On dit au Soudan que c’est une poignée de lycéens d’Atbara qui a tout déclenché. Au début de ce mois de décembre 2018, le plat de lentilles qui leur servait de déjeuner était devenu inabordable pour eux. L’inflation était hors de contrôle et il n’y avait plus d’argent liquide dans les banques. Quelques manifestations avaient déjà eu lieu dans la ville depuis septembre, rassemblant essentiellement des pères de famille démunis.
La colère sur des feuilles de papier
Alors, le 13 décembre, quelques gamins ont écrit, eux aussi, leur colère sur des feuilles de papier et se sont postés à un carrefour. Poursuivis par les tout-puissants services de renseignements, ils se sont vite dispersés, mais leur acte a été répété ailleurs. Les jours suivants, de timides rassemblement se métamorphosant en cortèges prudents, à Damazine, dans le sud, à Port-Soudan, à l’est – classes populaires et moyennes – ont à leur tour crié leur exaspération.
Mais le 19 décembre, le prix du pain a été soudainement triplé. Alors à Atbara, fief des syndicats de gauche et des cheminots soudanais, les mécontents étaient enfin nombreux dans la rue. Armés de bâtons, ils ont mis le feu au siège du parti d’el-Béchir, aux cris de « paix, justice et liberté », ce slogan qui allait devenir celui de la révolution.
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