Cet article fait partie du dossier de la Révolution citoyenne

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Rectifier le processus révolutionnaire ne peut nullement se réaliser par les coups d’État ou par un régime autocratique

Le 25 juillet 2021, le président de la République de Tunisie Kaïs Saïed a décidé de limoger le premier ministre Hichem Mechichi, de démettre de ses fonctions le Ministre de La Défense, de geler le travail de l’Assemblée et de s'octroyer le pouvoir exécutif. Des annonces qui divisent le pays. Coup d'Etat ou manoeuvre politique "sincère" ? Le chef du Parti des Travailleurs Hamma Hammami a écrit une note d'information sur la journée du 25 juillet, jour de la fête de la République et jour où le président a donc décidé de créer une crise politique, dix ans après les printemps arabes. La note est suivie d'un communiqué expliquant le point de vue du Parti des Travailleurs.

La date du 25 juillet correspond en Tunisie à la fête de la République. En effet, le 25 juillet 1957, l’Assemblée Constituante, élue une année plus tôt pour rédiger une Constitution pour le pays nouvellement indépendant, a décidé de mettre fin au régime royal et de destituer le roi en place, Mohamed Lamine Bey. Depuis cette date, la Tunisie célèbre chaque année ce qu’on appelle chez nous, la Fête de la République.

En 2013, en ce même jour, le député Mohamed Brahmi, qui venait juste de rejoindre le Front Populaire,  a été assassiné devant chez lui par des terroristes islamistes (2è assassinat de l’année après celui de Chokri Belaïd, dirigent du Front Populaire), ce qui provoqua un soulèvement populaire et l’organisation d’un sit in devant le siège du parlement, qui réclamait la dissolution de l’Assemblée Constituante (à majorité islamiste, , élue deux ans plus tôt) et du gouvernement présidé par un dirigent du parti islamiste. 

Au bout de trois mois de sit in, les manifestants ont eu gain de cause et le gouvernement fut remplacé par un nouveau dont le rôle essentiel était la préparation  des élections générales en 2014. 

La journée du 25 juillet est devenue également celle des martyrs et célébrée par les forces démocratiques du pays. 

Cette année, vu le pourrissement de la situation politique et la lutte intestine entre le président de la République (sans grandes prérogatives selon la Constitution) d’une part, et les président du gouvernement et de l’Assemblée de l’autre, des appels anonymes ont été lancés via la toile pour des rassemblements devant le siège du Parlement à Tunis et devant le siège des autorités régionales dans les villes de l’intérieur. Ces appels étaient souvent accompagnés de proclamation à caractère réactionnaire voire fasciste, tels que la dissolution de tous les partis politiques et des syndicats, l’appel à l’armée pour s’emparer du pouvoir, la suspension de la constitution etc. c’est ce qui a fait que nous avons décidé de ne pas prendre part à ce mouvement dit « du 25 juillet » sous les bannières du parti. 

Des manifestations se sont ainsi organisées dans plusieurs villes regroupant quelques dizaines ici, quelques centaines là (surtout à Tunis, Sousse et Sfax). Les slogans criés dénonçaient le gouvernement et le parlement ; le président n’a pas seulement été épargné mais on le suppliait de dissoudre le parlement et le gouvernement. 

En procédant le soir même à son coup d’Etat, il prétendait répondre à une demande populaire. Mais cet acte confirme que ce sont ses partisans qui étaient derrière l’organisation de ce mouvement, en vue d’aboutir à ce résultat. 

Certains indices confirment que des pays étrangers étaient au courant de ce qui allait se passer. Depuis le 10 du mois l’ambassade américaine à Tunis a exhorté les citoyens américains de ne pas se rendre en Tunisie entre le 25 juillet et  le 3 août. L’ambassade de Libye a déployé de grands moyens pour rapatrier les ressortissants libyens en visite en Tunisie… 

Pour ce qui s’est passé dans la soirée du 25, nous avons exprimé notre point de vue dans la déclaration ci-dessous :

Rectifier le processus révolutionnaire ne peut nullement se réaliser par les coups d’État ou par un régime autocratique !

Le parti des travailleurs avait attiré l’attention sur les dangers qui menacent notre pays, notamment celui des coups d’État et des risques d’enlisement dans la violence.

-1- Le parti des travailleurs considère que les annonces du président – par ailleurs prévisibles compte tenu des appels à l’intrusion de l’institution militaire dans le conflit entre les factions au pouvoir – sont une violation flagrante de la constitution et des dispositions de l’article 80 évoqué par Kaïs Saïd. 

D’un point de vue politique, ces mesures anti-démocratiques exceptionnelles, traduisent la volonté manifeste du président de s’accaparer tous les pouvoirs : exécutif, législatif et judiciaire, ouvrant la voie vers le rétablissement d’un nouveau système autocratique.

2- Ce tournant pris augure d’une nouvelle étape où la situation déjà critique dans le pays va encore s’aggraver, entraînant des risques de glissement dans une spirale de violence et de terrorisme.

3- Il affirme que le peuple tunisien a besoin d’un changement urgent et radical, pour extraire le pays de la crise générale et profonde, résultant des choix réactionnaires de la dernière décennie. Il renouvelle son appel à renverser le système dans son ensemble : gouvernement, présidence et parlement. Ceci exige d’abord de déterminer les responsabilités, notamment celle d’Ennahdha qui a entraîné le pays dans un désastre économique et financier, aggravé la dette et la dépendance de la Tunisie. Ennahdha a aussi favorisé la corruption, le terrorisme et les assassinats politiques, et a sapé les piliers de la vie des Tunisiennes et des Tunisiens. 

4- Le parti des travailleurs renouvelle sa conviction que le changement voulu ne peut se réaliser par le soutien du coup d’État de Kaïs Saïd ou par une quelconque alliance avec le mouvement Ennahdha. Seul le peuple tunisien est en mesure d’accomplir ce changement, en vue d’édifier une démocratie populaire, dans le cadre d’un état civil, où le pouvoir est au peuple. Elle sera basée sur le respect de la souveraineté du pays sur ses richesses et ses décisions politiques, sur la justice sociale et l’égalité entre les citoyennes et les citoyens. 

5- Il appelle le peuple tunisien à continuer à s’exprimer de manière pacifique, et à rejeter les appels à la confrontation distillés par les factions au pouvoir, soutenues par des puissances régionales et internationales défendant leurs propres intérêts. Il l’appelle à la vigilance quant aux visées réelles des partisans de l’ancien régime, de l’état profond, des mafias et de la contrebande.

6- Il appelle l’ensemble des forces démocratiques et progressistes, partis, associations, personnalités à se retrouver en urgence pour définir des modalités de concertation, afin d’élaborer une vision commune pour faire face à ces évolutions graves qui peuvent entraîner le pays dans une spirale de violence et de guerre civile, ou le faire basculer de nouveau dans un régime autocratique absolu, alors que le peuple tunisien avait fait d’énormes sacrifices pour s’en débarrasser.

Parti des travailleurs

Tunis, le 26 juillet 2021

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Marina Mesure

Syndicalisme international

Marina Mesure is a specialist of social issues. She has worked for several years with organizations defending workers’ rights such as the European Federation of Building and Wood Workers.

She has campaigned against child labor with the International Labor Organization, against social dumping and the criminalization of unionism. As a famous figure in the international trade union world, she considers that the principle of “equal work, equal pay « remain revolutionary: between women and men, between posted and domestic workers, between foreigners and nationals ».

Marina Mesure, especialista en asuntos sociales, ha trabajado durante varios años con organizaciones de derechos de los trabajadores como la Federación Europea de Trabajadores de la Construcción y la Madera.

Llevo varias campañas contra el trabajo infantil con la Organización Internacional del Trabajo, contra el dumping social, y la criminalización del sindicalismo. Es una figura reconocida en el mundo sindical internacional. Considera que el principio de « igual trabajo, igual salario » sigue siendo revolucionario: entre mujeres y hombres, entre trabajadores desplazados y domésticos, entre extranjeros y nacionales « .

Spécialiste des questions sociales, Marina Mesure travaille depuis plusieurs années auprès d’organisations de défense des droits des travailleurs comme la Fédération Européenne des travailleurs du Bâtiment et du Bois.

Elle a mené des campagnes contre le travail des enfants avec l’Organisation internationale du travail, contre le dumping social, la criminalisation du syndicalisme. Figure reconnue dans le monde syndical international, elle considère que le principe de « travail égal, salaire égal » est toujours aussi révolutionnaire : entre les femmes et les hommes, entre les travailleurs détachés et domestiques, entre étrangers et nationaux ».

Sophia Chikirou

Directrice de la publication

Sophia Chikirou is the publisher of Le Monde en commun. Columnist, director of a documentary on the lawfare, she also founded several media such as Le Média TV and the web radio Les Jours Heureux.

Communications advisor and political activist, she has worked and campaigned in several countries. From Ecuador to Spain, via the United States, Mexico, Colombia, but also Mauritania, she has intervened with progressive and humanist movements during presidential or legislative campaigns.

In 2007, she published Ma France laïque (La Martinière Editions).

Sophia Chikirou es directora de la publicación de Le Monde en commun. Columnista, directora de un documental sobre el lawfare, también fundó varios medios de comunicación tal como Le Média TV y la radio web Les Jours Heureux.

Asesora de comunicacion y activista política, ha trabajado y realizado campañas en varios países. Desde Ecuador hasta España, pasando por Estados Unidos, México, Colombia, pero también Mauritania, intervino con movimientos progresistas y humanistas durante campañas presidenciales o legislativas.

En 2007, publicó Ma France laïque por Edicion La Martinière.

Sophia Chikirou est directrice de la publication du Monde en commun. Editorialiste, réalisatrice d’un documentaire sur le lawfare, elle a aussi fondé plusieurs médias comme Le Média TV et la web radio Les Jours Heureux.

Conseillère en communication et militante politique, elle a exercé et milité dans plusieurs pays. De l’Equateur à l’Espagne, en passant par les Etats-Unis, le Mexique, la Colombie, mais aussi la Mauritanie, elle est intervenue auprès de mouvements progressistes et humanistes lors de campagnes présidentielles ou législatives.

En 2007, elle publiait Ma France laïque aux éditions La Martinière.

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