Rahul Gandhi prépare sa très probable candidature aux élections générales indiennes. Elles opposeront au printemps 2024 la vaste coalition INDIA, qui rassemble 27 partis sous l’égide du Congrès (parti de Rahul Gandhi) et de Monsieur Gandhi, au Bharatyia Janata Party, le Parti du peuple indien, formation hindouiste d’extrême-droite au pouvoir depuis 2014 en la personne du Premier ministre, Narendra Modi.
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La discussion a porté entre autres sur les enjeux de la relocalisation industrielle pour nos deux pays, dans le contexte d’une mondialisation bouleversée notamment par le poids acquis par l’économie chinoise, la crise de 2008 que les capitalistes n’ont dépassé qu’à coup de subterfuges sur le dos de la masse des producteurs, la pandémie, et les conséquences de l’accélération de la crise climatique.
Mathilde Panot a notamment mis en avant la nécessité du protectionnisme écologique et solidaire. C’est la seul orientation à même d’enrayer la dérive autoritaire et belliciste découlant de la compétition économique de tous contre tous, et de planifier l’adaptation au changement climatique. Face à ces propositions, Rahul Gandhi a mis en avant des options plus conformes à l’orthodoxie libérale et à la division du travail capitaliste. Très infulencé, de par la position de son pays, sur la concurrence entre l’Inde et la Chine « atelier du monde », il prend acte sans chercher à la remettre en question de la concentration d’une large part de l’industrie dans certaines régions du monde aux conditions de travail généralement indignes. Son objectif est de prendre des parts de marché au voisin chinois. Nous sommes pour notre part en désaccord avec une telle approche refusant d’affronter un mode de production, d’échanges et de consommation destructeur des hommes et de l’environnement. Le néolibéralisme – qu’il soit libre-échangiste ou protectionniste – aboutit nécessairement à la guerre économique de tous contre tous, et au nivellement par le bas des salaires et des normes écologiques. Les producteurs indiens n’échappent pas à cette règle. Ils le savent, comme en témoignent les immenses mobilisations sociales, notamment paysannes, des dernières années en Inde, relatées par notre camarade Marina Mesure, députée européenne en relation constante avec certains des principaux syndicats indiens. Comme cela avait été rappelé, avant la visite de Modi en France le 14 juillet, lors d’un échange entre Jean-Luc Mélenchon et deux leaders de l’opposition sociale à Modi, l’union populaire est la condition de la victoire face au bloc libéral et identitaire . Si les modalités varient évidement en fonction des contextes nationaux, c’est la seule stratégie susceptible de l’emporter face à la stratégie de division mise en œuvre par les classes dirigeantes.
Ces désaccords n’empêchent pas un constat commun quant aux méthodes de répression de plus en plus utilisées par libéralisme autoritaire contre les oppositions politiques et sociales. La plus commune est l’instrumentalisation de la justice, l’usage abusif du droit (Lawfare), pour criminaliser les oppositions. Comme notre mouvement, et notamment Jean-Luc Mélenchon en 2018, Rahul Gandhi a subi une condamnation infondée dont le seul objectif était de tenter de l’empêcher de se présenter à l’élection de 2024. C’est pourquoi nous avons remis une lettre de Jean-Luc Mélenchon à Rahul Gandhi lui proposant de relancer l’appel international contre le Lawfare que nous avions initié en 2019.
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