Cet article fait partie du dossier de la Révolution citoyenne

Le Monde en commun publie des articles et contenus audiovisuels accessibles dans 3 langues : français, anglais, et espagnol. L’objectif est de rendre accessible tous les contenus au plus large public. Pour cela, la langue ne doit pas être un obstacle.

Nous sommes en train de constituer un groupe de volontaires qui se chargeront de traduire l’ensemble des contenus afin de les présenter dans au moins trois langues (français, anglais, espagnol).

Si vous souhaitez rejoindre le groupe, merci de nous adresser un mail à contact@linternationale.fr

New York, New York, le blues du Donkey

Le Mardi 2 Novembre 2021 se sont tenues à New York City les différentes élections de la ville dont celle du maire. Deux choix pour les citoyens : le candidat démocrate, Eric Adams et le candidat républicain, Curtis Sliwa : deux caricatures de la politique locale.

François Colcanap est un écrivain franco-américain. Il vit sur l’île de Manhattan dans le quartier de Harlem. Il est l’auteur d’un roman, Le Naufragé, paru en février 2020 aux Éditions Slatkine & cie. Il avait rejoint le parti démocrate dans l'objectif de voter pour Bernie Sanders aux primaires.

Curtis Sliwa s’est fait connaitre dans les années 1980 en fondant les Guardian’s Angels (Anges Gardiens), sorte de milice qui patrouillait dans la ville pour lutter contre la violence, notamment dans le métro. Ils se remarquaient par une tenue de combat et un béret rouge. Sliwa a urbanisé sa tenue mais porte toujours le béret rouge. 

Eric Adams est un Afro-Américain, issu de la police new yorkaise. Actif dans le syndicalisme de la police, il commence sa carrière politique chez les Républicains avant de rejoindre les Démocrates pour s’installer politiquement dans le quartier de Brooklyn, y être élu sénateur (local) de New York, puis Président du quartier de Brooklyn. Il devient le second Afro-Américain élu Maire de la ville.

Ces élections avaient été précédées par des primaires, au mois de Juin, qui avaient déjà mis en évidence la fracture du parti démocrate. Adams avait remporté ces primaires avec une très petite marge, devançant notamment Maya Wiley supportée par la frange progressiste du parti. Il n’a dû sa nomination qu’à l’application pour la première fois du système dit “ranked-choice voting” (RCV), qui permet aux électeurs de classer cinq candidats dans un ordre de préférence. Ainsi, si un candidat n’obtient pas la majorité des voix pour gagner, le cinquième candidat est automatiquement éliminé et ses voix sont redistribuées aux quatre autres candidats suivant le classement sur le bulletin. Si nécessaire le quatrième candidat est à son tour éliminé jusqu’à ce qu’un candidat obtienne la majorité des voix. Maya Wiley, progressiste, qui avait obtenu initialement le plus de voix, s’est trouvée éliminée par le système des reports de voix.

Je souligne cette procédure car elle met en évidence les problèmes du parti démocrate dans l’opposition interne entre conservateurs et progressistes. Avant de revenir sur ce sujet, il est intéressant de relever les scores de ces élections. 

La ville de New York est formée de cinq grands quartiers, Staten Island, Brooklyn, Queens, Bronx et Manhattan. Globalement la participation a connu le plus bas score jamais atteint: moins de 24% des inscrits ont voté, soit 1,2 millions sur 4.9 millions d’inscrits. La participation la plus élevée fut à Manhattan : 23%. Dans les quartiers de Queens et Brooklyn (ce dernier dont Adams est le Président) : 20%. Et dans le Bronx, à peine 15%. En revanche, dans le quartier de Staten island, bastion républicain, remporté par Sliwa la participation a été de 31%.

Cette débandade démocrate a eu lieu dans tout le pays, en Virginie où un Gouverneur Républicain a été élu, aussi dans le New Jersey, bastion démocrate, où le Gouverneur démocrate Murphy n’a été réélu qu’avec la plus petite marge de moins de 1%. Pire, le Président démocrate du Sénat du New Jersey, en place depuis plus de douze ans, une figure locale, a été battu par son opposant républicain, chauffeur routier de son état, novice en politique et dont la campagne n’a couté que 3000 dollars !

Très sévère gueule de bois au lendemain de ces élections pour les démocrates. Au plan national il y a un blocage total à Washington où Biden ne parvient pas à faire avancer son agenda faisant face à deux Sénateurs, Joe Manchin et Kirsten Sinema, refusant l’ambitieux programme de Joe Biden, soutenu par Bernie Sanders, Sénateur en charge du Budget.

Je ne vais pas m’aventurer ici dans la jubilation du parti républicain qui voit les élections de mi-mandat arriver pour reprendre la majorité du Congrès, mais m’arrêter sur le dilemme du parti démocrate. 

Le 5 Novembre, l’éditorial du New York Times titrait “Face Reality, Democrats” (« Faites face à la réalité, Démocrates »), un éditorial ouvertement conservateur dont je ne retiendrai que cette phrase : “But Tuesday’s results are a sign that significant parts of the electorate are feeling leery of a sharp leftward push in the party…” (« Mais les résultats des élections de mardi sont un signe qu’une partie importante de l’électorat craint un virage à gauche du parti. ») Dans ce même New York Times, le même jour, Paul Krugman, démocrate, Prix Nobel d’économie, pas un “gauchiste”, loin de là, conclut sa chronique intitulée “Enough Dithering. It’s time to pass zomething Significant” (« Assez de tergiversation. Le temps est venu de passer quelque chose d’important ») par : “Democrats will certainly fail if they respond to Tuesday’s setback by curling up into a defensive ball” (« les démocrates échoueront très certainement si ils répondent à la déconvenue de mardi en se repliant en défense »).

L’issue de ce débat va marquer le parti démocrate pour les années à venir. Peut-être peut-on esquisser une réponse en analysant les résultat des élections pour le Maire de New York.

La ville est majoritairement démocrate mais cette élection n’a été qu’une affaire de parti. Eric Adams, le Maire élu, était un inconnu du grand public et le niveau de participation à ces élections ne va pas élever son statut. Élu par moins d’un quart des inscrits, son autorité n’est pas assise. Les résultats si serrés des primaires sont toujours présents dans les esprits.
Le plus intéressant est de s’arrêter sur le taux de participation dans le Bronx : moins de 15%. Ce quartier rassemble la population la moins favorisée de la ville et qui a, à deux reprises maintenant, élu Alexandria Ocasio-Cortez avec plus de 71% des inscrits. Il ne fait aucun doute que le parti démocrate est dans une crise existentielle et que de plus en plus d’Américains ont fait le choix de l’abstention pour manifester leur désarroi. Contrairement à ce que l’aile conservatrice du parti voudrait imposer, la mobilisation démocrate a bénéficié aux représentants progressistes du parti dans les élections générales. Ce que Biden propose au Congrès est un programme de relance par des investissements publics, ce pour quoi il a été élu. Le blocage de cet agenda par deux Sénateurs démocrates laisse l’électorat complètement déconcerté, pire, désabusé.

Dans le même dossier

Le 8 octobre 2024, Mohammed Yunus, récipiendaire du prix Nobel de la Paix (conjointement avec la Grameen Bank) et actuel Premier ministre par intérim, a promis la tenue prochaine d’élections, mais sans en annoncer le calendrier. Deux mois après l’exil forcé, et la démission de facto de la première ministre Sheikh Hasina, l’absence de date pour le scrutin n’est pas un signal rassurant quant à la restauration pleine et entière de la démocratie et de l’état de droit au Bangladesh.
Le président élu du Guatemala Bernardo Arévalo a enfin été investi le 14 janvier 2024, après une période d’extrême tension au cours de laquelle les élites du pays ont multiplié les manoeuvres politiques et judiciaires pour empêcher la passation de pouvoir. Le Guatemala a retenu son souffle jusqu’au dernier moment : le 14 janvier, les députés sortants ont retardé de plus de sept heures la prise de fonction des nouveaux parlementaires censés investir le premier président progressiste du pays depuis 70 ans. Ne voulant pas renoncer à sa mainmise sur le pouvoir, cette élite politique et économique corrompue n’aura rien épargné à Bernardo Arévalo, élu car il a promis de combattre la corruption et soutenu par le peuple guatémaltèque fortement mobilisé dans la rue et conscient de la stratégie de lawfare utilisée pour obstruer sa prise de pouvoir. Le 14 janvier, la députée de la France insoumise Ersilia Soudais a pris la parole à Paris, place de la République, afin d’alerter sur la situation et d’apporter le soutien des Français aux Guatémaltèques « qui méritent une réelle lutte contre les inégalités sociales, contre la corruption et la menace de l’extrême-droite. Nous partageons ici son discours.
Il y a de cela 13 ans, les yeux du monde s’ouvraient sur une scène qui allait devenir historique. Le monde arabe s’apprêtait à voir naître sa première démocratie, grâce à la mobilisation populaire historique des Tunisiennes et Tunisiens. Sous le slogan « Dégage », des centaines de milliers de Tunisiens ont pris la rue du sud au nord pour appeler au départ du régime dictatorial et tortionnaire de Ben Ali, qui régna sans partage sur le pays pendant 23 ans.

Partagez !

Marina Mesure

Syndicalisme international

Marina Mesure is a specialist of social issues. She has worked for several years with organizations defending workers’ rights such as the European Federation of Building and Wood Workers.

She has campaigned against child labor with the International Labor Organization, against social dumping and the criminalization of unionism. As a famous figure in the international trade union world, she considers that the principle of “equal work, equal pay « remain revolutionary: between women and men, between posted and domestic workers, between foreigners and nationals ».

Marina Mesure, especialista en asuntos sociales, ha trabajado durante varios años con organizaciones de derechos de los trabajadores como la Federación Europea de Trabajadores de la Construcción y la Madera.

Llevo varias campañas contra el trabajo infantil con la Organización Internacional del Trabajo, contra el dumping social, y la criminalización del sindicalismo. Es una figura reconocida en el mundo sindical internacional. Considera que el principio de « igual trabajo, igual salario » sigue siendo revolucionario: entre mujeres y hombres, entre trabajadores desplazados y domésticos, entre extranjeros y nacionales « .

Spécialiste des questions sociales, Marina Mesure travaille depuis plusieurs années auprès d’organisations de défense des droits des travailleurs comme la Fédération Européenne des travailleurs du Bâtiment et du Bois.

Elle a mené des campagnes contre le travail des enfants avec l’Organisation internationale du travail, contre le dumping social, la criminalisation du syndicalisme. Figure reconnue dans le monde syndical international, elle considère que le principe de « travail égal, salaire égal » est toujours aussi révolutionnaire : entre les femmes et les hommes, entre les travailleurs détachés et domestiques, entre étrangers et nationaux ».

Sophia Chikirou

Directrice de la publication

Sophia Chikirou is the publisher of Le Monde en commun. Columnist, director of a documentary on the lawfare, she also founded several media such as Le Média TV and the web radio Les Jours Heureux.

Communications advisor and political activist, she has worked and campaigned in several countries. From Ecuador to Spain, via the United States, Mexico, Colombia, but also Mauritania, she has intervened with progressive and humanist movements during presidential or legislative campaigns.

In 2007, she published Ma France laïque (La Martinière Editions).

Sophia Chikirou es directora de la publicación de Le Monde en commun. Columnista, directora de un documental sobre el lawfare, también fundó varios medios de comunicación tal como Le Média TV y la radio web Les Jours Heureux.

Asesora de comunicacion y activista política, ha trabajado y realizado campañas en varios países. Desde Ecuador hasta España, pasando por Estados Unidos, México, Colombia, pero también Mauritania, intervino con movimientos progresistas y humanistas durante campañas presidenciales o legislativas.

En 2007, publicó Ma France laïque por Edicion La Martinière.

Sophia Chikirou est directrice de la publication du Monde en commun. Editorialiste, réalisatrice d’un documentaire sur le lawfare, elle a aussi fondé plusieurs médias comme Le Média TV et la web radio Les Jours Heureux.

Conseillère en communication et militante politique, elle a exercé et milité dans plusieurs pays. De l’Equateur à l’Espagne, en passant par les Etats-Unis, le Mexique, la Colombie, mais aussi la Mauritanie, elle est intervenue auprès de mouvements progressistes et humanistes lors de campagnes présidentielles ou législatives.

En 2007, elle publiait Ma France laïque aux éditions La Martinière.

Nous utilisons des cookies pour vous garantir la meilleure expérience sur notre site. Si vous continuez à utiliser ce dernier, nous considérerons que vous acceptez l'utilisation des cookies.