Cet article fait partie du dossier La présidentielle française vue de l'étranger

Nous vous invitons à suivre ce dossier qui relatera la perception dans le monde de la campagne présidentielle en France. La campagne trouvera son épilogue les 10 et 24 avril 2022.

Vu d’Espagne : la bataille des législatives

« Les élections législatives de juin détermineront la capacité d’Emmanuel Macron à gouverner dans un système français où la composition du gouvernement dépend d’une majorité à l’Assemblée nationale. Dans la Vème République, il y a eu trois cohabitations avec un président et un Premier ministre issus de partis opposés. » Publié dans le titre de presse catalan Público, nous vous proposons la traduction de cet article d’Aída Palau Sorolla. Il a été publié sous le titre original « Désormais réélu, Macron met en jeu sa capacité à gouverner en jeu lors des élections législatives de juin ».

Dans le discours qui a suivi sa nouvelle victoire à l’élection présidentielle, Emmanuel Macron a déconcerté son public. Il affirmé que les cinq prochaines années ne seraient pas les mêmes que les cinq années qui venaient de s’écouler. Pour certains, ces mots sont un indicateur qu’il aura pour priorité les questions sociales et climatiques ; pour d’autres, il prédit un mandat dans lequel il gouvernera par décrets car il est possible qu’il ne renouvelle pas sa majorité aux élections législatives de juin.

Depuis que, par référendum, les Français ont approuvé en 2000 le passage du septennat au quinquennat, les élections présidentielles et législatives ont lieu au même moment. En théorie, la dynamique de l’homme politique qui remporte les élections présidentielles signifie qu’il obtient une majorité parlementaire suite aux élections pour renouveler l’Assemblée nationale.

Il y a eu, cependant, des exceptions où la France a eu un président de droite et un Premier ministre et un gouvernement de gauche. Trois cohabitations ont eu lieu dans l’histoire de la Vème République. La dernière fois que cela s’était produit, c’était pendant la période 1997-2002 avec un président de droite, Jacques Chirac, et un Premier ministre et gouvernement de gauche, avec le socialiste Lionel Jospin à sa tête.

C’est cette configuration que souhaiterait voir rééditée le leader de la France insoumise, Jean-Luc Mélenchon, qui appelle à ce qu’un front de gauche se présente ensemble aux élections législatives des 12 et 19 juin. De fait, des insoumis, des communistes et des verts négocient pour obtenir la majorité des circonscriptions tandis que les socialistes approuvaient la semaine dernière dans leur Conseil national (sorte de parlement interne) l’ouverture de négociations avec d’autres forces de gauche.

La gauche doit s’allier si elle veut avoir une chance de gouverner

« Pour survivre, la gauche a un impératif aux élections législatives. Ils n’ont pas réussi à s’unir aux élections présidentielles et à cause de cette désunion ils n’ont pas réussi à passer au second tour, mais maintenant ils ont une occasion historique de faire un grand gouvernement de coalition avec la France insoumise, les écologistes, les communistes et le PS, incorporant le social et le climat comme des priorités », explique le politologue français Pierre Lebret, ancien conseiller du gouvernement chilien de Michelle Bachelet (2014-2018).

Si mathématiquement c’est possible, politiquement c’est une autre paire de manches. Il faut trouver un terrain d’entente et laisser les désaccords pour plus tard s’ils veulent vraiment être une force qui pèse à l’Assemblée nationale et imposer une cohabitation comme cela s’est produit avec Jospin et Chirac à la fin des années 90.

« Chirac et Jospin étaient des politiciens de consensus, en plus c’était pendant une période de croissance économique. Maintenant c’est un peu différent car le contexte européen est différent et Macron et Mélenchon sont deux personnalités qui s’affrontent, ce sont des leaders très forts dans leurs partis respectifs. On aurait alors une cohabitation un peu plus mouvementée et avec beaucoup de contradictions », analyse Lebret à propos de ces deux hommes charismatiques qui viennent de la même famille politique, le Parti socialiste français. Mélenchon a été ministre dans le gouvernement avec François Mitterrand et Macron dans l’administration de François Hollande.

Le Pen espère faire sauter le verrou du front républicain

À l’extrême droite aussi, on rêve de ce troisième tour. Marine Le Pen l’a dit clairement dimanche soir. Elle pourrait entraîner derrière elle lors des législatives les électeurs de l’autre candidat d’extrême droite, Éric Zemmour. Il n’a pas d’implantation locale avec son parti. Mais dans ce cas, contrairement à la gauche, si cela est politiquement possible, c’est techniquement peu probable. Et c’est à cause de la nature du système électoral que donne les outils pour élever un barrage à l’extrême droite.

Le mode de scrutin des élections législatives est uninominal à deux tours par majorité. Les candidats qui obtiennent plus de 12,5% des voix passent au second tour. Cela rend difficile pour l’extrême droite d’obtenir des députés car, comme lors des élections présidentielles, un front républicain est alors mis en place, c’est-à-dire que si un candidat du Rassemblement national de Le Pen se qualifie pour le second tour, les autres partis, quel que soit leur camp politique, s’allient pour que le candidat d’extrême droite ne puisse gagner.

« Je trouve très difficile que Le Pen puisse gagner les élections législatives, mais je crois que Le Pen obtiendra plus de députés que la dernière fois en raison de la volonté de Zemmour de s’allier. Ce dernier n’a pas de parti, mais a un mouvement et une force électorale de 7 %, ce qui n’est pas négligeable » conclut l’analyste Pierre Lebret.

L’Assemblée nationale Français compte 577 députés, la majorité étant fixée à 289. Actuellement, le parti de Macron, la République en Marche, compte 267 sièges et, avec ses alliés centristes (MoDem, 57 et Agir, 22), domine la Chambre. Le groupe d’opposition majoritaire est le parti conservateur Les Républicains avec 101 députés, suivi loin derrière par le Parti socialiste avec 28 et la France insoumise qui en a très peu, 17 sièges. Le parti de Le Pen dispose de sept députés.

Pour accéder à l’article original de Público

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Marina Mesure

Syndicalisme international

Marina Mesure is a specialist of social issues. She has worked for several years with organizations defending workers’ rights such as the European Federation of Building and Wood Workers.

She has campaigned against child labor with the International Labor Organization, against social dumping and the criminalization of unionism. As a famous figure in the international trade union world, she considers that the principle of “equal work, equal pay « remain revolutionary: between women and men, between posted and domestic workers, between foreigners and nationals ».

Marina Mesure, especialista en asuntos sociales, ha trabajado durante varios años con organizaciones de derechos de los trabajadores como la Federación Europea de Trabajadores de la Construcción y la Madera.

Llevo varias campañas contra el trabajo infantil con la Organización Internacional del Trabajo, contra el dumping social, y la criminalización del sindicalismo. Es una figura reconocida en el mundo sindical internacional. Considera que el principio de « igual trabajo, igual salario » sigue siendo revolucionario: entre mujeres y hombres, entre trabajadores desplazados y domésticos, entre extranjeros y nacionales « .

Spécialiste des questions sociales, Marina Mesure travaille depuis plusieurs années auprès d’organisations de défense des droits des travailleurs comme la Fédération Européenne des travailleurs du Bâtiment et du Bois.

Elle a mené des campagnes contre le travail des enfants avec l’Organisation internationale du travail, contre le dumping social, la criminalisation du syndicalisme. Figure reconnue dans le monde syndical international, elle considère que le principe de « travail égal, salaire égal » est toujours aussi révolutionnaire : entre les femmes et les hommes, entre les travailleurs détachés et domestiques, entre étrangers et nationaux ».

Sophia Chikirou

Directrice de la publication

Sophia Chikirou is the publisher of Le Monde en commun. Columnist, director of a documentary on the lawfare, she also founded several media such as Le Média TV and the web radio Les Jours Heureux.

Communications advisor and political activist, she has worked and campaigned in several countries. From Ecuador to Spain, via the United States, Mexico, Colombia, but also Mauritania, she has intervened with progressive and humanist movements during presidential or legislative campaigns.

In 2007, she published Ma France laïque (La Martinière Editions).

Sophia Chikirou es directora de la publicación de Le Monde en commun. Columnista, directora de un documental sobre el lawfare, también fundó varios medios de comunicación tal como Le Média TV y la radio web Les Jours Heureux.

Asesora de comunicacion y activista política, ha trabajado y realizado campañas en varios países. Desde Ecuador hasta España, pasando por Estados Unidos, México, Colombia, pero también Mauritania, intervino con movimientos progresistas y humanistas durante campañas presidenciales o legislativas.

En 2007, publicó Ma France laïque por Edicion La Martinière.

Sophia Chikirou est directrice de la publication du Monde en commun. Editorialiste, réalisatrice d’un documentaire sur le lawfare, elle a aussi fondé plusieurs médias comme Le Média TV et la web radio Les Jours Heureux.

Conseillère en communication et militante politique, elle a exercé et milité dans plusieurs pays. De l’Equateur à l’Espagne, en passant par les Etats-Unis, le Mexique, la Colombie, mais aussi la Mauritanie, elle est intervenue auprès de mouvements progressistes et humanistes lors de campagnes présidentielles ou législatives.

En 2007, elle publiait Ma France laïque aux éditions La Martinière.

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