Cet article fait partie du dossier La présidentielle française vue de l'étranger

Nous vous invitons à suivre ce dossier qui relatera la perception dans le monde de la campagne présidentielle en France. La campagne trouvera son épilogue les 10 et 24 avril 2022.

La NUPES et son ambition gouvernementale

« Jean-Luc Mélenchon est une figure de la gauche radicale française. Il est à la tête d’une alliance qui vise à empêcher Macron de contrôler son gouvernement. » Nous vous proposons la traduction de cet article de Paul Kirby, publié par la BBC, qui récapitule la position de la NUPES et son ambition à ces législatives. Il a été publié sous le titre « Élections en France : qui est Mélenchon et que défend la NUPES ? ».

Ratant de peu la deuxième position lors de l’élection présidentielle d’avril, Jean-Luc Mélenchon s’est donné pour mission de remporter la majorité aux élections législatives françaises. Une façon de devenir Premier ministre et de « bousculer le système ». Cela peut sembler improbable, pourtant sa coalition est au coude à coude dans les sondages avec celle de Monsieur Macron.

Les électeurs sont appelés à voter les 12 et 19 juin, afin d’élire à l’issue des deux tours 577 députés. Pour former un gouvernement majoritaire, le parti en tête a besoin de 289 sièges.

M. Mélenchon a donc formé une alliance de la gauche, la NUPES, rassemblant La France insoumise (sa propre formation politique), les socialistes, les écologistes et les communistes.

« NUPES » signifie « Nouvelle Union Populaire écologique et sociale », et défie le bloc du président Macron nommé « Ensemble ! ».

Le Rassemblement national et sa dirigeante d’extrême droite Marine Le Pen est loin derrière les deux protagonistes en tête dans les sondages, mais devant le groupe de la droite historique.

Du marxisme à l’opposition radicale

Jean-Luc Mélenchon a mis de côté une carrière dans l’enseignement et le journalisme pour la politique de gauche dans les années 1970. Il a brièvement occupé le poste de ministre délégué à l’Enseignement professionnel sous le gouvernement du Premier ministre socialiste Lionel Jospin. Toutefois, au début des années 2000, la désillusion le frappe face à ce qu’il considère comme une dérive du socialisme vers la droite.

Il devient eurodéputé par le biais d’un nouveau parti de gauche en 2009. Mais ce n’est qu’en formant La France insoumise qu’il progresse sur la scène politique, remportant 19,6% des suffrages à l’élection présidentielle de 2017.

Il fait mieux lors de l’élection présidentielle d’avril 2022, obtenant 21,95% des voix en attirant une large part des électeurs de gauche et en battant de peu Marine Le Pen, sa rivale d’extrême droite, pour l’accès au second tour face à Macron.

Dans la foulée, il annonce son intention de diriger le gouvernement et adopte le slogan « Mélenchon Premier ministre ». De son côté, Macron insiste que c’est à lui que revient le droit de nommer son Premier ministre : « Aucun parti politique ne peut imposer un nom au Président ».

Ce que réclame la NUPES

Pendant la présidence Macron, le leader d’extrême gauche s’est opposé à sa politique et a soutenu la mobilisation des gilets jaunes contre les inégalités économiques, tirant le meilleur parti des 17 députés de son parti à l’Assemblée nationale. Il a dû repousser quelques critiques vis-à-vis de sa position favorable à la sortie de l’OTAN, une question sur laquelle ses nouveaux partenaires ne sont pas unanimes.

La NUPES a proposé 650 mesures pour gouverner la France, ainsi que 33 nuances politiques – environ 5 % du programme. Jean-Luc Mélenchon souligne que « l’idée n’est pas d’aboutir à une fusion idéologique ».

En bref, ils réclament :

  • Abaissement de l’âge de départ à la retraite à 60 ans.
  • La hausse du salaire minimum (SMIC) d’environ 15 % à 1 500 € par mois.
  • Le retour de l’ISF, impôt sur la fortune des personnes et des entreprises.
  • Le blocage des prix des produits de première nécessité.

Les partis ont quelques opinions contrastées, par exemple sur l’Union européenne qui est fortement soutenue par les verts et les socialistes, mais moins par les deux autres partis.

Mais ils ont aussi attiré le soutien d’économistes de renom, dont Thomas Piketty, qui loue l’accent mis sur la justice sociale et fiscale. De son côté le think thank libéral iFrap prédit une croissance négative et de l’inflation si ce programme venait à s’appliquer, malgré la création d’un million d’emplois.

Emmanuel Macron n’est pas impressionné par la politique de ce bloc de gauche : « Le programme cite 20 fois le mot ‘taxation’ et 30 fois le mot ‘interdiction’, ce qui vous donne une idée assez précise de l’esprit de leur programme. » [Un commentaire qui masque opportunément les mesures – principalement écologistes – qui se cachent derrière ces termes, NDLR].

Que pourraient-ils réussir ?

S’ils privent le président Macron d’une majorité absolue, c’est déjà une réussite de leur stratégie. Ils ont de fortes chances d’empêcher Ensemble ! d’atteindre le nombre requis de 289 sièges.

Sans majorité, le gouvernement Macron aurait beaucoup plus de mal à faire adopter des textes législatifs sans le soutien de l’opposition.

La coalition centriste d’Emmanuel Macron a remporté 350 sièges après sa première victoire présidentielle en 2017, mais les sondages prédisent cette fois qu’elle pourrait remporter entre 260 et 300 sièges. Un faible taux de participation, probable au premier tour, ajoute à l’incertitude. Mais la NUPES vise plus loin et souhaite obtenir le contrôle du gouvernement, ce qui nécessiterait sa propre majorité absolue. Cela signifierait une cohabitation avec un président issu d’un autre parti, du jamais vu depuis Jacques Chirac en 2002. Un tel succès défierait les pronostiques.

Accéder à l’article original de la BBC

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Marina Mesure

Syndicalisme international

Marina Mesure is a specialist of social issues. She has worked for several years with organizations defending workers’ rights such as the European Federation of Building and Wood Workers.

She has campaigned against child labor with the International Labor Organization, against social dumping and the criminalization of unionism. As a famous figure in the international trade union world, she considers that the principle of “equal work, equal pay « remain revolutionary: between women and men, between posted and domestic workers, between foreigners and nationals ».

Marina Mesure, especialista en asuntos sociales, ha trabajado durante varios años con organizaciones de derechos de los trabajadores como la Federación Europea de Trabajadores de la Construcción y la Madera.

Llevo varias campañas contra el trabajo infantil con la Organización Internacional del Trabajo, contra el dumping social, y la criminalización del sindicalismo. Es una figura reconocida en el mundo sindical internacional. Considera que el principio de « igual trabajo, igual salario » sigue siendo revolucionario: entre mujeres y hombres, entre trabajadores desplazados y domésticos, entre extranjeros y nacionales « .

Spécialiste des questions sociales, Marina Mesure travaille depuis plusieurs années auprès d’organisations de défense des droits des travailleurs comme la Fédération Européenne des travailleurs du Bâtiment et du Bois.

Elle a mené des campagnes contre le travail des enfants avec l’Organisation internationale du travail, contre le dumping social, la criminalisation du syndicalisme. Figure reconnue dans le monde syndical international, elle considère que le principe de « travail égal, salaire égal » est toujours aussi révolutionnaire : entre les femmes et les hommes, entre les travailleurs détachés et domestiques, entre étrangers et nationaux ».

Sophia Chikirou

Directrice de la publication

Sophia Chikirou is the publisher of Le Monde en commun. Columnist, director of a documentary on the lawfare, she also founded several media such as Le Média TV and the web radio Les Jours Heureux.

Communications advisor and political activist, she has worked and campaigned in several countries. From Ecuador to Spain, via the United States, Mexico, Colombia, but also Mauritania, she has intervened with progressive and humanist movements during presidential or legislative campaigns.

In 2007, she published Ma France laïque (La Martinière Editions).

Sophia Chikirou es directora de la publicación de Le Monde en commun. Columnista, directora de un documental sobre el lawfare, también fundó varios medios de comunicación tal como Le Média TV y la radio web Les Jours Heureux.

Asesora de comunicacion y activista política, ha trabajado y realizado campañas en varios países. Desde Ecuador hasta España, pasando por Estados Unidos, México, Colombia, pero también Mauritania, intervino con movimientos progresistas y humanistas durante campañas presidenciales o legislativas.

En 2007, publicó Ma France laïque por Edicion La Martinière.

Sophia Chikirou est directrice de la publication du Monde en commun. Editorialiste, réalisatrice d’un documentaire sur le lawfare, elle a aussi fondé plusieurs médias comme Le Média TV et la web radio Les Jours Heureux.

Conseillère en communication et militante politique, elle a exercé et milité dans plusieurs pays. De l’Equateur à l’Espagne, en passant par les Etats-Unis, le Mexique, la Colombie, mais aussi la Mauritanie, elle est intervenue auprès de mouvements progressistes et humanistes lors de campagnes présidentielles ou législatives.

En 2007, elle publiait Ma France laïque aux éditions La Martinière.

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