Cet article fait partie du dossier de la Révolution citoyenne

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Soutien au peuple soudanais et à sa révolution citoyenne !

Dimanche, les membres civils du gouvernement soudanais, dont le premier ministre Abdallah Hamdok, ont été arrêtés par l’armée. Le général Abdel Fattah Abdelrahman Al-Bourhane, président du « conseil de souveraineté », a justifié l’usage de la force pour « rectifier le cours de la transition ». Il a déclaré l’état d’urgence, dissous les instances de transition, limogé les gouverneurs régionaux, et annoncé la formation prochaine par l’armée d’un « gouvernement de personnes compétentes », jusqu’à la tenue d’élections en juillet 2023.

Arnaud Le Gall et Sacha Yancey

Cette « rectification » est bien un coup d’État visant à interrompre le processus enclenché en 2019 par des manifestations contre le triplement du prix du pain qui ont évolué vers une révolution citoyenne, c’est-à-dire ici une mobilisation pacifique et populaire portant l’exigence d’un changement de régime. S’en était alors suivie la formation d’une coalition de gouvernement entre militaires et civils et le départ d’Omar al-Bashir, dictateur depuis 30 ans.

Depuis 2019 les deux forces ont de nombreuses fois fait état de leurs désaccords. De fait, pour les militaires ayant poussé Al-Bashir à la démission, l’objectif était de conserver la main sur le pouvoir en maintenant l’essentiel des structures sécuritaires. Tout changer pour que rien ne change, selon une pratique maintes fois éprouvée. Pour les civils, l’enjeu était de convertir une prise du pouvoir formel en prise du pouvoir réel afin de mettre en pratique des politiques répondant aux aspirations profondes de la révolution citoyenne. 

Ces tensions ont été exacerbées par la crise profonde traversée par l’économie soudanaise marquée par une inflation avoisinant les 400% et des pénuries de nourriture, de carburant et de médicaments, en partie dues aux prescriptions encouragées par le FMI, la Banque Mondiale et les pays occidentaux, États-Unis en tête. Ces derniers ont beau jeu depuis dimanche de dénoncer le coup d’État, alors que leurs exigences ont affaibli le pouvoir civil. Les mesures prises par le premier ministre Abdallah Hamdok pour réformer l’économie, comme la réduction des subventions aux carburants demandée par le Fonds Monétaire International, ont par exemple été impopulaires.

Les militaires, pourtant acteurs clé de l’économie soudanaise, ont fait porter aux civils la responsabilité des mesures impopulaires. Ils ont téléguidé depuis septembre des mobilisations demandant le rétablissement d’un gouvernement militaire censé enrayer la chute brutale du pouvoir d’achat. Mais ces manœuvres grossières qui rappellent que la légitimité populaire, même factice, est une ressource essentielle au Soudan, n’auront pas convaincu la masse des soudanais. Chaque tentative de coup d’État fomentée depuis 2019 par d’anciens cadres du régime d’al-Bashir a été déjouée par de grandes contre-manifestations de soutien au Premier ministre. Et l’espoir repose, une fois de plus, sur les gigantesques capacités de mobilisation citoyenne d’un pays historiquement très politisé et éduqué.

Depuis dimanche Khartoum est remplie de manifestants scandant des slogans pro-démocratie. Les militaires ont fait le choix de la répression, exercée notamment par les « Forces de soutien rapide », une milice paramilitaire dirigée par le général Mohammed Hamdan Daglo, alias « Hemetti »… dont on se souvient qu’elle a reçu des financements et équipements de la part de l’Union Européenne, initialement pour « sécuriser » les frontières.

Les réactions internationales sont contrastées. Les États-Unis et l’Union européenne, tout en ayant imposé une politique économique contraire aux aspirations populaires ayant donc affaibli le pouvoir civil, ont condamné le coup d’État. A l’inverse, l’état-major soudanais se sait soutenu par l’Egypte, les Émirats arabes unis, l’Arabie saoudite, aux côtés desquels les militaires soudanais étaient entrés en guerre au Yémen en 2015, mais aussi Israël, avec lequel les relations sont en cours de normalisation.

Quoi qu’il en soit, sachant ne pouvoir compter que sur eux-mêmes, les manifestants n’ont pas attendu les réactions internationales pour se dresser contre les fossoyeurs de leur révolution. La puissante Association des professionnels soudanais et les comités de résistance, ainsi que de nombreux syndicats, ont appelé à la désobéissance civile et à la grève générale malgré la répression. Quelle que soit l’issue de cet épisode tragique où se joue l’avenir du pays, le peuple soudanais va montrer qu’il est un des plus politisé et organisé au monde, et fait honneur à cet immense pays trop peu connu.

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Marina Mesure

Syndicalisme international

Marina Mesure is a specialist of social issues. She has worked for several years with organizations defending workers’ rights such as the European Federation of Building and Wood Workers.

She has campaigned against child labor with the International Labor Organization, against social dumping and the criminalization of unionism. As a famous figure in the international trade union world, she considers that the principle of “equal work, equal pay « remain revolutionary: between women and men, between posted and domestic workers, between foreigners and nationals ».

Marina Mesure, especialista en asuntos sociales, ha trabajado durante varios años con organizaciones de derechos de los trabajadores como la Federación Europea de Trabajadores de la Construcción y la Madera.

Llevo varias campañas contra el trabajo infantil con la Organización Internacional del Trabajo, contra el dumping social, y la criminalización del sindicalismo. Es una figura reconocida en el mundo sindical internacional. Considera que el principio de « igual trabajo, igual salario » sigue siendo revolucionario: entre mujeres y hombres, entre trabajadores desplazados y domésticos, entre extranjeros y nacionales « .

Spécialiste des questions sociales, Marina Mesure travaille depuis plusieurs années auprès d’organisations de défense des droits des travailleurs comme la Fédération Européenne des travailleurs du Bâtiment et du Bois.

Elle a mené des campagnes contre le travail des enfants avec l’Organisation internationale du travail, contre le dumping social, la criminalisation du syndicalisme. Figure reconnue dans le monde syndical international, elle considère que le principe de « travail égal, salaire égal » est toujours aussi révolutionnaire : entre les femmes et les hommes, entre les travailleurs détachés et domestiques, entre étrangers et nationaux ».

Sophia Chikirou

Directrice de la publication

Sophia Chikirou is the publisher of Le Monde en commun. Columnist, director of a documentary on the lawfare, she also founded several media such as Le Média TV and the web radio Les Jours Heureux.

Communications advisor and political activist, she has worked and campaigned in several countries. From Ecuador to Spain, via the United States, Mexico, Colombia, but also Mauritania, she has intervened with progressive and humanist movements during presidential or legislative campaigns.

In 2007, she published Ma France laïque (La Martinière Editions).

Sophia Chikirou es directora de la publicación de Le Monde en commun. Columnista, directora de un documental sobre el lawfare, también fundó varios medios de comunicación tal como Le Média TV y la radio web Les Jours Heureux.

Asesora de comunicacion y activista política, ha trabajado y realizado campañas en varios países. Desde Ecuador hasta España, pasando por Estados Unidos, México, Colombia, pero también Mauritania, intervino con movimientos progresistas y humanistas durante campañas presidenciales o legislativas.

En 2007, publicó Ma France laïque por Edicion La Martinière.

Sophia Chikirou est directrice de la publication du Monde en commun. Editorialiste, réalisatrice d’un documentaire sur le lawfare, elle a aussi fondé plusieurs médias comme Le Média TV et la web radio Les Jours Heureux.

Conseillère en communication et militante politique, elle a exercé et milité dans plusieurs pays. De l’Equateur à l’Espagne, en passant par les Etats-Unis, le Mexique, la Colombie, mais aussi la Mauritanie, elle est intervenue auprès de mouvements progressistes et humanistes lors de campagnes présidentielles ou législatives.

En 2007, elle publiait Ma France laïque aux éditions La Martinière.

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