Jovenel Moïse – président de la République d’Haïti fermement accroché au pouvoir depuis 2017 – a été assassiné par un commando dans la matinée de ce mercredi dans la résidence présidentielle, selon les premières déclarations du Premier ministre sortant Claude Joseph. La nouvelle intervient dans un contexte de crise politique profonde du pays depuis trois ans, sur fond de corruption, d’insécurité et de dérive autoritaire sanglante.
Hier encore, cent-trente-six organisations et personnalités politiques du monde entier signaient une déclaration conjointe condamnant « la violence d’Etat et les plus de dix massacres dont a souffert le peuple haïtien », perpétrés par des « gangs paramilitaires et le corps de police de l’Etat » dirigés par le président Moïse. Exécutions sommaires et massacres réguliers, comme celui de Saline en 2018 où soixante-et-onze personnes ont trouvé la mort.
Les signataires incriminaient également le rôle complice des Etats-Unis et des pays du Core-Group à l’ONU (parmi lesquels la France et des représentants de l’Union européenne) qui n’ont cessé d’appuyer Jovenel Moïse, président fortuné issu du monde des affaires, dans sa volonté de se perpétuer au pouvoir. Le mandat constitutionnel du défunt président aurait dû prendre fin dès le 7 février dernier.
En France, la cause haïtienne a notamment été portée par le député d’opposition et candidat présidentiel Jean-Luc Mélenchon. En mars dernier, il alertait déjà le gouvernement français sur la situation de « ce pays martyr et de ce peuple frère ». Dans sa question écrite à Jean-Yves Le Drian, il exhortait le ministre et la France à « aider à éviter l’explosion à laquelle ce pays est condamné si le président Moïse s’enferre dans son entêtement ».
Filip Ristic