Chaque jour de mon mandat est un combat contre les lobbys. Même quand nous pensons avoir obtenu des victoires, il faut toujours rester en état d’alerte car la partie n’est jamais gagnée. Dernière illustration en date avec la législation sur la responsabilité des multinationales qui violent les droits humains ou saccagent l’environnement. Nous étions parvenus à faire voter (grâce à votre soutien) au parlement européen une première proposition de texte assez ambitieuse en mars dernier. Mais depuis les lobbies s’activent en coulisses pour vider le texte de sa substance.
Zara, Nike, Apple, Vinci, Total (la liste est sans fin)… tant de multinationales profitent de la mondialisation sauvage pour exploiter les travailleurs et détruire la planète en toute impunité. Et le texte que j’étais parvenue à faire adopter permettrait enfin de traîner ces entreprises devant les tribunaux et de donner accès à la justice aux victimes.
La balle est aujourd’hui entre les mains de la Commission européenne qui doit proposer un texte législatif censé respecter la position du Parlement européen. Mais les multinationales se mobilisent tous azimuts pour affaiblir tous les aspects contraignants du texte. Une enquête menée par plusieurs associations dévoile ce lobbying intense mené par les multinationales pour faire pression sur les institutions européennes. Les techniques sont connues : évènements, sponsoring, courriers, déjeuners… tout est bon pour influencer les eurodéputés et la Commission. Et les lobbys ne lésinent pas sur les moyens. L’AIM (Association européennes des marques) a ainsi déboursé pas moins de 400 000 euros et l’AFEP (l’Association française des entreprises privées qui réunit le CAC 40) a dépensé plus d’1,25 million d’euros en lobbying auprès des institutions européennes. Avec de tels chiffres on comprend l’inégalité du rapport de force entre les défenseurs des intérêts privés, les associations et les (quelques) élus qui se battent pour l’intérêt général.
Certaines multinationales annoncent clairement la couleur, assument leur opposition totale et ne veulent pas entendre parler de la moindre législation sur le devoir de vigilance des multinationales. D’autres agissent de manière plus insidieuse et prétendent vouloir coopérer tout en cherchant en réalité en sous main à affaiblir le texte (on vous voit…). C’est le cas de Bayer, Total ou Mars qui nous abreuvent de belles déclarations sur la responsabilité sociale des entreprises mais manœuvrent en coulisse pour façonner la loi selon leurs intérêts. Leur objectif est simple : empêcher à tout prix que les multinationales rendent des comptes sur leurs pratiques. En s’attaquant à la portée du texte, à sa dimension contraignante, ou encore en rendant inopérantes certaines dispositions.
Malgré les agissements des lobbys, je ne baisse pas les bras et je continue de travailler d’arrache-pied pour faire adopter cette loi européenne sur le devoir de vigilance des multinationales. Nous avons ainsi mobilisé les autres présidents de groupe pour mettre la pression sur la commission et défendre la position du parlement. Et nous continuerons d’alerter sur toute tentative de social ou de greenwashing. Il est temps de faire cesser l’impunité des multinationales prédatrices et de reprendre le pouvoir sur les lobbys. Nous avions déjà été nombreux à nous mobiliser avec la campagne citoyenne #QuiCommande ? Car en démocratie, c’est nous et certainement pas les lobbys. Et vous pouvez compter sur moi pour ne rien lâcher et faire primer l’intérêt des gens sur celui de l’argent !