressivité du voisin nord-américain. C’est une quasi constante de toute l’histoire de ce dernier.
En 229 d’existence, les USA ont été en guerre 222 ans. Un pur symbole de la violence dont ils sont capables : leur annexion de la moitié du territoire du Mexique. Le reste a suivi sans trêve ni pause jusqu’à nos jours, de putschs en invasions comme à la Grenade, Cuba ou au Panama. Certes il y a aussi des moments de temps suspendu quand la stratégie des gringos est prise en défaut par une résistance nationale populaire victorieuse. C’est le cas aujourd’hui après l’échec d’une série de tentatives de reprise en main sur des pays rebelles.
Après l’échec des embargos asphyxiants Cuba ou le Venezuela, les USA ont appuyé ou provoqué une série de putschs « constitutionnels » validés par des décisions de destitutions prises par des « Cours Suprêmes » bien contrôlées. Ce fut le cas au Guatemala, au Paraguay, au Brésil, au Honduras en Bolivie et j’en oublie surement. Si l’on excepte la Bolivie, avec ses immédiats pogroms d’indiens et ses massacres à domicile des opposants, le reste de ces coups d’État ne recoururent au meurtre et aux assassinats qu’en après-vente et lentement. Mais la tuerie n’en descend pas moins souvent en profondeur : au Honduras, en Colombie au Salvador, beaucoup d’assassinats. Les bons esprits européens bêlaient en cadence contre le régime Vénézuélien. Ici on tuait à tour de bras tranquillement dans les pays où vivent les gentils dirigeants assassins amis de l’Europe et de Etats Unis.
À présent le résultat de la politique des USA est un échec total. L’un après l’autre, les pays sous tutelle élisent des équipes de gauche. Il n’y en a jamais eu autant. La Bolivie par exemple a reconduit au premier tour la gauche au moment où l’illuminée qui avait pris le pouvoir, bible en main, pensait avoir domestiqué des indiens terrorisés. À présent voici que se dessine une probable victoire de Lula au Brésil. Il s’agit de la dixième économie du monde. Et le Brésil de Lula a été un acteur actif de la coalition des BRICS (Brésil/Russie/Inde/Chine/ Afrique du sud). Il s’agissait pour eux d’ouvrir la voie à une alternative à la domination du dollar sur l’économie mondiale. Rien de moins. On voit la connexion. L’empire US est donc à cran à l’approche de cette élection en octobre prochain. Raison pour laquelle sa marionnette Bolsonaro s’agite beaucoup et menace son propre pays d’un coup d’état de type Trumpiste.
Mais que ce soit au Honduras, au Mexique ou en Colombie, nos amis refusent le choc frontal avec l’Empire US. Nul n’y trouverait son intérêt m’ont-ils expliqué. Le Mexique exporte 85 % de sa production vers les Etats Unis. 40 millions de Mexicains y sont recensés. Leurs envois d’argent aux familles restées au pays sont une rentrée de dollars vitale pour l’économie du pays. Au Honduras de même. Cela représente 25 % de la fortune annuelle du pays. Et 10 % de sa population vit aux Etats Unis. Donc, sans illusion, chacun me confirme chercher un point d’équilibre avec les USA. Dans ce cas, Joe Biden, le président actuel, leur semble plus praticable que Donald Trump.
Pour ma part je ne crois pas que les USA les traitent autrement que comme des arrières cours, quel que soit le président. Surtout quand il s’agit de nationaliser ou de renégocier les contrats léonins que les multinationales gringos ont conclu en corrompant les sommets de l’Etat. J’aimerais me tromper. Mais il n’y a pas de parti aux USA capable de résister au pouvoir financier des multinationales qui les arrosent d’argent à chaque élection. Dès lors, s’il faut composer, autant être lucide sur les marges de manœuvre dont on dispose.
Sur place, les paramètres de la relation avec les USA sont donc soigneusement analysés. Ce qu’ils veulent, ce qu’ils acceptent où n’acceptent pas, varie d’un pays à l’autre. Et aussi d’une saison à l’autre, au rythme des luttes internes de la bureaucratie des services de sécurité US, omniprésents sur tous les dossiers. Dans le moment, au Honduras, l’objet de l’attention pour la stratégie est la question de la Constituante cœur de la stratégie et du programme de « LIBRE » le parti de la présidente. Ce fut le point de départ prétexte du putsch en 2009. Un souvenir très traumatique. Des milliers de morts parmi les militants politiques et dans la population ensuite livrée à la violence des bandes armées militaires ou paragouvernemental. Sans oublier le sentiment d’impunité des gouvernements ultra-libéraux qui vendirent tout ce qui se pouvait dans le pays : les rivières, les nappes d’eau, les forêts domaniales, les barrages hydroélectriques etc… Alors, personne ne supporterait me dit-on une entrée délibérée dans la conflictualité si elle devait ramener à la case de quasi guerre civile.
Sans rien retirer du projet, l’équipe en place agit avec précaution. À commencer par la mise en œuvre de son projet politique comme la promulgation d’une nouvelle Constitution. Cela avait donc été le prétexte des militaires pour le putsch de 2009. À présent l’objectif est de parvenir à obtenir un accord politique général pour définir la méthode de travail sur cet objectif. Il a été décidé de le construire étape par étape. Dans l’immédiat, il a été convenu qu’il faudrait d’abord attendre le renouvellement de tous les organes institutionnels concerné par la procédure constitutionnelle.
La Cour Suprême du Honduras est directement concernée. Elle doit se prononcer le moment venu sur la procédure constitutionnelle et sur sa conduite. Elle même doit être renouvelée l’an prochain. La campagne pour sa nouvelle composition a déjà commencé. Et déjà un point bloquait tout. Au lendemain du putsch, puis de l’élection truquée qui avait fini par se tenir, la loi avait été changé concernant la composition de cette Cour suprême. Toute candidature d’une personne ayant exprimé un engagement politique était interdite. Ce qui revenait à éliminer toute personnalité s’étant prononcée contre le putsch ou contre le truquage des élections. Car cette protestation était considérée comme du militantisme politique partisan. Le soir de notre départ la bonne nouvelle est arrivée : un accord majoritaire a permis l’abrogation de cette disposition par l’Assemblée Nationale. Un pas important est ainsi franchi. La suite peut venir avec un accord sur la composition de la prochaine Cour Suprême pour qu’elle ne soit plus un état-major de soutien aux adversaires du gouvernement. Cet exemple montre la difficulté de la tache de l’équipe au pouvoir autour de la présidente Xiomara Castro.
Je voudrai que mes lecteurs les plus attentifs méditent la forme que peut prendre une bataille politique aussi fondamentale. C’est parfois un numéro d’équilibriste. Notre parti pris du refus de la violence en politique commande un tel soin. Encore une fois : qui gagne à être le déclencheur de la confrontation quand elle a lieu ? Car l’impression qui en résulte pèsera ensuite jusqu’au dénouement.
Ici ceux qui ont la charge essentielle de l’action gouvernementale forment une équipe spectaculairement jeune. À chaque réunion avec eux je me serais cru dans le groupe insoumis de l’Assemblée nationale. D’autant qu’ils connaissent assez bien notre campagne et nos mots d’ordre. Mais ce qui impressionne le plus c’est à la fois la capacité de travail de ces gens et leur implacable détermination. Et cela quand bien même ils s’en tiennent tous à la ligne du « pas à pas » voulue par la présidente.
Pendant ce temps, dans les campagnes, des comités de pouvoir populaire tachent de se mettre en place et travaillent des textes de lois ou des articles de la Constitution. On leur enverra le député de Villeurbanne Gabriel Amard à la première occasion pour transférer ses savoirs faire sur le sujet. Cela complètera une longue série d’échange comme nous en avons à chaque élection et entre elles. Ainsi se prolongera la coopération avec les équipes latinos qu’anime auprès de moi Christian Rodriguez et souvent avec la présence sur place de la députée de Paris Sophia Chikirou qui dirige la communication de nos campagnes présidentielles. Le nouveau pouvoir de Xiomara Castro au Honduras a six mois de gouvernement seulement derrière lui. Il affronte une situation très dure, je l’ai décrit. L’observer au travail est une mine de savoirs à venir. Notre force vient aussi d’ici, de ce que nous avons appris avec eux.
Aujourd’hui je rencontre Gustavo Petro. Le vainqueur de l’élection présidentielle en Colombie. Une victoire acquise à l’issue d’une très longue marche, souvent seul contre tous. Une victoire portée par un processus politique construit avec patience. Au milieu d’une tuerie sans fin des militants par le narcotrafic, la police, les paramilitaires et tout ce que ce pays compte de voyous officiels. Mais aussi par deux immense vagues de mobilisation citoyenne de rue sous la forme d’une « grève civique » : chaque jour des milliers de gens dans la rue propageant l’indignation et la prise de conscience de tout changer pour de bon.
Traducción al español
RUMBO A BOGOTÁ, MUY DE ACUERDO CON LOS DIPUTADOS INSUMISOS
En la Asamblea Nacional, el grupo insumiso honra su razón de ser. Los cargos son francos, escuetos y claros. Sin arreglos ni tambores. Nada es más necesario que esta actitud. El gobierno, que actúa bajo la única protección de la abstención de la extrema derecha y de la derecha, es más una combinación de circunstancias políticas que una entidad democrática, en el sentido de lo que esto se entiende en las democracias parlamentarias. Toda la situación lo designa bajo un solo calificativo: suspendido. La única pregunta es: « ¿hasta cuándo? »
En esta fase, la Nueva Unión popular y social (NUPES) debe arraigar y desarrollar a su audiencia en los círculos populares que encarna y representa como ninguna otra fuerza. Esto, en previsión del día siguiente, cuando la gente nuevamente tendrá que decidir en qué dirección orientar al país. Este gobierno terminará despreciado para todos por su incapacidad para gestionar la más mínima salvaguarda de las personas y de la naturaleza. Cuando los incendios galopan tan rápido en el bosque como la miseria entre la gente, llegará el momento en que los buenos para nada, los que permiten que los desastres se acumulen, serán expedidos hacia la puerta de salida.
Hasta entonces, sin confusión, sin colusión. La confusión sería mortal. La confusión sería el regreso a la casilla de salida de una izquierda desarraigada del pueblo y de sus demandas urgentes. Necesitamos claridad en la niebla viscosa que el bloque reaccionario está tratando de extender en las mentes de la gente.
El voto en contra del aumento del SMIC (sueldo mínimo legal) impulsado conjuntamente por los macronistas y RN (los lepenistas) sin olvidar a LR (la derecha tradicional) es un momento decisivo de clarificación. Poco importan entonces las delicadas epidermis que quisieran una oposición que no se oponga tanto. Poco importan los anti-NUPES « razonables » a quienes les gustaría que la gente aceptara contentarse con poco, con un « peor es nada », y con todos esos estribillos de la sumisión ordinaria. Poco importan las halagadoras comparaciones hechas por algunos comentaristas que ironizan sobre el estilo « hirsuto » de los diputados insumisos en comparación con « la elegancia de los amigos de Le Pen ». Estos últimos coquetean con la elegante derecha de los bellos barrios, en competencia con LR y los macronistas.
Nuestra mirada está en otra parte, en el opuesto social. Por lo tanto, los insumisos tienen toda la razón al hablar con claridad y fuerza: la ley en discusión es una ley CONTRA el poder adquisitivo. Cuando todo lo que se propone está por debajo del nivel de inflación Macron pide a los diputados que acepten oficialmente la pérdida de poder adquisitivo para los empleados y pensionistas, los inquilinos y automovilistas, los consumidores de gas, electricidad, pan y agua. Al mismo tiempo que continúa el engorde permanente de las grandes fortunas. La reacción francesa es la más hábil en Europa cuando vemos a Alemania y Gran Bretaña aumentar el sueldo mínimo en un 30% o decretar impuestos a los especuladores de la crisis.
En este contexto, la preparación de la marcha de la NUPES contra el alto costo de la vida, propuesta para octubre próximo, comienza con esta batalla en el hemiciclo de la Asamblea Nacional. Pero ello no podrá funcionar sin una claridad total, una delimitación y gran determinación. Ya están en eso. La NUPES tendrá la oportunidad de reunir un frente social unido en la acción. Ese domingo, miles de personas saldrán a las calles. Desencadenarán un ciclo de acción que espero duradero y lo suficientemente fuerte como para pesar aún más que los chalecos amarillos en su momento.
Obviamente, esto no excluye lo que los sindicatos organizarán durante la semana de huelga anunciada. La fecha de octubre fue elegida precisamente para no entorpecer las movilizaciones sindicales previstas en septiembre. Todo lo que veo hasta aquí me confirma la urgencia de la parada en seco que debe infligirse a la macronía y a su séquito LR y RN. Todo lo que veo aquí en América Latina demuestra una regla simple: no hay límite para la privatización y mercantilización de todo por parte de los neoliberales. O mejor dicho, solo hay uno: el de resistencia frontal y obstinada a todo lo que emprenden. Si no los detenemos, nunca se detendrán por su cuenta.
Entre Tegucigalpa en Honduras y Bogotá en Colombia, volamos primero a Panamá donde se realizan todas las conexiones de Centroamérica. Dos horas de vuelo tranquilo (¡por fin!) para hacer un balance. En Honduras me recibieron con un gran fervor amistoso. Poco a poco me voy dando cuenta de lo bien que nuestra campaña presidencial y legislativa fue seguida aquí por muchos en los círculos de izquierda y qué esperanza ello levantó. Una victoria de « la izquierda radical » —como dicen los medios de comunicación— en Francia, habría sido un aliento extraordinario para todos aquellos que vieron en esa perspectiva una señal anticipada del estallido del viejo continente que tanto esperan. Debido a nuestro progreso constante, de elección en elección, desde 2012, me ven aquí como la punta de lanza de un proceso en curso. De ninguna manera, como el final de la ola que comenzó en 2010 con la irrupción de Podemos en España. Gran parte de lo que hemos escrito y producido de todas las maneras imaginables ha sido ampliamente seguido y reformulado tantas veces como les fue posible. Un justo giro de situación. Muchas de las inspiraciones que me han animado provienen de este continente sudamericano en lucha contra el neoliberalismo. Podría situar casi país por país las contribuciones al programa o a las « intuiciones » que entonces me habitaban. Debo decir, no obstante, que muy rápidamente una cierta diferencia de enfoque distinguió nuestro enfoque intelectual del de ellos. Generalmente están con un enfoque de izquierda que se mantiene algo más clásico. Nosotros integramos casi de inmediato nuestra visión de la historia contemporánea y nuestras estrategias en el marco de la teoría de la « Era del Pueblo y de la Revolución Ciudadana « . Este es un marco teórico muy profundamente renovado en comparación con la formulación de la vieja doctrina revolucionaria del socialismo. Por su parte, ellos expresan un anticapitalismo fuertemente mezclado con un deseo de compromiso muy fluctuante. Pero recientemente, se inscriben en un enfoque ecológico mejor integrado y ya encarnado en las prácticas militantes. El caso de Gustavo Petro en Colombia, sin embargo, es muy diferente.
De hecho, integra en el corazón de su enfoque el concepto de interés general humano y su contenido ecológico fundamental. Sea como sea, todos ellos practican un antiimperialismo claro e inequívoco. No tienen la misma definición anticapitalista que teníamos en Europa. Debemos saber que ésta se confunde bastante con el nacionalismo que permitió la independencia del continente a principios del siglo XIX. No lo olvidemos, las naciones de América del Sur tienen apenas doscientos años de existencia. Se formaron en la lucha anticolonialista contra el Imperio español. Su nacionalismo se prolonga fácilmente, por necesidad, dada la agresión del vecino norteamericano. Es una constante de casi toda la historia de esta último. En 229 años de existencia, los Estados Unidos estuvieron en guerra durante 222 años. Un símbolo puro de la violencia de la que son capaces es su anexión de la mitad del territorio de México.
El resto siguió sin tregua ni pausa hasta nuestros días, de golpe en invasión como en Granada, Cuba o Panamá. Ciertamente también hay momentos de tiempo suspendido en que la estrategia de los gringos es puesta en jaque o derrotada por una resistencia nacional popular victoriosa. Este es el caso hoy, después del fracaso de una serie de intentos por recuperar el control sobre los países rebeldes. Después del fracaso de los asfixiantes embargos a Cuba o Venezuela, Estados Unidos apoyó o provocó una serie de golpes de Estado « constitucionales » validados por decisiones de juicio político tomadas por « Tribunales Supremos » bien controlados. Este fue el caso en Guatemala, Paraguay, Brasil, Honduras y Bolivia, y probablemente olvido algunos. Con la excepción de Bolivia con sus matanzas inmediatas de indios y sus masacres en las casas de los opositores, en el resto de estos golpes de Estado recurrieron al asesinato selectivo y lentamente. Sin embargo, la matanza en profundidad no fue menos recurrida. En Honduras, en Colombia y El Salvador, muchos activistas sociales han sido asesinado.
Los buenos espíritus europeos berrean contra el régimen venezolano. Pero aquí se mataba silenciosamente, en los países donde viven esos simpáticos líderes asesinos, tan amigos de los dirigentes de Europa y Estados Unidos. Hoy, el resultado de la política estadounidense es un fracaso total. Uno tras otro, los países bajo administración fiduciaria eligen gobiernos de izquierda. Nunca ha habido tantos. Bolivia, por ejemplo, devolvió el poder a la izquierda en la primera vuelta en un momento en que la mujer iluminada que había tomado el poder Biblia en mano, pensó que había domesticado a los indios aterrorizados. Ahora, la probable victoria de Lula en Brasil está tomando forma. Es la décima economía más grande del mundo. Y el Brasil de Lula ha sido un miembro activo en la coalición BRICS (Brasil/Rusia/India/China/Sudáfrica). Para ellos, se trata de allanar el camino para establecer una alternativa multipolar a la dominación del dólar sobre la economía mundial. Nada más ni nada menos. Vemos la conexión. Por lo tanto, el imperio estadounidense está en vilo en el período previo a estas elecciones del próximo mes de octubre. Es por eso que su títere Bolsonaro está muy agitado y amenaza a su propio país con un golpe de estado al estilo trumpista.
Pero ya sea en Honduras, México o Colombia, nuestros amigos rechazan el choque frontal con el imperio de E.E. U.U. Nadie encontraría su interés en ello, me explicaron. México exporta el 85 % de su producción a Estados Unidos, donde cotizan 40 millones de mexicanos. Enviar dinero a las familias en casa es un retorno en dólares vital para la economía del país. En Honduras también. Representa el 25% de la riqueza anual del país. Y el 10% de lapoblación vive en los Estados Unidos. Así que, sin ilusión, todo el mundo confirma que buscan un punto de equilibrio con los Estados Unidos. En este caso, Joe Biden, el actual presidente, les parece más practicable que Donald Trump.
Por mi parte, no creo que Estados Unidos los trate más que como patios traseros, independientemente del presidente de turno. Sobre todo, cuando se trata de nacionalizar o renegociar los contratos leoninos que las multinacionales gringas han concluido corrompiendo las cúpulas del Estado. Quisiera equivocarme. Pero no hay ningún partido en Estados Unidos capaz de resistir el poder financiero de las multinacionales que los inundan de dinero en cada elección. Por ello, si es necesario componer, valga ser lúcidos sobre el margen de maniobra del que se dispone. Por lo tanto, en cada lugar y momento, los parámetros de la relación con los Estados Unidos se analizan cuidadosamente. Lo que quieren, lo que aceptan o no aceptan varía de un país a otro. Y también de una temporada a otra, al ritmo de las luchas internas de la burocracia, de los servicios de seguridad estadounidenses omnipresentes en todos los expedientes.
En este momento, en Honduras, el objeto de atención para la estrategia es la cuestión de la Asamblea Constituyente en el corazón de la estrategia y del programa « LIBRE » del partido de la presidenta. Este fue el pretexto de partida del golpe en 2009. Algo muy traumático. Hubo miles de muertos, tanto entre activistas políticos como entre la población; asesinatos que fueron encomendados a la violencia de bandas paramilitares armadas o militares gubernamentales. Sin dejar de mencionar la sensación de impunidad de los gobiernos ultraliberales que vendieron todo lo que se podía vender en el país: ríos, mantos freáticos, bosques estatales, represas hidroeléctricas etc… Por lo tanto —me dicen— nadie apoyaría una entrada deliberada en conflicto si esto devolviera el país a la casilla inicial de la cuasi guerra civil. Sin renunciar a nada del proyecto, el equipo en el poder actúa con precaución. Empezando por la puesta en marcha de su proyecto puramente político como es el de la promulgación de una nueva Constitución. Este había sido el pretexto que los militares usaron para justificar el golpe de 2009. El objetivo ahora es llegar a un acuerdo político general sobre cómo trabajar en torno a este objetivo. Se decidió construirlo por etapas, paso a paso.
Para el futuro inmediato, se acordó que primero debía esperarse la renovación de todos los órganos institucionales involucrados en el procedimiento constitucional. Esto le atañe muy directamente al Tribunal Supremo Electoral que debe decidir cuándo llegará el momento del procedimiento constitucional y sobre su conducción. Está previsto que se renueve el próximo año. La campaña para una nueva composición ya ha comenzado. Y ya, un solo punto lo bloqueó todo. A raíz del golpe de Estado, y luego de las elecciones amañadas que finalmente se celebraron, se cambió la ley relativa a la composición de este Tribunal Supremo Electoral, en la cual se prohíbe la candidatura de una persona que haya expresado un compromiso político partidario. Esto equivalía a eliminar a cualquier personalidad que se hubiese pronunciado en contra del golpe o en contra del amañamiento de las elecciones, porque este tipo de protesta fue considerado como activismo político partidista.
La noche de nuestra partida llegó la buena noticia: un acuerdo mayoritario permitió la derogación de esta disposición por parte de la Asamblea Nacional. Por lo tanto, se ha dado un paso importante. El resto puede llegar con un acuerdo sobre la composición del próximo Tribunal Supremo Electoral para que ya no sea un equipo de apoyo a los opositores del gobierno. Este ejemplo muestra la dificultad de la tarea del equipo gobernante en torno a la presidenta Xiomara Castro.
Me gustaría que mis lectores más atentos meditaran sobre la forma que puede tomar una batalla política tan fundamental. A veces es un número de equilibrista. Nuestro sesgo asumido de rechazar la violencia en la política requiere tales precauciones. Porque, una vez más, ¿quién se beneficia de ser el desencadenante de la confrontación, cuando ésta tiene lugar ? Pues la impresión resultante pesará luego hasta el desenlace. Aquí, quienes tienen la responsabilidad esencial de la acción del gobierno forman un equipo espectacularmente joven. En cada reunión con ellos me habría creído en el grupo Insumiso de la Asamblea Nacional francesa.
Sobre todo, porque conocían bastante bien nuestra campaña y nuestras consignas. Pero lo que impresiona más, es tanto la capacidad de estas personas para trabajar, como su determinación implacable. Y además, adhiriendo todos a la línea del « paso a paso » que quiere la presidenta. Mientras tanto, en el campo, los comités del poder popular están tratando implantarse para abordar los problemas y están trabajando en la legislación o en los artículos de la Constitución. Tan pronto como sea posible y oportuno les enviaremos nuestro diputado de Villeurbanne, Gabriel Amard, para transferir sus conocimientos prácticos sobre el tema. Esto completará una larga serie de intercambios como los que practicamos durante cada elección y entre ellas. Así continuará la cooperación con los equipos de latinos insumisos que Christian Rodríguez lidera conmigo y, muchas veces, con la presencia en el terreno de la diputada de París Sophia Chikirou, quien dirige la comunicación de nuestras campañas presidenciales.
El nuevo poder de Xiomara Castro en Honduras lleva solo seis meses de gobierno sobre sus hombros. Se enfrenta a una situación muy difícil como ya lo describí. Observarlo manos a la obra representa una mina de conocimientos por venir. Nuestra fuerza también viene de aquí, de lo que vamos aprendiendo con ellos.
Mañana me reúno con Gustavo Petro. El ganador de las elecciones presidenciales en Colombia. Una victoria adquirida al final de una marcha muy larga, a menudo solos contra todos. Una victoria lograda a través de un proceso político construido con paciencia, en medio de un sinfín de asesinatos de militantes por parte del narcotráfico, la policía, los paramilitares y todo lo que este país tiene de matones y sicarios oficiales. Pero lograda también mediante dos enormes oleadas de movilización ciudadana callejera en forma de « huelga cívica »: cada día, con miles de personas en la calle difundiendo indignación y la conciencia de cambiarlo todo de una vez por todas.