La chaîne du néolibéralisme est de nouveau sur le point de se rompre, en Amérique centrale cette fois. Le 28 novembre dernier, le Honduras a massivement voté pour un gouvernement de rupture en élisant Xiomara Castro, première femme présidente de l’histoire du pays. « Féministe, anti-patriarcale, révolutionnaire et inclusive », comme elle se définit elle-même, Castro entend bien mettre fin à l’autoritarisme d’un véritable narco-État qui s’est installé au Honduras depuis 2009 et le coup d’État contre le président Manuel Zelaya.
Dans ce pays miné par la pauvreté et la violence liée au narcotrafic, le programme de Libre, parti de la présidente élue, propose au pays un plan clair : Assemblée nationale constituante pour refonder les institutions, défense des droits humains et de l’environnement, lutte contre les inégalités, la violence et la corruption.
Évidemment, les adversaires de ce programme sont sur le pied de guerre. Une semaine avant l’investiture présidentielle, une crise politique a été déclenchée au sein du Congrès national du Honduras. Tout commence le 20 janvier, lorsque Xiomara Castro convoque une réunion politique visant à définir le candidat à la présidence du Congrès, qui doit naître de l’alliance au parlement entre Libre (parti de Castro) et le Parti Salvador du Honduras (PSH, le parti de l’ex-candidat présidentiel Salvador Nasralla). Fruit d’un accord politique entre les deux partis, le candidat désigné, Luis Redondo, est issu du PSH. Mais 20 parlementaires de Libre refusent de participer à la réunion et d’avaliser le candidat du PSH, Castro dénonçant immédiatement une « trahison ».
Trahison qui se consomme le lendemain au Congrès, lorsque ces mêmes 20 parlementaires ne votent pas pour Redondo mais pour Jorge Cálix, un candidat non-issu de l’accord politique Libre-PSH, avec les voix de 44 parlementaires du Parti national conservateur, 18 du Parti libéral, une du Parti anti-corruption et une autre du Parti de la démocratie chrétienne. Des échauffourées éclatent alors au parlement. Dans la foulée, la présidente élue Xiomara Castro annonce qu’elle n’ira pas prêter serment devant un « président du Congrès né de la trahison », et les parlementaires dissidents sont exclus du parti Libre.
Deux jours plus tard, le 23 janvier, deux sessions parlementaires parallèles se tiennent au même moment à deux endroits différents. La première fait élire Jorge Cálix à la présidence du Congrès, la seconde fait élire Luis Redondo, avec le soutien de la présidente élue Xiomara Castro.
Ces événements ne remettent pour autant pas en cause l’investiture présidentielle de Xiomara Castro, toujours prévue pour le 27 janvier. De nombreuses délégations internationales sont attendues jeudi prochain au Stade National de Tegucigalpa, capitale du pays, pour assister à la cérémonie d’investiture. Y compris les États-Unis seront représentés à haut niveau, par la présence annoncée de la vice-présidente Kamala Harris. Sur invitation de la présidente élue, une délégation de la France insoumise sera également présente. Jean-Luc Mélenchon, qui avait salué la victoire de Xiomara Castro, ne pourra malheureusement pas se rendre sur place pour des raisons d’agenda liées à la campagne présidentielle française.