Participer et être avec nos camarades honduriens qui ont lutté si fort pour vaincre « les deux dictatures », comme nous l’a dit un jeune militant de LIBRE ; la dictature du trafic de drogue et de la corruption, en mettant fin à l’infâme président, le dénommé JOH (Juan Orlando Hernandez), et la deuxième dictature, la dictature financière, qui est celle qu’ils veulent supprimer maintenant ! C’était un devoir de fraternité internationaliste, car nous célébrons partout où notre famille politique arrive avec et pour le peuple à gouverner avec un programme frère de celui de l’Avenir en commun.
Juan Orlando Hernandez, le président qui a réussi en si peu de temps à faire du Honduras le pays le plus pauvre d’Amérique latine, comme l’a déclaré la présidente récemment élue dans son discours d’investiture : « La pauvreté a augmenté pour atteindre 74% et nous sommes devenus le pays le plus pauvre d’Amérique latine », a-t-elle déclaré.
« Mais nous nous sommes éduqués, c’est pourquoi nous avons gagné », nous disent les militants de LIBRE, « il nous a fallu des années pour y arriver mais nous l’avons fait, nous avons eu des milliers de morts, torturés, disparus, arrêtés, mais nous l’avons fait ».
Le peuple hondurien avait déjà été spolié de deux élections présidentielles, il avait été humilié, mais pas anéanti par ces quatorze familles millionnaires qui s’attèlent à voler les richesses du pays, entraînant une pauvreté record, détruisant tous les services publics et bradant tous les biens communs de ses habitants.
L’arrivée au Honduras n’est pas facile en raison des difficultés du trafic aérien en période de Covid et de la fermeture de l’aéroport principal de la capitale, Tegucigalpa, peu avant la victoire de Xiomara Castro. Tout devient donc difficile car tout le voyage est doublé de temps d’attentes, d’escales et de changements d’avion, mais nous sommes heureux d’être ici.
La cérémonie d’investiture présidentielle a été sans aucun doute pour tous ceux qui y ont assisté, une véritable expérience à voir de nos propres yeux. Voir l’exercice direct de la souveraineté populaire, le résultat de la prise du pouvoir par le peuple et par la voie massive des urnes. Sans aucun doute une école vivante d’exercice de la démocratie populaire.
Ce fut une formidable fête populaire. Nous avons été témoins d’un peuple joyeux, digne, très politisé, conscient que les dernières disputes au parlement avec les députés ne pouvaient remettre en cause la prise de pouvoir de Xiomara Castro et leur choix électoral.
Un peuple qui est descendu dans les rues, débordant les multiples avenues de la capitale pour accueillir la caravane qui se dirigeait vers le stade national, transformé en assemblée géante, « le parlement du peuple » ; là, sous un soleil radieux, avec un stade plein, coloré, heureux, chantant, criant des slogans de victoire et saluant sa présidente, concentré pour voir de ses propres yeux se concrétiser ce que le vote populaire a décidé, à savoir faire élire la première femme présidente de l’histoire du Honduras, pays à la longue histoire de lutte pour la défense de son peuple.
Les délégations internationales invitées du monde entier, rassemblées très tôt le matin pour entrer dans le stade, n’arrivaient pas à se convaincre de ce qui se passait dans le lieu où le peuple rencontrait sa présidente. Nous avons constaté en discutant avec les participants que beaucoup étaient venus de tout le pays, par tous les moyens de transport possibles depuis la veille, que beaucoup avaient dormi toute la nuit à l’extérieur du stade, pour obtenir une place, en attendant que les portes s’ouvrent pour que nous puissions tous célébrer ensemble ce jour historique.
« Ils étaient des milliers, nous sommes des millions » ; ils nous racontaient avec toute leur fierté la différence de cette investiture avec les cérémonies précédentes de prise de pouvoir, durant lesquelles le président précédent forçait les fonctionnaires à assister à l’inauguration présidentielle sous la menace de perdre leur emploi. D’autres étaient payés cinquante lempiras (deux dollars) pour assister à la cérémonie, ou recevaient « un pain avec de la moutarde » comme récompense. Jusqu’aux forces armées, habillées en civil, utilisées pour simuler un prétendu soutien populaire.
C’est sous la forme de vingt bonnes nouvelles que Xiomara s’est adressé au peuple hondurien dans son discours, annonçant les vingt premières mesures que son gouvernement prendra en urgence.
Une de celles-ci a trait au réseau électrique national. La présidente commence par dénoncer « la destruction de l’ENEE (entreprise nationale d’électricité), qui est une tache laissée par la dictature et un trou fiscal aux dimensions insurmontables à court terme ». « Un problème qui va bien au-delà de l’énergie, poursuit-elle, c’est un problème social et économique qui encourage potentiellement la migration. »
Elle a finalement ordonné, malgré la crise de la compagnie nationale d’électricité, que plus d’un million de familles vivant dans la pauvreté et consommant moins de 150KW par mois, ne paient plus leurs factures d’énergie à partir de jeudi.
Entre son discours et l’ovation du public, lorsqu’elle a reçu le drapeau hondurien et a prêté serment en tant que première femme présidente du Honduras, elle et tous les nouveaux ministres ont prêté serment devant le peuple, qui est devenu le témoin de ce qu’il a approuvé par un vote populaire massif.
Dès la fin de l’acte d’investiture, tout n’a été qu’embrassades, joie et bonheur tout au long de la journée. Alors que les gens faisaient la fête dans les rues, tout était musique, les quartiers se transformaient en carnavals avec différents groupes de musique, un mélange de toutes les ressources musicales du peuple, plein d’espoir et de joie pour la nouvelle période qui s’ouvre au Honduras.
Nous avons donc été chaleureusement accueillis dans cette ambiance festive, invités à la maison présidentielle, aujourd’hui, la maison du peuple, pour rencontrer et saluer la nouvelle présidente.
Nous avons transmis à la nouvelle présidente du Honduras, Xiomara Castro, les salutations et l’affection de Jean-Luc Mélenchon et du peuple français insoumis, en lui souhaitant le meilleur pour le mandat qu’elle entame maintenant. La nouvelle présidente espère également voir la victoire du candidat Mélenchon en France.
De bonnes relations qui seront sans doute, demain, consolidées et renforcées pour un avenir en commun.