« Ce rapport est un atlas de la souffrance humaine. » Ces mots tenus en introduction par António Guterres, secrétaire général des Nations unies, donnent le ton. Un nouveau rapport alarmiste sur l’état de la planète a été présenté aujourd’hui par le GIEC (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat). Cet organe est issu de l’ONU et est chargé d’étudier les effets du changement climatique pour mieux orienter les politiques publiques. Le portrait qu’il a dressé ce lundi 28 février est sombre. Fruit de trois années de travail, il analyse les « Impacts, l’adaptation et la vulnérabilité » provoqués par le changement climatique, particulièrement dans les territoires vulnérables d’Afrique, Asie et Océanie.
Le rapport chiffre tout, donnant l’ampleur de la catastrophe qui attend la population à moyen terme. Rédigé par 270 auteurs issus de 67 pays dans le monde, il fait la synthèse de 34 000 publications scientifiques pour établir ses conclusions et dresser plusieurs pistes de réflexion pour y répondre. Le rapport rappelle que « Les preuves scientifiques sont univoques : le changement climatique est un danger au bien-être humain et à la santé de la planète ». 127 risques, directement provoqués par l’activité humaine ont été identifiés. 3,3 à 3,6 milliards de personnes vivent dans des lieux à forte vulnérabilité climatique, principalement en Afrique, Asie et en Océanie où des îles sont directement menacées par la montée des eaux. Cette dernière menace directement 1 milliard de personnes si on prend en compte les villes côtières sujettes à une hausse du niveau des océans.
D’autres risques soulignés par le rapport sont le stress climatique avec de fortes chaleurs, la fin de la sécurité alimentaire et la disparition des ressources en eau. La prévalence de ces risques liés au climat ne cesse de grimper avec les années. Par ailleurs, un pan du rapport souligne qu’il ne faut pas aller au-dessus de 1,5 degrés de hausse à la fin du siècle, y-compris temporairement, au risque de connaître une extinction de masse de biotopes en montagne ou au-delà des cercles polaires. Le rapport met en lumière les effets domino provoqués par tous ces risques dans la hausse des coûts de production, principalement agricoles, l’augmentation des tarifs des biens alimentaire et donc en bout de chaîne le rôle du changement climatique dans la hausse de la pauvreté.
Ainsi le rapport se veut un gros retour à la réalité et un rappel sur les conséquences concrètes du changement climatique. Il propose par ailleurs des solutions concrètes afin de répondre au mieux à ces phénomènes. L’importance de la protection de la biodiversité y est rappelée et les modèles agricoles alternatifs comme l’agroforesterie sont mis en avant. Par ailleurs, le GIEC pousse l’adoption par les pays d’un développement climato-résilient. L’idée n’est plus tant de réduire les effets du changement climatique, ils sont déjà dans notre quotidien, mais plutôt d’en atténuer les effets sur les populations les plus vulnérables. « Tout délai supplémentaire dans la mise en application d’action concertées mondiales nous fera manquer la petite possibilité d’assurer un avenir vivable. Ce rapport présente des solutions au monde. » Au monde de s’en saisir.