Le prix Pritzker est à l’architecture ce que les prix Nobels sont à la physique-chimie et à la médecine ou les médailles Fields aux mathématiques. Le prix suprême qui vient couronner une carrière d’architecte. Ses récipiendaires passés sont Oscar Niemeyer, Jean Nouvel ou Zaha Hadid. Cette fois, c’est au tour de Diébédo Francis Kéré de recevoir les honneurs. Né à Gando, au Burkina Faso, il dispose désormais d’un cabinet implanté à Berlin. Architecte engagé, il devient la première personne issue du continent africain à remporter le prix tant convoité.
Francis Kéré conçoit l’architecture comme un outil de transformation de communautés vers plus de pouvoir. Il estime que l’utilisation de matériaux locaux est indispensable pour avoir un impact positif et durable sur les populations et le climat. Tel qu’il le dit lui-même « les problématiques climatiques, de démocratie et de difficulté d’accès aux ressources nous concernent tous ». Son travail se focalise ainsi sur des pays où ces problématiques sont généralisées. Le jury d’attribution salue la démarche pionnière adoptée par l’architecte dans la prise en compte de toutes ces dimensions.
Ses travaux adoptent souvent de la pierre ou de la brique couplée avec d’autres éléments d’isolation permettant de la climatisation passive, sans faire appel à de l’air conditionné. Une façon de réguler la température de lieux de vie dans des pays impactés par les variations de température liées au changement climatique. Par le biais de sa fondation, créée en 1998, il participe activement à la création de bâtiments publics dans des pays en difficultés. Ce type d’infrastructures est donc omniprésent dans sa production avec des établissements scolaires, librairies ou la future assemblée nationale du Burkina Faso. Ses choix stylistiques font par ailleurs appel à des symboles et un imaginaire propre à l’Afrique de l’Ouest, enracinant ses créations dans une culture unique.