En Turquie, la répression des milieux pro-kurdes continue. Ömer Faruk Gergerlioğlu a été condamné et déchu de son mandat, accusé de « propagande terroriste ». Le défenseur des droits humains et élu du HDP avait partagé sur Twitter en 2016 un appel du Parti des travailleurs du Kurdistan. Un partage qui sert de prétexte à l’attaquer et le poursuivre, jusqu’à cette arrestation au début du mois d’avril condamnée par plusieurs organisations non-gouvernementales. Le jour de son arrestation, les autorités ont demandé à interdire le HDP, troisième parti d’opposition en Turquie.
Le député de Kocaeli a été déchu de son mandat parlementaire le 17 mars en raison d’une condamnation définitive. Les autorités turques avaient fixé un délai de dix jours pour qu’il se présente au poste de police. Gergerlioglu avait cependant annoncé qu’il ne se conformerait pas à cette injonction.
Alors qu’il attendait chez lui d’être arrêté, il a déclaré dans une émission en direct : « Cette oppression prendra fin un jour. On tente en ce moment de détruire l’espoir de paix d’un pays. Je suis puni pour avoir dit la vérité et représenté notre peuple. Je n’ai pas porté atteinte à la dignité de ce peuple. Je continuerai à me battre et je reviendrai un jour. Même en prison, je resterai le représentant de ce peuple. L’histoire ne s’arrête pas là, l’oppression ne peut pas continuer comme ça. Je répète ce que j’ai dit au Parlement : La résistance, c’est la vie. »
Source : Rojinfo
Sur Twitter, son fils a précisé que la police ne l’avait même pas laissé prendre ses chaussures :
Samedi 3 avril, une vidéo enregistrée au préalable a été diffusée sur le compte Twitter d’Ömer Faruk Gergerlioğlu. Vous pouvez retrouver ci-dessous la traduction et transcription effectuée par les journalistes de Rojinfo :
« Cette vidéo est enregistrée avant mon emprisonnement. Je serai probablement en prison au moment où vous la regardez. Je tiens à préciser que des tentatives ont été faites pour me priver de mon mandat de député de façon fallacieuse. Cela a été fait sur le papier mais je ne suis pas l’un de ces députés sur le papier. Je suis l’un de ces députés qui sont dans le cœur des gens. Je combattrai cette illégalité jusqu’au bout. Que tout le monde le sache car les gens nous ont fait confiance. Ce traitement contre nous est en fait dirigé contre le peuple. Ce n’est pas moi qui suis emprisonné, mais 90 000 personnes qui ont voté pour moi. En outre, 83 millions de personnes dont j’ai reçu la représentation sont soumises à une grande injustice et leur volonté a été emprisonnée. J’ai reçu les voix de 90 000 personnes de Kocaeli, mais j’ai été le député du peuple, de 83 millions de personnes, et je continuerai à l’être.
Aucun usurpateur ni aucun voleur ne pourra nous en priver. Aucune puissance ne pourra jamais tuer l’espoir de paix des peuples de Turquie. Nous continuerons à faire entendre notre voix pour les droits humains. Nous exigerons à nouveau la fin de la purge par décret-loi, de l’injustice concernant la question kurde et des violations des droits dans les prisons. Nous exigerons à nouveau la fin des enlèvements, de la torture, des fouilles à nu et de toutes formes de mauvais traitements. Nous ne reviendrons pas sur nos paroles. Je suis un député du peuple, même en prison. On n’est pas seulement député au Parlement. Cela se fait dans le cœur du peuple, je le sais très bien. Je sais aussi que des gens de tous les bords de la société prient pour moi. Nous reviendrons définitivement. Aucune tyrannie ne nous arrêtera jamais ».
Un message d’espoir et d’appel à la lutte massivement relayé sur les réseaux sociaux à l’heure où le plus haut tribunal turc doit se réunir dans les semaines à venir pour statuer concernant l’interdiction du HDP qui regroupe plus de 40 000 membres.