Jean-Luc Mélenchon a publié aux éditions du Seuil jeudi 1er juillet, le dernier numéro de sa série de cahiers thématiques consacrée aux grandes propositions du programme l’Avenir en commun. Celui-ci nous intéresse en particulier puisqu’il s’agit de présenter les principaux axes de ce que serait la politique internationale française si Jean-Luc Mélenchon devait remporter l’élection présidentielle en 2022. Le cahier se divise ainsi en 14 thèmes parmi lesquels : assurer l’indépendance de la France, construire une défense indépendante, républicaine et populaire, être à la hauteur de la responsabilité maritime française, garantir la souveraineté numérique de la France, renforcer l’ONU pour faire vivre un monde ordonné, ou encore refuser le libre-échange, instaurer un protectionnisme solidaire.
L’originalité du travail des insoumis réside dans le fait de lier les sujets internationaux à des problématiques nationales très concrètes, comme l’écologie.
Dans l’analyse livrée par Jean-Luc Mélenchon, l’écologie et le protectionnisme, au cœur du projet économique de la France insoumise, sont ainsi interdépendants des sujets internationaux. Le candidat écrit ainsi dans son édito : “La diplomatie écologique est une composante essentielle de la France que nous voulons déployer. Nous avons sous les yeux une nouvelle réalité internationale : le peuple humain. Il n’efface pas les Nations qui elles restent le meilleur cadre d’expression démocratique à ce jour. Mais la prise de conscience de ce destin partagé sur toute la planète nous impose d’être à la hauteur.”
Le projet global de la France insoumise ne saurait donc être envisagé sans son aspect international. Le mérite de ce quatrième cahier est de le démontrer méthodiquement.
Le retour de la voie diplomatique française humaniste pour s’opposer à la guerre et au libéralisme mondialisé
S’il fallait retenir une proposition du projet international de Jean-Luc Mélenchon, on s’intéresserait plus particulièrement à sa volonté de sortir de l’OTAN et de réinvestir les organisations internationales de coopération telle que l’ONU.
La première idée, c’est que le non-alignement de la France sur les USA et l’UE apporterait beaucoup de choses positives à la coopération internationale. En premier lieu, une voix dissidente pour refuser la confrontation belliqueuse de l’Occident avec la Chine ou la Russie. Menée par des Etats-Unis en perte de puissance, cette confrontation n’a rien de bon à apporter à l’humanité sinon la promesse de tensions grandissantes et à terme, de guerre. Sortir de l’OTAN, c’est donc permettre à la France de jouer son rôle de médiateur au service de la paix, rôle dans lequel elle excelle et qui lui est naturel compte tenu de l’héritage des Lumières.
Une France indépendante représenterait également une voix altermondialiste de poids pour engager les organisations internationales dans la lutte contre le changement climatique, par exemple, en établissant des normes écologiques internationales qui viendraient contraindre les multinationales responsables des émissions de gaz à effet de serre. Il faut également tourner la page de la globalisation néolibérale : la France de Jean-Luc Mélenchon viendrait contrarier les logiques libérales à l’œuvre au sein des organisations qui aujourd’hui en sont les forces motrices telles que la Banque mondiale, le Fonds Monétaire International et l’Organisation Mondiale du Commerce. Elle réinvestirait dans cette logique la Conférence des Nations unies sur le commerce et le développement (CNUCED) pour accélérer l’intégration des pays en voie de développement sur lesquels reposent le système de libre-échange mondialisé.
Pour finir, nous souhaitions relever cette analyse pertinente : il y a un enjeu mondial à restaurer le rôle de la France dans le monde, mais les décisions internationales doivent également revenir dans le joug citoyen. Pour le candidat qui porte également la proposition d’une constituante pour refonder la constitution de la France, l’action internationale doit devenir l’affaire du peuple. Aujourd’hui, le déficit d’intérêt des citoyens pour les questions internationales s’explique en bonne partie par son absence du débat public du fait que ces questions soient l’apanage de quelques experts au service d’un exécutif qui ne rend aucuns comptes ni à la population ni à ses représentants. Démocratiser la politique internationale de la France, c’est aussi s’assurer qu’une fois les actions menées et malgré les alternances politiques et idéologiques, celle-ci continue à mener son œuvre pour la paix à laquelle une majorité de concitoyens aspirent. Si les guerres sont menées sans l’assentiment des peuples, le contrôle citoyen pourrait être décisif dans le choix de la paix.
Retrouvez le quatrième numéro des “Cahiers de l’avenir en commun”, Editions du Seuil, dans toutes les librairies au prix unique de 2€50.
Retrouvez également le questionnaire sur le site melenchon2022.fr