L’alerte lancée par le Counter-Terrorism Committee Executive Directorate (CTED) de l’ONU début avril est très claire:
«Les États membres sont préoccupés par la menace croissante et de plus en plus transnationale du terrorisme d’extrême droite.»
Il faut dire que la liste des attaques meurtrières menées par des extrémistes de droite s’est considérablement allongée ces dernières années. Selon le Global Terrorism Index 2019 (GTI) de l’Institute for Economics and Peace, le nombre d’actions terroristes d’extrême droite perpétrées en Occident a triplé en l’espace de cinq ans.
Menace globale
Le 22 juillet 2016, inspiré par Anders Behring Breivik, auteur des attentats d’Oslo et d’Utøya, et mû par une haine «des Turcs et des Arabes», David Ali Sonboly ouvre le feu dans un centre commercial de Munich (Allemagne), faisant neuf morts.
Le 9 janvier 2017, Alexandre Bissonnette, admirateur de Donald Trump et de Marine Le Pen, abat six fidèles de la grande mosquée de Québec (Canada).
Le 27 octobre 2018 à Pittsburgh (États-Unis), Robert Bowers tue onze personnes juives dans la synagogue Tree of Life, les estimant responsables d’un «génocide» contre la race blanche.
Cinq mois plus tard, Brenton Tarrant, fervent adepte de la théorie dite du «grand remplacement», se filme en train de massacrer cinquante-et-une musulman·es dans deux mosquées de Christchurch (Nouvelle-Zélande).
Le 2 juin 2019, parce qu’il était en faveur de l’accueil des réfugié·es, l’élu Walter Lübcke est assassiné à son domicile de Wolfhagen (Allemagne) par un néo-nazi notoire, Stephan Ernst.
Le 3 août 2019, Patrick Wood Crusius exécute au fusil d’assaut vingt-deux membres de la communauté hispanique d’El Paso (États-Unis). Son manifeste, publié sur le site d’imageboard haineux 8chan (devenu 8kun), dénonce une prétendue «invasion hispanique du Texas» conforme à la théorie du «grand remplacement».
Quatre jours plus tôt, à Gilroy (États-Unis), Santino William Legan tirait sur la foule d’un festival, causant la mort de trois personnes, dont deux enfants. Sur son compte Instagram, il avait fait référence à un manifeste populaire dans les milieux suprémacistes.
Autant d’assassinats d’innocent·es commis au nom du racisme et de la xénophobie –sans parler des attaques déjouées. Dans la majorité des cas, c’est l’idéologie qui a fixé les objectifs de ces attaques et en a désigné les cibles, afin de faire passer un message politique. L’action violente est mise au service d’une cause, comme dans le terrorisme djihadiste.
«Bien que le terrorisme d’extrême droite ne soit pas un phénomène nouveau, sa fréquence et sa létalité ont récemment augmenté», affirme le CTED. Ses spécialistes insistent sur le caractère global de la menace et sur le rôle d’internet, outil utilisé au sein de la mouvance d’extrême droite pour glorifier ses actions, amplifier sa résonance ainsi que celle de son message et recruter des adeptes.