Cet article fait partie du dossier La présidentielle française vue de l'étranger

Nous vous invitons à suivre ce dossier qui relatera la perception dans le monde de la campagne présidentielle en France. La campagne trouvera son épilogue les 10 et 24 avril 2022.

Vu d’Espagne : la tentation de l’abstention à gauche

« Que feront les électeurs de Mélenchon dimanche ? Heureux qui connaît la réponse. Selon une consultation lancée par la France insoumise, la majorité s’abstiendra ou votera nul. Seul un tiers soutiendra Macron. » Cet article d’Aída Palau Sorolla a été publié dans Público, titre de presse catalan, sous le titre « Les électeurs de gauche en France et la tentation de l’abstention dans le duel entre Macron et Le Pen ».

Avec près de 22% des voix, Jean-Luc Mélenchon, candidat de la France insoumise, s’est presque qualifié pour le second tour contre Emmanuel Macron. Un pari perdu de peu avec un peu plus d’un point qui le sépare de Marine Le Pen. Désormais, ses électeurs sont indispensables à la fois à l’extrême droite et au président sortant. Mélenchon ne s’est pas explicitement positionné pour Macron, bien que le soir de l’élection, il ait répété à quatre reprises qu’aucun vote ne devait aller à « Mme Le Pen ».

Afin de « ne pas abuser de la confiance » de ceux qui ont parrainé sa candidature et des plus de 7,7 millions d’électeurs qui ont voté pour lui au premier tour, Mélenchon a lancé une consultation interne pour se faire une idée de ce que les « insoumis » vont faire dimanche. 37,65 % ont opté pour un vote blanc ou nul, 33,4 % pour le vote Macron et 29 % pour l’abstention.

« Cela reflète la fracture qui existe dans la société aujourd’hui, il sera très difficile de gouverner pour celui qui gagnera ces élections », explique Christian Rodríguez, responsable des relations internationales de la France insoumise.

« Ce résultat ne devra pas être interprété comme une consigne donnée à qui que ce soit ni entre nous ni pour ceux qui nous écoutent et nous font confiance. Il indiquera quelles sont nos appréciations dans leurs diversités. Chacun conclura et votera en conscience, comme il l’entend », écrivait Jean-Luc Mélenchon sur le site du parti lors du lancement de l’initiative.

Mélenchon : « Le Pen n’égale aucun autre maux »

Le leader de gauche ne donnera plus de nouvelles consignes de vote, laissant la liberté de choix à ses électeurs, mais insiste sur le fait que Le Pen « n’égale aucun autre maux ». Mélenchon rappelle que Macron et Le Pen ne sont pas « équivalents » et répète sans cesse que « pas une voix ne devrait se porter » sur la candidate de l’extrême droite.

« Marine Le Pen ajoute au projet de maltraitance sociale qu’elle partage avec Emmanuel Macron un ferment dangereux d’exclusion ethnique et religieuse. Un peuple peut être détruit par ce type de division. Nous savons tous qu’elle n’égale aucun autre maux », selon le texte publié sur la page internet du parti.

On est loin de l’unité créée en 2017 entre les électeurs de tout le spectre politique pour appliquer un front républicain et bloquer la route de Marine Le Pen à l’Élysée. Macron s’était alors imposé avec 66 % des voix, issues de la gauche et de la droite républicaine. Aujourd’hui, les sondages ne placent pas Macron au-delà de 55 % et certains sondages ne sont guère plus optimistes en annonçant une marge minime avec Le Pen à 48 %.

Après cinq années de gouvernance Macron, les électeurs de gauche n’ont pas un avis si tranché sur la question, à quelques jours de l’échéance électorale. À nouveau, ils ne sont plus confrontés à un vote d’adhésion mais plutôt à un vote de rejet de l’extrême droite en France.

« Macron doit assumer sa responsabilité, qu’ils ne viennent pas nous voir à gauche pour nous accuser d’être les responsables »

« Le vote est personnel, c’est aussi Macron qui doit assumer sa responsabilité. Et qu’ils ne viennent pas nous voir à gauche pour nous accuser d’être les responsables de ce qui se passe dans ce pays. Tout le monde vote en conscience. Ce que je peux vous dire, c’est que je sais très bien ce qu’est l’extrême droite car je suis d’origine chilienne », explique Christian Rodríguez, installé en France dans les années 80 après avoir fui la dictature d’Augusto Pinochet au Chili.

Les sondages prédisent que 37 % des électeurs de la France insoumise voteront pour Macron, 18 % voteront pour Marine Le Pen et 45 % n’ont pas encore tranché, selon un sondage réalisé par l’institut Ipsos pour le journal Le Parisien.

Mélenchon : le candidat préféré des plus jeunes

Un tiers des jeunes âgés de 18 à 24 ans ont voté pour le candidat de gauche au premier tour, contribuant à son résultat historique qui le place à la troisième place. Des jeunes qui sont encore mobilisés et qui ne veulent pas donner leur vote à Macron.

Preuve en est la mobilisation de la jeunesse qui s’est traduite par des blocages et des occupations dans les universités françaises. Ces derniers jours, c’est la Sorbonne qui a vécu ces événements d’opposition à Macron et Le Pen. Ils ne veulent aucun des deux candidats et se positionnent clairement pour une abstention au second tour.

Cette attitude contraste avec celle vécue en 2002 avec Jean-Marie Le Pen au second tour contre Jacques Chirac. Il y a 20 ans, des millions de personnes sont descendues dans la rue pour exprimer leur rejet de l’extrême droite, dont beaucoup d’étudiants. Maintenant, sur les murs de la Sorbonne, ce sont les mots « Ni Macron, ni Le Pen » qui sont écrits.

Quoi qu’il arrive dimanche, la France insoumise a déjà en ligne de mire les élections législatives de juin au cours desquelles l’Assemblée nationale sera renouvelée. Ils comptent sur l’élan de cette campagne pour obtenir autant de députés que possible.

Et cette fois, ce sera avec la main tendue vers Parti communiste et le Parti écologiste, pour aller ensemble aux élections législatives. Le communiste Fabien Roussel s’était présenté seul à élection présidentielle, privant la France insoumise de 2,28% des voix, ce qui l’aurait placé directement au second tour.

Pour accéder à l’article original de Público

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Marina Mesure

Syndicalisme international

Marina Mesure is a specialist of social issues. She has worked for several years with organizations defending workers’ rights such as the European Federation of Building and Wood Workers.

She has campaigned against child labor with the International Labor Organization, against social dumping and the criminalization of unionism. As a famous figure in the international trade union world, she considers that the principle of “equal work, equal pay « remain revolutionary: between women and men, between posted and domestic workers, between foreigners and nationals ».

Marina Mesure, especialista en asuntos sociales, ha trabajado durante varios años con organizaciones de derechos de los trabajadores como la Federación Europea de Trabajadores de la Construcción y la Madera.

Llevo varias campañas contra el trabajo infantil con la Organización Internacional del Trabajo, contra el dumping social, y la criminalización del sindicalismo. Es una figura reconocida en el mundo sindical internacional. Considera que el principio de « igual trabajo, igual salario » sigue siendo revolucionario: entre mujeres y hombres, entre trabajadores desplazados y domésticos, entre extranjeros y nacionales « .

Spécialiste des questions sociales, Marina Mesure travaille depuis plusieurs années auprès d’organisations de défense des droits des travailleurs comme la Fédération Européenne des travailleurs du Bâtiment et du Bois.

Elle a mené des campagnes contre le travail des enfants avec l’Organisation internationale du travail, contre le dumping social, la criminalisation du syndicalisme. Figure reconnue dans le monde syndical international, elle considère que le principe de « travail égal, salaire égal » est toujours aussi révolutionnaire : entre les femmes et les hommes, entre les travailleurs détachés et domestiques, entre étrangers et nationaux ».

Sophia Chikirou

Directrice de la publication

Sophia Chikirou is the publisher of Le Monde en commun. Columnist, director of a documentary on the lawfare, she also founded several media such as Le Média TV and the web radio Les Jours Heureux.

Communications advisor and political activist, she has worked and campaigned in several countries. From Ecuador to Spain, via the United States, Mexico, Colombia, but also Mauritania, she has intervened with progressive and humanist movements during presidential or legislative campaigns.

In 2007, she published Ma France laïque (La Martinière Editions).

Sophia Chikirou es directora de la publicación de Le Monde en commun. Columnista, directora de un documental sobre el lawfare, también fundó varios medios de comunicación tal como Le Média TV y la radio web Les Jours Heureux.

Asesora de comunicacion y activista política, ha trabajado y realizado campañas en varios países. Desde Ecuador hasta España, pasando por Estados Unidos, México, Colombia, pero también Mauritania, intervino con movimientos progresistas y humanistas durante campañas presidenciales o legislativas.

En 2007, publicó Ma France laïque por Edicion La Martinière.

Sophia Chikirou est directrice de la publication du Monde en commun. Editorialiste, réalisatrice d’un documentaire sur le lawfare, elle a aussi fondé plusieurs médias comme Le Média TV et la web radio Les Jours Heureux.

Conseillère en communication et militante politique, elle a exercé et milité dans plusieurs pays. De l’Equateur à l’Espagne, en passant par les Etats-Unis, le Mexique, la Colombie, mais aussi la Mauritanie, elle est intervenue auprès de mouvements progressistes et humanistes lors de campagnes présidentielles ou législatives.

En 2007, elle publiait Ma France laïque aux éditions La Martinière.

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