Cet article fait partie du dossier La présidentielle française vue de l'étranger

Nous vous invitons à suivre ce dossier qui relatera la perception dans le monde de la campagne présidentielle en France. La campagne trouvera son épilogue les 10 et 24 avril 2022.

Vu du Royaume-Uni : L’homme qui pourrait mettre fin à la monarchie de Macron

« Jean-Luc Mélenchon a affirmé qu’un passage au deuxième tour était possible du « bout des doigts » lors de son dernier meeting de campagne avant le vote de dimanche. Son image était à cette occasion diffusée dans toute la France grâce à un hologramme. » The Telegraph, journal conservateur du Royaume-Uni, a rédigé un article sur le multi-meeting de Jean-Luc Mélenchon ce mardi 5 avril, publié sous le titre « L’hologramme de ‘Corbyn’ qui pourrait mettre fin à la ‘monarchie’ de Macron ». Nous vous proposons d'en lire la traduction.

Alors que le match retour du duel Macron-Le Pen de 2017 est promis aux électeurs depuis des mois, le candidat de la gauche le mieux placé est venu jouer les trouble-fêtes. Selon lui, un passage au deuxième tour est possible du « bout des doigts ». Il a tenu ces propos lors d’un « multi-meeting » hologramme ce mardi dans lequel il s’est déplacé virtuellement sur des scènes à travers le pays.

Jean-Luc Mélenchon, âgé de 70 ans, était physiquement présent à Lille, dans le nord de la France. Aux chants d’« Union Populaire », il a affirmé qu’il était encore temps de « mettre fin à cette monarchie présidentielle portée à des sommets caricaturaux par [Emmanuel] Macron ».

« On a encore trois jours. On peut toucher notre destin du bout des doigts, on sait que l’on peut réussir la plus incroyable bifurcation politique imaginable. » Tels étaient les propos du Jeremy Corbyn français au public issu d’une ville dirigée par Martine Aubry, l’une des architectes de la semaine de 35 heures.

Plusieurs milliers de personnes supplémentaires ont suivi l’avatar en 3-D de l’homme politique pugnace. Avec une arrivée digne de Star Trek dans 11 salles en France, allant du Havre à Nice.

Un grand orateur, ayant exprimé par le passé de l’admiration pour Chavez, Mao et Poutine, Mélenchon est réputé pour ses poussées dans les sondages de dernière minute, arrivant très près de passer au deuxième tour en 2017.

« Souvenez-vous que souvent, cela se joue à pas grand-chose. La dernière fois c’était 600 000 voix, ils se sont moqués mais c’est peu », a-t-il dit en référence aux bulletins qui lui ont manqué en 2017.

Un sondage d’Ipsos-Sopra Steria sorti mercredi l’a placé en troisième position des intentions de vote à 16 % mais approchant de Marine Le Pen à 21,5 %, avec Macron en tête avec 26,5 %.

De façon encourageante pour le leader insoumis, le sondage a trouvé que 55 % des Français étaient « mécontents » de l’action gouvernementale et 37 % en « colère et opposée à la classe dirigeante française ».

Avec une candidate socialiste Anne Hidalgo désormais autour des 2 % d’intentions de vote dimanche et un adversaire écologiste, Yannick Jadot coincé aux 6 %, le leader de la France insoumise se présente comme le seul rassembleur possible entre les écologistes et les électeurs de gauche, appelant ainsi à un vote stratégique en sa faveur.

Il a aussi tendu la main aux gilets jaunes et aux personnes tentées par le vote Le Pen « fâchés mais pas fachos », leur demandant « l’intérêt de mettre cette femme au pouvoir ? »

Alors que quelques-unes des mesures présentées par la candidate du Rassemblement national visent supposément à augmenter le pouvoir d’achat des Français, Mélenchon a insisté sur la nécessité de mesures plus effectives et plus radicales comme « le blocage des prix à la pompe ».

« Elle prend de grands airs et affirme qu’elle souhaite rendre l’argent aux Français. Désolé, mais de quoi parle-t-elle ? » a-t-il demandé.

Mélenchon s’est également engagé à abaisser l’âge de la retraite de 62 à 60 ans tout en rétablissant l’impôt sur la fortune, et à un plan massif d’investissement écologique de 200 millions d’euros.

« Nous n’avons plus de temps à perdre » a-t-il asséné, évoquant la crise climatique, promettant d’utiliser tous les « moyens humains, intellectuels, financiers, sociaux et culturels » pour respecter l’accord climatique de Paris de 2015.

Il a également fait appel à des valeurs plus progressives, évoquant une « révolution féministe » en cours et en appelant à une 6ème République donnant plus de pouvoir au Parlement et réduisant les pouvoirs présidentiels.

Des commentaires ambigus du passé sur la Russie et la sortie de la France de l’OTAN l’ont exposé à des attaques depuis le début de l’invasion de l’Ukraine. « Il est allé plus loin que la complaisance – il a soutenu la position de Poutine ». Tels sont les propos qui ont été tenus par la maire de Paris Anne Hidalgo.

Il a contre-attaqué sur scène : « en étant non-aligné, nous sommes capables de dire que nous n’accepterons jamais l’invasion de l’Ukraine ou les crimes commis par les Russes sous l’autorité de M. Poutine. »

À la question de savoir si la France se dirigeait vers un nouveau duel Macron-Le Pen, Mélenchon a affirmé au micro de Sud Radio cette semaine que « cela n’arriverait pas ».

Divers avis sur la question étaient présents parmi les soutiens du candidat.

« Franchement, cela va être difficile » a affirmé Hamid Athemani, un enseignant de 31 ans. « Macron a un boulevard devant lui et on se dirige vers le même débat qu’en 2017. Mais on ne sait jamais, il a gagné du terrain ces derniers jours. »

Eliain Marolleau, 22 ans, étudiant en sciences politiques à Lille est plus dur.

« Il n’y a pas de doute que ce soit son dernier meeting politique. La lucidité m’oblige à penser qu’il ne gagnera pas. Seules les personnes âgées votent, et à droite. Beaucoup de jeunes votent pour Mélenchon mais la plupart ne vote pas du tout.

« Dans les années 70, les intellectuels de gauche ont dominé le débat politique et ont bénéficié d’une certaine hégémonie culturelle. Aujourd’hui cela a disparu des studios télé et nous n’entendons plus que le vocabulaire de la droite et de l’extrême droite.

« Ce qui aurait pu apparaître comme une proposition aussi simple que la hausse des salaires ou la retraite à 60 ans est déclaré comme impossible à faire. Tu es traité comme un fou. »

Mais d’autres sont prêts à y croire.

Marine Dhap, de 32 ans, travaillant dans le marketing en freelance, affirme ainsi qu’« il est en troisième place, mais beaucoup de personnes n’ont pas tranché encore et cette semaine sera décisive. Il a encore une chance. »

« Je suis pour ses politiques sociales, la redistribution de la richesse et un système plus humain. Son programme écologique est bien noté par les organisations écologistes, il est féministe et il soutien le bien-être animal. »

Jean-Marc, de 65 ans, un enseignant à la retraite, qui se définit lui-même comme un modéré de gauche ajoute : « je voterais pour lui au premier tour parce que j’aimerais assister à un vrai débat dans l’entre-deux-tours, ce qui ne serait pas possible si Le Pen passe. »

« Mais je voterais pour Macron en cas de duel avec Le Pen sans hésitation et je regrette une ambiguïté de Mélenchon sur ce point. »

La dernière fois il avait attendu avant de trancher.

Pour lire l’article original du Telegraph

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Marina Mesure

Syndicalisme international

Marina Mesure is a specialist of social issues. She has worked for several years with organizations defending workers’ rights such as the European Federation of Building and Wood Workers.

She has campaigned against child labor with the International Labor Organization, against social dumping and the criminalization of unionism. As a famous figure in the international trade union world, she considers that the principle of “equal work, equal pay « remain revolutionary: between women and men, between posted and domestic workers, between foreigners and nationals ».

Marina Mesure, especialista en asuntos sociales, ha trabajado durante varios años con organizaciones de derechos de los trabajadores como la Federación Europea de Trabajadores de la Construcción y la Madera.

Llevo varias campañas contra el trabajo infantil con la Organización Internacional del Trabajo, contra el dumping social, y la criminalización del sindicalismo. Es una figura reconocida en el mundo sindical internacional. Considera que el principio de « igual trabajo, igual salario » sigue siendo revolucionario: entre mujeres y hombres, entre trabajadores desplazados y domésticos, entre extranjeros y nacionales « .

Spécialiste des questions sociales, Marina Mesure travaille depuis plusieurs années auprès d’organisations de défense des droits des travailleurs comme la Fédération Européenne des travailleurs du Bâtiment et du Bois.

Elle a mené des campagnes contre le travail des enfants avec l’Organisation internationale du travail, contre le dumping social, la criminalisation du syndicalisme. Figure reconnue dans le monde syndical international, elle considère que le principe de « travail égal, salaire égal » est toujours aussi révolutionnaire : entre les femmes et les hommes, entre les travailleurs détachés et domestiques, entre étrangers et nationaux ».

Sophia Chikirou

Directrice de la publication

Sophia Chikirou is the publisher of Le Monde en commun. Columnist, director of a documentary on the lawfare, she also founded several media such as Le Média TV and the web radio Les Jours Heureux.

Communications advisor and political activist, she has worked and campaigned in several countries. From Ecuador to Spain, via the United States, Mexico, Colombia, but also Mauritania, she has intervened with progressive and humanist movements during presidential or legislative campaigns.

In 2007, she published Ma France laïque (La Martinière Editions).

Sophia Chikirou es directora de la publicación de Le Monde en commun. Columnista, directora de un documental sobre el lawfare, también fundó varios medios de comunicación tal como Le Média TV y la radio web Les Jours Heureux.

Asesora de comunicacion y activista política, ha trabajado y realizado campañas en varios países. Desde Ecuador hasta España, pasando por Estados Unidos, México, Colombia, pero también Mauritania, intervino con movimientos progresistas y humanistas durante campañas presidenciales o legislativas.

En 2007, publicó Ma France laïque por Edicion La Martinière.

Sophia Chikirou est directrice de la publication du Monde en commun. Editorialiste, réalisatrice d’un documentaire sur le lawfare, elle a aussi fondé plusieurs médias comme Le Média TV et la web radio Les Jours Heureux.

Conseillère en communication et militante politique, elle a exercé et milité dans plusieurs pays. De l’Equateur à l’Espagne, en passant par les Etats-Unis, le Mexique, la Colombie, mais aussi la Mauritanie, elle est intervenue auprès de mouvements progressistes et humanistes lors de campagnes présidentielles ou législatives.

En 2007, elle publiait Ma France laïque aux éditions La Martinière.

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