Cet article fait partie du dossier La fin du libéralisme

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Rio Tinto, chronique d’un groupe en mal d’éthique

À Madagascar, c’est un habitué des scandales écologiques et sociaux qui fait à nouveau parler de lui. Rio Tinto, géant minier anglo-australien, est accusé d’avoir activement participé à la pollution d’un cours d’eau de l’île. Une critique supplémentaire pour un groupe régulièrement pointé du doigt.

Une eau rouge et huileuse, une odeur âcre et en bout de chaîne une mine d’extraction. C’est la scène à laquelle ont assisté les habitants de Tôlagnaro au cours du mois de février. L’entreprise qui exploite la mine ? QMM, une filiale de Rio Tinto. La présence de la multinationale ici n’est pas une surprise : le sud-est de Madagascar regorge d’ilménite, un minerai employé dans la fabrication de peinture. Une exploitation de la mine polluante. Tous les jours de l’eau polluée doit être stockée dans un bassin sur site. Un bassin qui n’est pas protégé contre les risques de débordement.

De l’eau de ce bassin est ainsi suspectée de s’être déversée dans le fleuve en contrebas, lui donnant une couleur qui alimente les inquiétudes. Des analyses vont être conduites afin de connaître l’origine de cette eau, et déterminer si elle est potable ou non. Celle-ci est en temps normal consommée par les habitants de la zone, ce qui fait peser sur eux un véritable enjeu de santé publique auquel tentent désormais de répondre les autorités locales. Toujours est-il qu’il s’agit d’une énième difficulté dans laquelle est impliquée Rio Tinto. Ce groupe défraye régulièrement la chronique et rarement pour les bonnes raisons.

Le plus grand fait d’arme de Rio Tinto a eu lieu il y a deux ans. Le géant minier venait alors de détruire à la dynamite plusieurs grottes millénaires dans lesquelles avaient été retrouvées des traces d’activité aborigène parmi les plus anciennes du continent. La nouvelle avait fait le tour du monde et le groupe avait tardé à réagir, insistant dans un premier temps sur la nature légale de la destruction, en totale déconnexion avec les critiques émises par la communauté aborigène locale. Devant le tollé, Jean-Sébastien Jacques, PDG français de l’époque, avait été poussé vers la démission.

Il y a trois semaines, la publication d’un rapport interne avait révélé au grand jour une culture d’entreprise toxique dans laquelle racisme, harcèlement et agressions sexuelles se côtoyaient. Des salariés déconsidérés et mis sous pression caractérisaient le fonctionnement du groupe qui avait tenté de faire preuve de transparence en publiant le document.

Le 7 mars, une nouvelle décision de justice est venue allonger la liste des défaillances de Rio Tinto. Le régulateur australien des marchés a en effet remporté son procès contre le groupe. La cour fédérale d’Australie a condamné le géant minier à une amende de 750 000 dollars australiens (506 000 euros) pour manque de transparence. Rio Tinto a été reconnu coupable d’avoir caché l’absence de rentabilité de mines au Mozambique malgré l’obligation de communiquer ce genre d’informations aux marchés financiers. Voici une amende qui risque d’impacter les finances d’une multinationale qui a distribué l’année dernière 17 milliards de dollars de dividendes (15,6 milliards d’euros) après les meilleurs résultats financiers de son histoire.

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