Dix ans jour pour jour après le début de la révolution en Égypte, notre recherche brosse un tableau sombre de la crise des droits humains dans les prisons du pays. Aujourd’hui, ces prisons sont remplies d’hommes et de femmes courageux qui étaient, à la pointe du combat pour la justice sociale et politique. Notre enquête montre également que les autorités pénitentiaires n’ont délibérément pas protégé les détenus contre la pandémie de Covid-19 et font régulièrement preuve de discrimination envers les détenus issus de milieux socio-économiques défavorisés.
Nous avons recueilli des informations sur l’expérience de 67 personnes, détenues dans trois prisons pour femmes et 13 prisons pour hommes dans sept gouvernorats. Dix de ces personnes sont mortes en détention et deux autres peu après leur libération, en 2019 et 2020.
Des prisonniers déshumanisés
L’administration pénitentiaire fait preuve d’un mépris total pour la vie et le bien-être des personnes entassées dans les prisons surpeuplées du pays, et néglige largement leurs besoins et leurs droits en matière de santé. Elle laisse aux familles des détenus le soin de leur fournir des médicaments, de la nourriture et de l’argent pour acheter des produits de base comme du savon ou des serviettes hygiéniques et leur refusent une literie ou des vêtements corrects. Certaines personnes incarcérées pour délit d’opinion ou pour des motifs politiques sont détenues dans des conditions cruelles et inhumaines, subissent des actes de torture, sont privées délibérément de soins médicaux. D’autres sont privées d’une alimentation correcte, de visites de leur famille ou de sorties à l’air libre pour faire de l’exercice. Par ce biais, les autorités égyptiennes cherchent à intimider et à tourmenter des défenseurs des droits humains, des responsables politiques, des militants et des opposants réels ou supposés. En somme, elles les punissent pour leurs vues dissidentes.
Vous pouvez retrouver l’enquête dans son intégralité sur le site d’Amnesty International