L’hiver a tiré sa révérence. Chaque jour, un soleil de plomb fait grimper un peu plus les températures. «On a troqué les grosses couvertures contre des ventilateurs», s’exclame un jeune agriculteur, tout en fixant sur le toit improvisé de sa remorque d’épais tapis en mousse, qui devraient suffire à stopper les premières lueurs du jour. Ils sont cinq à dormir à l’arrière de ce tracteur depuis plus de 110 jours.
Autour d’eux, on s’active. Les ventilateurs et les moustiquaires passent de main en main. Les bouteilles d’eau arrivent par paquets de 100, chargés dans des camions qui peinent à se faufiler dans le campement. Des climatiseurs sont accrochés tant bien que mal à l’arrière des remorques aménagées. Il fait déjà 32 degrés, et tout le monde se prépare à un été brûlant. Tous s’attendent à rester ici encore longtemps. «Autant de temps qu’il le faudra.»
Depuis près de quatre mois, des milliers d’agriculteurs campent à l’entrée de la capitale indienne. Cette révolte paysanne a dans le viseur trois lois adoptées sans discussion par le parlement en septembre 2020. Une réforme qui a pour objectif de libéraliser le marché agricole du pays en l’ouvrant aux grandes entreprises, ce qui n’est pas sans conséquence pour les paysans indiens –qui représentent près de la moitié de la population, soit 650 millions de personnes.
L’article a été publié sur Slate