Des milliers d’Équatoriens, principalement issus des communautés indigènes, sont descendus dans la rue dans près de la moitié des provinces du pays pour exprimer le malaise qu’ils ressentent au sein de la société. Les blocages se sont ainsi multipliés sur les routes. C’est la forte hausse des tarifs du carburant qui a agi comme l’élément déclencheur de ce mouvement. Cette hausse est le marqueur d’une politique libérale débridée menée par Guillermo Lasso, le président du pays, depuis son arrivée au pouvoir. En octobre de l’année dernière, il avait déjà augmenté unilatéralement le prix de l’essence. Un prix qui subit désormais les effets de l’inflation. Le gouvernement a également diminué les aides à la population, préférant user de leviers auprès des entreprises au nom de la reprise du travail.
Dans le même temps, les inégalités ont continué de se creuser avec des populations indigènes particulièrement affectées. Cette manifestation générale, appelée par plusieurs organisations syndicales, est donc l’expression d’un ras-le-bol. Plusieurs incidents ont été relevé aux niveaux de quelques barrages filtrants et moins d’une dizaine de blessés ont été recensés jusqu’à présent.
La réponse du président Lasso ne laisse pas de place au doute quant à sa volonté d’écouter les demandes de ses concitoyens : « Nous ne permettrons pas à la paralysie de s’installer dans ce pays » a-t-il publié sur Twitter. De son côté, Patricio Carrillo, ministre de l’intérieur, a réaffirmé son attachement à « l’ordre public ». Le gouvernement a par ailleurs lancé une opération de communication en parallèle à ce mouvement national pour rallier ses électeurs à sa cause. Le hashtag #NoPodemosParar (qui pourrais se traduire par « Nous ne pouvons pas bloquer » ou « nous arrêter ») a ainsi été lancé pour dénoncer les conséquences économiques d’un tel blocage et valoriser l’importance du travail. Une manifestation est ainsi assimilée à un frein à la reprise économique alors que l’Équateur ressent encore les effets liés à la crise sanitaire. Une reprise qui bénéficie avant tout à une élite et laisse de côté toute une partie de la société. Difficile alors d’imaginer qu’un hashtag suffise à répondre aux revendications…