Cet article fait partie du dossier La solidarité internationale

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Les militants anti-guerre Russes dénoncent la criminalisation de la cause Palestinienne

Sentiment de déjà-vu. Plusieurs militants anti-guerre Russes alertent sur les poursuites pour "apologie du terrorisme" qui ciblent les militants de la cause Palestinienne en France.

Un collectif de militants anti-guerre Russes dénoncent les poursuites judiciaires contre Rima Hassan, Mathilde Panot, Jean-Paul Delescaut et les nombreux militants pour la cause Palestinienne, ciblée par la justice en mobilisant les lois anti-terroristes : une pratique courante dans le régime de Vladimir Poutine.

Aujourd’hui, en France, Rima Hassan, Mathilde Panot, Jean-Paul Delescaut et de nombreux autres opposants à la guerre à Gaza sont poursuivis pour « apologie du terrorisme ». Pour nous, militants de gauche anti-guerre de Russie, cela provoque un effrayant sentiment de déjà-vu. 

Nous connaissons la menace de l’antisémitisme réel, au sein de la gauche comme des milieux de la droite radicale. Nous ne soutenons pas les actes ouvertement terroristes, même s’ils sont menés par les opprimés, parce que cela nuit à toute politique de libération, comme nous le voyons dans le cas des émissaires iraniens, qu’il s’agisse du Hamas, du Hezbollah ou d’autres groupes fondamentalistes. Mais dans notre propre pays l’accusation d’« apologie du terrorisme » est devenue un moyen de se débarrasser des dissidents et opposants et de renforcer la dictature. Aujourd’hui, beaucoup de nos camarades sont en prison suite à cette accusation. Mais la tendance à criminaliser les opposants a commencé il y a longtemps.

Alors que la vague de terrorisme islamiste en Russie s’essoufflait, le nombre de condamnations au titre d' »articles terroristes » a augmenté de manière exponentielle. Entre 2009 et 2011, les tribunaux ont condamné 16 personnes par an, et en 2022, 665 personnes ont été emprisonnées de ce fait. Depuis le retour de Poutine à la présidence en 2012, au moins 4 000 personnes ont été emprisonnées en vertu d’articles « terroristes ». Si les musulmans constituaient initialement la majorité d’entre elles, les militants de gauche et les antifascistes ont pris le dessus au milieu des années 2010. Les discours sur la révolution, les appels à une transformation profonde de la société ou contre les aventures militaires des services spéciaux ont été qualifiés de « renversement violent de l’ordre constitutionnel » ou « justification du terrorisme ». Il n’est pas surprenant qu’après l’invasion de l’Ukraine, toute critique – ou même simple analyse – de la guerre ait été considérée comme une « aide au terrorisme » ou une « justification » de celui-ci. 

En février 2024, Boris Kagarlitsky, l’un des intellectuels de gauche les plus populaires de Russie, a été condamné à cinq ans de prison pour avoir commenté la logique des actions de l’armée et des dirigeants politiques ukrainiens. Commenter pour essayer de comprendre. Et dans l’optique de la machine répressive, « comprendre » et « justifier » sont la même chose. Le mathématicien et antifasciste Azat Miftakhov, déjà en prison, a dit à un codétenu qu’il comprenait les motivations d’un anarchiste de 17 ans qui s’était fait exploser dans le centre d’accueil du FSB à Arkhangelsk pour protester contre la répression politique. Il a immédiatement été condamné à une nouvelle peine de quatre ans pour « justification du terrorisme ». La metteuse en scène Zhenya Berkovich est en prison depuis un an pour avoir réalisé un documentaire sur des femmes russes mariées à des combattants de l’EI. Et, bien sûr, pour avoir condamné la guerre en Ukraine.

Nous avons vu comment la « guerre contre le terrorisme » de Poutine est devenue un outil pour créer une dictature inhumaine. Aujourd’hui, à la suite de l’horrible attentat terroriste de Crocus City à Moscou, les médias pro-Kremlin montrent des agents de renseignement coupant l’oreille d’un suspect et électrocutant les parties génitales d’un autre. Les politiciens fidèles à Poutine demandent le rétablissement de la peine de mort. La torture et les exécutions n’aident pas à prévenir les attaques terroristes, mais elles créent efficacement un climat de peur, forçant la société à accepter que quiconque n’est pas d’accord puisse être envoyé dans un camp. De nombreux amis et proches sont tombés sous ce rouleau compresseur. Certains d’entre nous auraient pu être à leur place sans la solidarité et le soutien de nos camarades de la « France insoumise », grâce auxquels nous sommes en sécurité.

Ce qui arrive aujourd’hui à Mathilde Panot ou à Rima Hassan ressemble comme deux gouttes d’eau à ce qui est arrivé à notre patrie. Les enjeux sont vraiment considérables. Ce n’est pas seulement une question de guerre et de paix quelque part au loin. C’est une question de liberté ici en France. Si on ne les protège pas ici aujourd’hui, on pourrait bien se réveiller demain dans une France poutinienne. A la différence des Russes, les Européens peuvent encore défendre la liberté dans les bureaux de vote, en votant pour l’Union populaire aux élections européennes du 9 juin.

Socialistes russes contre la guerre,

Alexei Sakhnin, politicien, militant d’initiative « Les socialistes russes contre la guerre »

Nika Dubrovskaya, anthropologiste

Dmitri Vilenski, artiste

Andrei Demidov, syndicalist russe, militant d’initiative « Les socialistes russes contre la guerre »

Liza Smirnova, journaliste, poète, militant de gauche et anti-guerre

Elmar Rustamov, militant d’initiative « Les socialistes russes contre la guerre »

Anton Karliner, photojournaliste, Journalists’ and Media Workers Union

Diana Karliner, journaliste, Journalists’ and Media Workers Union

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Marina Mesure

Syndicalisme international

Marina Mesure is a specialist of social issues. She has worked for several years with organizations defending workers’ rights such as the European Federation of Building and Wood Workers.

She has campaigned against child labor with the International Labor Organization, against social dumping and the criminalization of unionism. As a famous figure in the international trade union world, she considers that the principle of “equal work, equal pay « remain revolutionary: between women and men, between posted and domestic workers, between foreigners and nationals ».

Marina Mesure, especialista en asuntos sociales, ha trabajado durante varios años con organizaciones de derechos de los trabajadores como la Federación Europea de Trabajadores de la Construcción y la Madera.

Llevo varias campañas contra el trabajo infantil con la Organización Internacional del Trabajo, contra el dumping social, y la criminalización del sindicalismo. Es una figura reconocida en el mundo sindical internacional. Considera que el principio de « igual trabajo, igual salario » sigue siendo revolucionario: entre mujeres y hombres, entre trabajadores desplazados y domésticos, entre extranjeros y nacionales « .

Spécialiste des questions sociales, Marina Mesure travaille depuis plusieurs années auprès d’organisations de défense des droits des travailleurs comme la Fédération Européenne des travailleurs du Bâtiment et du Bois.

Elle a mené des campagnes contre le travail des enfants avec l’Organisation internationale du travail, contre le dumping social, la criminalisation du syndicalisme. Figure reconnue dans le monde syndical international, elle considère que le principe de « travail égal, salaire égal » est toujours aussi révolutionnaire : entre les femmes et les hommes, entre les travailleurs détachés et domestiques, entre étrangers et nationaux ».

Sophia Chikirou

Directrice de la publication

Sophia Chikirou is the publisher of Le Monde en commun. Columnist, director of a documentary on the lawfare, she also founded several media such as Le Média TV and the web radio Les Jours Heureux.

Communications advisor and political activist, she has worked and campaigned in several countries. From Ecuador to Spain, via the United States, Mexico, Colombia, but also Mauritania, she has intervened with progressive and humanist movements during presidential or legislative campaigns.

In 2007, she published Ma France laïque (La Martinière Editions).

Sophia Chikirou es directora de la publicación de Le Monde en commun. Columnista, directora de un documental sobre el lawfare, también fundó varios medios de comunicación tal como Le Média TV y la radio web Les Jours Heureux.

Asesora de comunicacion y activista política, ha trabajado y realizado campañas en varios países. Desde Ecuador hasta España, pasando por Estados Unidos, México, Colombia, pero también Mauritania, intervino con movimientos progresistas y humanistas durante campañas presidenciales o legislativas.

En 2007, publicó Ma France laïque por Edicion La Martinière.

Sophia Chikirou est directrice de la publication du Monde en commun. Editorialiste, réalisatrice d’un documentaire sur le lawfare, elle a aussi fondé plusieurs médias comme Le Média TV et la web radio Les Jours Heureux.

Conseillère en communication et militante politique, elle a exercé et milité dans plusieurs pays. De l’Equateur à l’Espagne, en passant par les Etats-Unis, le Mexique, la Colombie, mais aussi la Mauritanie, elle est intervenue auprès de mouvements progressistes et humanistes lors de campagnes présidentielles ou législatives.

En 2007, elle publiait Ma France laïque aux éditions La Martinière.

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